CEVA : et si le crédit additionnel était refusé ?

Et j'entendrai (malgré tout) siffler le train...
Le CEVA c'est une vieille histoire : celle de l'incapacité de Genève à boucler son réseau ferroviaire. La nécessité de ce bouclage, et de la liaison que propose le CEVA, est reconnue depuis 1876 et a fait l'objet d'une convention qui fêtera son siècle d'existence en 2012. Deux guerres mondiales et trois crises économiques plus loin, on en est toujours à se demander si on va pouvoir prendre à Cornavin le train d'Annemasse, et à Annemasse le train pour Cornavin. Dimanche, on vote. Pas sur le principe du CEVA mais sur un crédit additionnel de 115 millions, représentant moins d'un douzième du coût total d'un projet qui coûtera trois fois moins que la traversée routière du Petit Lac, le fétiche de la droite (et des opposants au CEVA)... Du coup, une question insidieuse nous taraude : puisque le CEVA est considéré comme fondamental par une écrasante majorité des forces politiques et sociales de la République et des collectivités publiques circonvoisines, qu'on a a tout en main pour le réaliser, les terrains, la volonté politique, l'essentiel du financement, le soutien des partenaires français et de la Confédération, et qu'on ne vote pas sur le CEVA lui-même mais sur une petite partie de son financement, pourquoi ne le réaliserait-on pas de toute façon ? Que finance donc, dont on ne pourrait se passer, le crédit additionnel soumis au vote populaire ce dimanche ? Les boules Quies des riverains de la future gare Champel-Hôpital ?

Vade retro, SatAnnemasse...
Ce dont la région a besoin, c'est d'un réseau ferroviaire pénétrant et traversant l'ensemble de l'agglomération : c'est ce que le CEVA, puis le RER, permettront -et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle les Français sont prêts à financer le CEVA, et seulement le CEVA, puisqu'il permet la mise en connexion des réseaux ferroviaires suisses et français. Face à ce projet prêt à être réalisé, il n'y a pas de " plan B ", mais seulement un " plan C " : " C " comme " Champel ", " Chez nous " et " Croisez au large ", un " plan " dont la seule fonction est de repousser aux calendes grecques la réalisation d'un RER dans la seule " grande " ville suisse qui en est dépourvu. Et de préserver de la racaille voisine un parc à bourges pourtant déjà mis à mal par l'infiltration continue de la plèbe... Bien plus qu'un réseau transfrontalier, le CEVA est un réseau régional. Le réseau d'une région certes traversée par une frontière, mais que cette frontière et son franchissement, ne définissent pas seules. Les principaux bénéficiaires du CEVA seront d'ailleurs les Genevois et les Vaudois : plus de 80 % de ses utilisateurs seront des Suisses, se rendant de Suisse en Suisse, et plus précisément encore de Genève à Genève -de Versoix au Bachet, de Chêne-Bourg à Lancy, de Meyrin à Champel... même en restreignant Genève à ses frontières cantonales quand la réalité les a déjà faites exploser, le CEVA est un réseau essentiellement " genevois ". Il l'est évidemment plus essentiellement encore si on consent à admettre qu'Annemasse et Ferney sont des villes " genevoises ", même si une frontière les sépare du canton de Genève. Le couloir CEVA Cornavin-Annemasse a une densité de population et d'emplois moitié plus forte que celle de la plus dense des zones accueillant le RER zurichois, où sur certaines " pénétrantes " de la ville plus de 70 % des pendulaires prennent désormais le rail plutôt que la route, et le train plutôt que la bagnole... Mais allez faire comprendre cela au mouvement indigéniste de Champel, pour qui dès qu'on a dépassé le Muséum, on est entré en Barbarie, aux milieux financiers pour qui une liaison directe avec Wall Street importe plus qu'un train pour Annemasse, ou aux fétichistes de la bagnole, pour qui tout développement des transports publics tient du satanisme...

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