Modeste contribution au " discours de Saint-Pierre "

Le gouvernement genevois a prêté serment. A quel taux ?

Illustres syndics et syndiques de la parvulissime république,
Il n'est guère de coutume qu'un obscur citoyen, pire : un modeste natif de notre République, s'autorisât de faire entendre sa grêle petite voix avant votre prône ministériel de Saint-Pierre, sans même attendre que, tout engoncés et engoncées de fierté post-électorale, vous ayez prêté le serment que vous devez à nos institutions. Mais l'occasion fait le (bon) larron, et nous n'y pouvions résister longtemps. Ainsi, glorieux élus, chanceuses élues, vous mîtes trois semaines et sept séances à vous répartir les tâches, à soupeser, dépecer, déplacer, coller et recoller entre vous services, enjeux et responsabilités. Frêles humains et humaines que vous êtes, vous ne pouviez certes comme l'Autre créer (ou recréer) en six jours le monde politique genevois et vous en reposer le septième jour, mais vous auriez néanmoins pu vous abstenir d'en mettre dix-huit pour reprendre de Saint Michel Audiard le mot d'ordre : " dispersons façon puzzle ! "...

Peinture politique à la dispersion
Illustres syndics et syndiques, vous voilà en charge de quelques unes nos affaires collectives pendant quatre ans, mais vous nous semblez toutefois à cette heure plutôt épiciers et épicières que ministres. Les cinq d'entre vous qui hantiez déjà la Tour Baudet y ont gardé leurs aises, ne laissant guère aux deux donzelles que des restes à se partager. La baronne de Thônex a " voulu reprendre la police ", a affirmé votre doyen… mais avait-elle le choix ? aucun d'entre vous n'en voulait... " Personne n'est ressorti insatisfait de cette répartition " des ministère, a encore affirmé frère Pierre-François, tandis qu'à gauche, le révérend Longet observait que " pour bouger d'un millimètre, Michèle Künzler devra chaque fois demander l'autorisation de ses collègues de droite ". Certes, mais ses collègues n'ayant précisément aucune envie de la voir bouger, peut-être était-ce le but de l'exercice. Théoriquement en charge des transports, la reine des abeilles ne le sera ni de l'environnement, ni de l'aménagement, ni de la politique régionale. Vous avez bien dispersé Messeigneurs : l'enjeu régional, grand enjeu politique des décennies à venir ? Trois département vont se marcher sur les pieds pour le relever… Le " développement durable " le hochet de ce début de siècle climatiquement réchauffé ? Explosé dans quatre de vos sept dicastères... Mais ne soyons pas injustes : vous avez tout de même pris deux décisions dont l'importance et l'urgence auraient dû nous sauter aux yeux comme un minaret aux yeux d'un UDC valaisan : D'abord, le Département des Institutions devient celui de la Sécurité et de la Police et la Justice disparaît de l'intitulé du ministère. Zavatta pourra se croire à la fois Procureur Général et Garde des Sceaux. Ensuite, le prince Charles hérite des sports. Bonne idée : si jamais le Honduras, comme nous prions les dieux du stade pour que cela soit, vire la Suisse du Mondial de foot de l'année prochaine ce seront deux socialistes, Charles et Manu, réconciliés dans l'affliction, que les gazettes locales inviteront à prononcer quelques fortes paroles contristées. Brisons-là : Bon discours de Saint-Pierre, Illustres Seigneurs et Seignoresses ! Et puissiez-vous consacrer un peu du temps que vous ont donné les citoyennes et les citoyens de notre République pour commencer à rassembler en quatre ans un peu de ce que vous avez dispersé en quelques jours…

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