Salaire minimum : le gouvernement genevois n'en veut pas
Vivre de son travail ou de l'aide sociale ?
On y a peu prêté attention, noyée qu'était cette position noyé dans le fatras habituel des lieux communs du " discours de Saint-Pierre ", mais le nouveau gouvernement genevois a pris position sur, c'est-à-dire contre, le salaire minimum et son président d'un an, le radical François Longchamp, a annoncé : contre les bas salaires et les bas revenus (merci tout de même de reconnaître qu'il y en a), " nous agirons non pas par l'introduction d'un salaire minimal, qui ne tiendrait pas compte des charges de chaque foyer, mais par des prestations complémentaires adaptées ", qui permettront aux employeurs de continuer à verser des salaires inférieurs au minimum social, l'Etat, charitable, se chargeant du complément -et donc de subventionner les employeurs versant des bas salaires. Et comme dans le même discours, le même président d'un an du même gouvernement a assuré que ses sept membres (socialiste et verts compris, donc) allaient respecter " la collégialité qui seule garantit la démocratie de concordance ", on risque bien de ne pas entendre de petite voix de gauche disant autre chose que ce que la droite a envie de faire entendre. Reste que si le discours de Saint-Frusquin évoque la question du salaire minimum, c'est bien que cette question est enfin clairement posée en Suisse, agenda politique à la clef. Et que c'est une bonne question. La preuve : elle fâche…
Les moyens de vivre
Les syndicats ont longtemps été opposés au salaire minimum légal, en estimant que la fixation du salaire devait rester de la compétence des " partenaires sociaux ", mais les choses changent : l'Assemblée des délégués d'Unia a adopté, comme le PSS, le principe du lancement d'une initiative populaire fédérale. Un salaire minimum fixé aux deux tiers du salaire médian, comme l'envisagent Unia et le PS, atteindrait 3745 francs au plan national, ou 4191 francs au plan cantonal genevois, selon que l'on se réfère à la médiane nationale ou à la médiane cantonale. Parallèlement, la Jeunesse Socialiste a lancé, avec le soutien du PS, une initiative pour la réduction de l'écart salarial à douze, nul ne devant gagner en un mois plus qu'un autre en un an. Une salariée sur cinq et un salarié sur quinze recevaient en 2008 en Suisse un salaire inférieur à 3500 francs par mois pour un travail à plein temps. Près de 60 % des emplois dans les services domestiques, 50 % des emplois dans l'agriculture et le nettoyage, 40 % des emplois dans l'hôtellerie et la restauration, sont rémunérés par ces très bas salaires. Plus de 200'000 travailleurs reçoivent un salaire inférieur au seuil de pauvreté -il s'agit surtout de femmes, de jeunes et d'immigrants. Pour le patronat, la question du salaire doit être réglée par les conventions collectives. Encore faut-il qu'il y ait convention collective, et que la convention, quand elle existe, prévoie un salaire minimum. Or la majorité des salariés suisses, et la moitié des salariés genevois, ne bénéficient pas d'une convention collective de travail, des conventions collectives aussi importantes que celle de l'industrie des machines ne prévoient aucun salaire minimum, et des secteurs aussi importants que les assurances, l'informatique ou le tourisme, sont carrément sans conventions collectives nationales. Un salaire minimum légal, en augmentant les plus bas salaires et en compensant les faiblesses conventionnelles, limiterait donc les possibilités de sous-enchère salariale. Cependant, comme par définition un salaire minimum légal ne s'applique qu'aux salariés (et aux salariés légaux), l'instauration d'un salaire minimum n'est qu'un premier pas, qui devra être suivi pour jouer pleinement le rôle qu'on en attend, de l'instauration d'un revenu minimum inconditionnel et universel, couvrant les besoins sociaux essentiels.
On y a peu prêté attention, noyée qu'était cette position noyé dans le fatras habituel des lieux communs du " discours de Saint-Pierre ", mais le nouveau gouvernement genevois a pris position sur, c'est-à-dire contre, le salaire minimum et son président d'un an, le radical François Longchamp, a annoncé : contre les bas salaires et les bas revenus (merci tout de même de reconnaître qu'il y en a), " nous agirons non pas par l'introduction d'un salaire minimal, qui ne tiendrait pas compte des charges de chaque foyer, mais par des prestations complémentaires adaptées ", qui permettront aux employeurs de continuer à verser des salaires inférieurs au minimum social, l'Etat, charitable, se chargeant du complément -et donc de subventionner les employeurs versant des bas salaires. Et comme dans le même discours, le même président d'un an du même gouvernement a assuré que ses sept membres (socialiste et verts compris, donc) allaient respecter " la collégialité qui seule garantit la démocratie de concordance ", on risque bien de ne pas entendre de petite voix de gauche disant autre chose que ce que la droite a envie de faire entendre. Reste que si le discours de Saint-Frusquin évoque la question du salaire minimum, c'est bien que cette question est enfin clairement posée en Suisse, agenda politique à la clef. Et que c'est une bonne question. La preuve : elle fâche…
Les moyens de vivre
Les syndicats ont longtemps été opposés au salaire minimum légal, en estimant que la fixation du salaire devait rester de la compétence des " partenaires sociaux ", mais les choses changent : l'Assemblée des délégués d'Unia a adopté, comme le PSS, le principe du lancement d'une initiative populaire fédérale. Un salaire minimum fixé aux deux tiers du salaire médian, comme l'envisagent Unia et le PS, atteindrait 3745 francs au plan national, ou 4191 francs au plan cantonal genevois, selon que l'on se réfère à la médiane nationale ou à la médiane cantonale. Parallèlement, la Jeunesse Socialiste a lancé, avec le soutien du PS, une initiative pour la réduction de l'écart salarial à douze, nul ne devant gagner en un mois plus qu'un autre en un an. Une salariée sur cinq et un salarié sur quinze recevaient en 2008 en Suisse un salaire inférieur à 3500 francs par mois pour un travail à plein temps. Près de 60 % des emplois dans les services domestiques, 50 % des emplois dans l'agriculture et le nettoyage, 40 % des emplois dans l'hôtellerie et la restauration, sont rémunérés par ces très bas salaires. Plus de 200'000 travailleurs reçoivent un salaire inférieur au seuil de pauvreté -il s'agit surtout de femmes, de jeunes et d'immigrants. Pour le patronat, la question du salaire doit être réglée par les conventions collectives. Encore faut-il qu'il y ait convention collective, et que la convention, quand elle existe, prévoie un salaire minimum. Or la majorité des salariés suisses, et la moitié des salariés genevois, ne bénéficient pas d'une convention collective de travail, des conventions collectives aussi importantes que celle de l'industrie des machines ne prévoient aucun salaire minimum, et des secteurs aussi importants que les assurances, l'informatique ou le tourisme, sont carrément sans conventions collectives nationales. Un salaire minimum légal, en augmentant les plus bas salaires et en compensant les faiblesses conventionnelles, limiterait donc les possibilités de sous-enchère salariale. Cependant, comme par définition un salaire minimum légal ne s'applique qu'aux salariés (et aux salariés légaux), l'instauration d'un salaire minimum n'est qu'un premier pas, qui devra être suivi pour jouer pleinement le rôle qu'on en attend, de l'instauration d'un revenu minimum inconditionnel et universel, couvrant les besoins sociaux essentiels.
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