Fonds de tiroir

L'ancien juge fédéral Claude Rouiller a rendu son rapport (il avait été mandaté par le Conseil d'Etat après que deux autres « rapporteurs » choisis par le Conseiller d'Etat Philippe Leuba aient été dessaisis, pour leur manque d'indépendance) sur les circonstances et les causes de la mort de Skander Vogt, asphyxié dans sa cellule de Bochuz pendant que les surveillants attendaient d'avoir l'autorisation d'ouvrir la porte pour le sauver. Un rapport accablant pour le système pénitentiaire vaudois : dysfonctionnements, déshumanisation des quartiers de haute sécurité, manque de personnel, peur du licenciement, surveillants se retranchant «comme des robots derrière une consigne sécuritaire», « directives mal comprises »... sitôt le rapport rendu public, un fusible (un seul) a sauté : la directrice du service pénitentiaire a été démissionnée (mais pas le directeur de Bochuz). «Elle n'a ni les qualités ni l'autorité requises pour mener à bien les réformes » profondes promises par le Conseiller d'Etat Philippe Leuba, chef du département de tutelle, qui, lui, se les accorde apparemment, ces qualités et cette autorité. Sans trop s'interroger sur le fait qu'il ait fallu, et qu'il faille toujours, la mort d'un détenu pour qu'on consente à s'interroger sur la réalité de la vie en prison... Skander Vogt avait été présenté par Philippe Leuba comme le plus dangereux des détenus vaudois : il s'avère que c'était un mensonge, qu'il n'avait jamais attaqué ni un gardien, ni un autre détenu. « Personne ne doit mourir à cause d'une consigne », estime Claude Rouiller. Mais Skander Vogt en est tout de même mort. Et Leuba est toujours Conseiller d'Etat.

On a retrouvé avec un attendrissement certain une vieille page du canard patronal « Entreprise romande » du 12 juin 2009. Une pleine page couleur de pub tonitruante pour une pétition assez désopilante : «14'000 logements à Praille-Acacias-Vernets. maintenant ! ». Il y a plus d'un an, donc. Le truc, qui demandait au Conseil d'Etat de « considérer la construction de 14'000 logements dans le quartier Praille-Acacias-Vernets comme une priorité majeure», avait été lancé par un comité bidon issu des milieux immobiliers : le « Comité Urgence Logements ». Et on s'inquiète : on n'a plus de nouvelles ni de cette mirifique pétition, ni de ses initiateurs. Quelqu'un peut-il nous dire ce qu'elle et ils sont devenus ?

Le « Nouvelliste » valaisan, racheté par le groupe Hersant, était menacé d'un virage à gauche (ben oui, quoi, un quotidien d'extrême-droite qui passe sous la coupe d'un groupe de droite, forcément, il se gauchit, non ?), mais un groupe de veilleurs va veiller à ce que la gazette des alpages reste sur sa ligne. Le groupe en question (un « comité éditorial » chargé de garantir la «continuité de la ligne éditoriale ») sera présidé par Jean-Marie Fournier, exploitant touristique et patron de remontées mécaniques (ça, c'est pour s'assurer que les maquereaux des cimes blanches continueront à maquereauter en paix sur les pentes des cimes blanches) et comprendra notamment Uli Windisch (sociologue tribaliste bien connu) et le préfet du district d'Entremont (le district le plus réac du plus réac des cantons romands). Ouf ! la paix des paroisses et des alpages est sauvegardée. On a eu peur.

Le trafic des êtres humains est une activité criminelle connaissant « l'une des croissances les plus rapides » dans le monde, selon un rapport présenté fin mars par la rapporteuse spéciale de l'ONU sur le sujet devant le Conseil des droits de l'homme. Dans son rapport, Joy Ngozi Ezeilo estime à 2,5 millions le nombre de personnes victimes de ce «commerce global». Le trafic affecte «quasiment tous les pays du globe, qu'ils soient pays source, de transit ou de destination » des personnes qui en sont victimes. La juriste nigériane, citant des estimations du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), estime à 1,2 million le nombre d'enfants faisant chaque année l'objet de trafic d'un pays à un autre ou à l'intérieur d'un même pays. « Du point de vue économique, le trafic des êtres humains est devenu un commerce global, rapportant d'énormes profits aux trafiquants et au crime organisé », relève Mme Ngozi Ezeilo, selon laquelle le phénomène est « régi par les mêmes forces régissant la globalisation des marchés ». « Il n'y a manque, ni en matière de demande, ni en matière d'offre », explique-t-elle. La majorité des victimes du trafic international sont des femmes et des enfants de bas niveau socio-économique et l'essentiel du trafic se fait des pays en développement vers les pays plus riches.

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