Perou : syndicats et mouvements populaires contre une multinationale suisse

Glencore à corps

Du nord au sud du Pérou s'étend une « ceinture minière » où des entreprises étrangères ayant acquis, la corruption aidant, de vastes concessions d'extraction, rasent des montagnes et truffent le sous-sol de galerie d'où elles sortent de l'or, du zinc, du cuivre, de l'étain, de l'argent, du fer, du plomb -tous métaux dont elles font commerce, accumulant les profits pendant qu'autour de leurs mines la pauvreté sévit : dans les neuf provinces mises en coupe réglée par les multinationales, elle atteint entre 50 et 60 % de la population. La richesse tirée des métaux extraits du Pérou est exportée -la pauvreté, elle, reste sur place. D'entre les multinationale à qui le gouvernement péruvien a bradé les richesses du Pérou, et qui recourent à la calomnie, à la violence et aux licenciements collectifs comme à des pratiques habituelles, une multinationale suisse, Glencore, et une société dont elle est la principale actionnaire, Xstrata. Glencore, conglomérat d'entreprises présentes dans le monde entier, est basée à Zoug (certainement pour la joliesse du lac). Son chiffre d'affaire a dépassé les 106 milliards (on a bien dit « milliards »...) de dollars en 2009, pour un bénéfice de plus de 2,7 milliards. En face, les mouvements sociaux locaux tentent de s'organiser. Ils ont besoin de notre soutien :
Solifonds www.solifonds.ch Compte de chèques 80-7761-7

Silence, on exploite !

Lorsque les prix des matières premières qu'elle extrait et exporte du Perou ont chuté, Glencore a immédiatement fermé deux de ses mines, licencié tous les ouvriers et refusé toute négociation avec les syndicats. Là où les mines sont restées en fonction, c'est la pollution des eaux et les maladies qui sont les premiers cadeaux de Glencore aux Péruviennes et aux Péruviens. A Tambogrande, dans le nord, 95 % de habitants ont refusé l'extension de la mine locale. Plus au sud, à Cajamarca, ils s'opposent à la plus grande mine d'or à ciel ouvert d'Amérique latine... Que demandent les mouvements sociaux péruviens (comme leurs homologues, ailleurs) : que les multinationales assument au moins leurs responsabilités sociales et environnementales, qu'elles fassent du « développement durable » autre chose qu'un argument publicitaire pour actionnaires à la recherche d'une bonne conscience écologique à moindre frais, que les collectivités locales puisse se défendre et défendre leurs populations contre la double réalité de l'empoisonnement de leur environnement et de pratiques patronales féodales, que cessent les appropriations illégales de terres, la surexploitation des ouvriers, la répression des activités syndicales. Cette lutte, la population et les travailleurs la mènent contre les multinationales, mais aussi contre leur propre gouvernement, que Solifonds décrit fort justement comme « aussi corrompu qu'empressé auprès des multinationales ». Pour mener cette lutte, les mouvements sociaux et les syndicats péruviens ont créé, à l'initiative de la Centrale nationale des femmes de mineurs (CNMM), un réseau d'organisation qui a besoin d'un soutien matériel pour faire un peu vaciller la puissance des nouveaux conquistadores -les entreprises comme Glencore, précisément. Ces initiatives de la société civile, les réseaux dont elle se dote, les organisations qui, avec d'infiniment faibles moyens, tentent de défendre les droits les plus élémentaires des populations locales, sont, dans un pays comme le Perou, le seul contrepoids, la seule résistance réelle au pillage du pays, à la corruption de ses dirigeants, au silence qui recouvre et l'un, et l'autre. Parce que l'une des multinationales qui profite de ce silence et de cette corruption pour pratiquer ce piullage, Glencore, est basée en Suisse, l'opinion publique suisse a une responsabilité particulière à l'égard de ses victimes, et notamment de ses victimes péruviennes. Le SOLIFONDS lance une action de soutien, qui a besoin du nôtre, de soutien, aux organisations sociales péruviennes :
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