Fonds de tiroir

En avalisant la grille horaire du Cycle d'Orientation, qui s'apppliquera dès la rentrée 2011, le Conseil d'Etat a échangé une langue contre une autre : il a balancé aux oubliettes l'heure de langue et de culture latines proposées pour tous les élèves de la première année du CO, et a raboté deux heures dans les années suivantes pour faire place à un enseignement accru des sciences et des langues « vivantes« », dont le Schwyzertütsch. L'initiation au Hornuss et à la lutte au caleçon, c'est pour l'année prochaine. Pour la FAMCO, la suppression de l'heure de langue et culture latines est une erreur, d'autant qu'elle avait été présentée comme un élément fondamental de la nouvelle loi sur le CO, et qu'elle aurait permis une ouverture vers l'enseignement de l'héritage culturel, et facilité l'apprentissage du français (et de toutes les autres langues latines), en facilitant la compréhension de son histoire, et de la signification de ses mots. Mais qui a besoin de comprendre d'où vient ce qu'il dit, aujourd'hui ? C'est pas rentable, la compréhension. Pas immédiatement capitalisable. Pas consommable, pas vraiment mercantilisable. ça permet pas de consommer. C'est pas comme l'anglo-américain basique. Bon le Schwyzertütsch, c'est pas non plus d'une utilité éclatante, mais là, son introduction n'a pas de fonction pragmatique, empirique, rationnelle : c'est un sacrifice à l'air identitaire du temps. O tempora, o mores...

La « Tribune de Genève » nous l'apprend, ce vendredi : l'UDC songe à lancer une initiative contre « l'afflux d'étudiants d'étrangers » dans les universités suisses. C'est vrai que ça manquait au tableau, une initiative de ce genre. Et que ça complète heureusement le discours udéciste : y'a trop d'étrangers partout. Trop d'étrangers dans les prisons. Trop d'étrangers dans les universités. Trop d'étrangers dans les entreprises. Trop d'étrangers dans les hôpitaux. Trop d'étrangers à l'AI. Et surtout, trop d'étrangers à l'étranger. Même que c'en est plein, d'étrangers, à l'étranger. A quelques Suisses expatriés près, y'a même que ça, des étrangers, à l'étranger. Il nous faut d'urgence une bonne initiative populaire pour expulser les étrangers de l'étranger. Pour qu'on y soit enfin comme chez nous. Entre nous.

L'église cathjolique neuchâteloise annonce qu'elle envisage de faire à nouveau payer ses services pour les baptêmes, les mariages et les obsèques, pour compenser la perte financière que lui cause l'abandon par la multinationale tabagique Philip Morris de sa contribution écclésiastique. Les mariages payants ? Bah, pourquoi pas, tant que l'adultère reste gratuit...

On apprend par le rapport pondu sur l'« affaire Kadhafi » par la commission de gestion du Conseil des Etats que l'attaché militaire suisse à Tripoli, un certain Jack Rohner, avait proposé d'acheter des jet-skis pour faire sortir les otages suisses en Libye des eaux territoriales kadhafistes et les faire ensuite embarquer sur un avion privé, mais que ce plan lumineux a échoué faute de jet ski disponible à Tripoli. Ils ont eu du pot, les otages, que l'attaché militaire suisse à Tripoli ne se mette pas en quête de chameaux sachant nager pour faire la traversée vers Lampedusa...

Le président de l'UDC, Toni Brunner, a demandé à Christopher Blocher de rejoindre le groupe de travail que la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga veut mettre sur pied pour trouver le moyen de mettre en oeuvre l'initiative sur le renvoi des criminels étrangers, malgré son incompatibilité avec les conventions internationales signées par la Suisse. C'est une bonne idée d'engager des pyromanes comme pompiers : plutôt que d'engager Robert Cramer pour le conseiller en matière de politique transfrontalière, c'est à Eric Stauffer que Mark Muller aurait du faire appel.

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