Fonds de tiroir

Notre ministre cantonal des Finances, David Hiler, est inquiet : le canton a perdu 150 millions en quelques mois (augmentation de la contribution genevoise à la péréquation intercantonale, augmentation de la charge financière de l'aide sociale du fait du changement de la loi sur le chômage, surcoût du financement des hôpitaux dû à la révision de la loi sur l'assurance-maladie, réduction des versements de la Banque Nationale du fait des pertes provoquées par la montée du Franc par rapport à l'Euro...) et le budget 2012 risque d'être déficitaire; or une loi imbécile interdit au Conseil d'Etat de présenter deux fois de suite un budget déficitaire, sauf dérogation votée par une majorité qualifiée d'un parlement dominé par une droite qui ne veut pas de budget déficitaire... Le Conseil d'Etat pourrait certes proposer au bon peuple de choisir entre une hausse d'impôts et une baisse des prestations, mais entre la droite qui ne veut pas de la première et la gauche qui refuse la seconde, il est un peu coincé, le Conseil d'Etat... Mais est-ce que, par hypothèse, il ne se serait pas un peu coincé lui-même, en soutenant ces dernières années, une réduction des impôts directs aboutissant à une réduction des rentrées fiscales au moins deux fois plus importante que ce que le canton a perdu ces derniers temps ? L'arroseur arrosé, quoi...

La Ville de Genève soigne son personnel avec de vieilles recettes paternalistes : des primes et des indemnités incohérentes, inégalitaires, parfois arbitraires, accumulées pendant des dizaines d'années jusqu'à former un écheveau invraisemblable de 9 primes, 46 débours et 113 indemnités versées, pour un total 16,7 millions, à plus de 70 % des employés de la Ville. On le savait, mais la Cour des Comptes vient de le confirmer en détail (en soulignant l'absence de fraude) dans un rapport dont le Conseil administratif approuve les conclusions et les recommandations. Et que le Conseil municipal devrait lui aussi approuver, puisqu'il demande depuis dix ans la révision de ce système foutraque, sans réglementation digne de ce nom ou avec des réglementations contradictoires entre elles, des indemnités accordées pour les tâches normales des gens à qui elles sont accordées (dans ce cas, elles devraient être intégrées au salaire), comme une indemnité d'élagage pour les élagueurs ou de fossoiement pour les fossoyeurs (qui par ailleurs ont droit à des indemnités d'exhumation dont le montant croît avec l'ancienneté du cadavre), ou versées même si on n'a pas effectué les tâches auxquelles elles sont liées. L'intégration des indemnités au salaire par une augmentation générale de celui-ci est une vieille revendication syndicale. Sandrine Salerno en convient en admettant le principe de l'intégration des primes au salaire fixe, surtout quand il s'agit de primes du genre indemnités d'élagage versées aux élagueurs... Ben nous v'là gouvernementaux, maintenant ? Ouais, bon, c'est encore l'été, on est encore presque en vacances. Ou alors on a des trucs à se faire pardonner...

A Carouge, l'unique conseiller municipal MCG refuse de siéger là où le Bureau du Conseil Municipal l'a placé, à côté de l'UDC (qui n'en veut pas non plus comme voisin) et exige de pouvoir se placer au centre, entre les Verts et les démo-chrétiens, puisqu'il se prétend « ni de gauche, ni de droite ». Le Conseil Municipal a refusé ce déménagement. En Ville, le MCG n'était pas non plus content de devoir siéger à l'extrême-droite et réclamait aussi de pouvoir siéger au centre, lequel centre n'en voulait pas plus qu'à Carouge. On pourrait pas faire siéger le MCG directement à la buvette ou dans la salle des pas-perdus ?

Comme le dit, admiratif (mais c'était avant qu'elle lourde le directeur de l'Office des Migrations), le « Matin Dimanche » du 3 juillet : "Simonetta Sommaruga n'a pas traîné". Ah ben oui, ça sert à quelque chose, de coller une socialo à la tête du Département fédéral de Justice et Police : pour serrer la vis aux réfugiés, elle est plus efficace que Blocher. Le 26 juin, arguant d'une aggravation des tensions dans les foyers de requérants d'asile (que sur le terrain, les associations, pas plus que les polices genevoises et vaudoises, ne constataient que la persistance des tensions inhérentes à la mise ensemble de jeunes hommes exilés, célibataires et inactifs), elle appelait à plus de sévérité à l'encontre des requérants. Une semaine plus tard, le Centre d'enregistrement et de procédure de Chiasso testait une nouvelle brimade : l'allocation journalière, misérable (trois francs) accordée aux requérants ne leur sera plus distribuée en argent liquide, mais sous forme de bons, valables dans un kiosque ne vendant pas d'alcool. Les kiosquiers se frottent les mains, y'a pas de petit profit. Et ce système, qui rappelle la manière dont étaient payés les ouvriers perçant le premier tunnel du Gotthard au XIXe siècle (ça avait suscité une grève), pourrait être généralisé à tous les autres centres. La prochaine étape, c'est quoi : le costume rayé, le boulet, et l'interdiction de manger autre chose que ce l'on a soi-même ramassé les poubelles des magasins autour du centre ?

En juin 2010, juste après la décision de construire une nouvelle prison de 200 places, 27 détenus avaient adressé une pétition à la Commission des Visiteurs du Grand Conseil, réclamant la création d'une cellule aménagée pour qu'ils puissent avoir des relations intimes avec leurs conjoints. Réponse du directeur de la prison, Constantin Franziskakis : un tel projet est inutile, les détenus du Champ-Dollon n'y restent en moyenne que deux mois. Ouais, mais deux mois à se branler, c'est long... Et puis, certains détenus restent à Champ-Dollon bien plus longtemps. Quant à la députée socialiste, membre de la Commission des visiteurs, Loly Bolay, elle énumère les choses les plus urgentes à faire à Champ-Dollon : de « vrais parloirs pour les familles », plus de places en ateliers, en cuisine et dans les lieux de culte. De culte, pas de cul. Car « les lieux de culte sont trop étroits ». C'est beau comme du Gide.

La Municipalité (de gauche) de Lausanne a fait détruire le 25 juillet à la pelleteuse des jardins familiaux occupés par des Rroms. Explication du Municipal (POP) en charge de la police : des fouilles archéologiques doivent débuter sur place en août, et on veut prévenir la formation d'un « camp rom ». On espère que les fouilles archéologiques permettront de retrouver des vestiges d'une politique (et d'un discours) de gauche.

Des munitions suisses se sont retrouvées dans les mains des rebelles libyens, antikadhafistes, à qui la Suisse n'avait pourtant rien livré de tel... mais comment cela est-il possible, s'interroge le passant qui passe ? Ben c'est simple : ces munitions ont été vendues au Qatar par RUAG (une entreprise publique d'armement), avec l'autorisation des zautorités suisses sous réserve de l'interdiction de les réexporter. Interdiction sur laquelle les zautorités quataries se sont doucement assises. Ce qui confirme ce qu'on savait déjà : quand on autorise l'exportation d'armes ou de munitions ou de matériel de guerre, on a beau mettre toutes les clauses qu'on veut dans les contrats, on n'a aucune garantie que ce qu'on a exporté va rester là où on l'a exporté. Et que la seule solution si on ne veut pas que des armes, des munitions ou du matériel suisse se retrouve sur un champ de bataille imprévu, c'est d'interdire purement et simplement leur exportation, où que ce soit. Et là, on sera rassuré : les flingues et les munitions suisses ne serviront plus qu'à ce à quoi ils servent essentiellement, à part les exercices militaires de notre glorieuse armée : aux pétages de plomb familiaux. Mais bon, c'est vrai que comme marché, c'est un peu restreint.

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