Fonds de tiroir

Le Tribunal administratif, saisi par le patronat du nettoyage, a déclaré illégale l'intention de Sandrine Salerno de rémunérérer les nettoyeuses des locaux de la Ville au-delà du minimum conventionnel. Bon, ben on pourrait arrêter de sous-traiter ce boulot et engager directement du personnel municipal pour le faire, non ?

La République a un nouveau réglement du protocole. ça lui manquait sà»rement, puisque des gens ont consacré du temps et des efforts à le pondre, ce nouveau réglement. Dont la « Tribune » de mardi relève deux points tout à fait fondamentaux: d'abord, la levée de l'obligation faite au gouvernement cantonal d'expédier une délégation aux obsèques de l'evêque du diocèse (la chancelière d'Etat, on s'en souvient, s'était fait engueuler pour avoir oublié les obsèques du défunt évêque Genoud). On ne voyait en effet pas pourquoi cette obligation lui avait été imposée, alors que rien de comparable n'était prévu pour les autres confessions et religions. Dezuxième innovation bouleversifiante : le ou la Maire de Genève ne sera plus que treizième (au lieu de dixième) dans l'ordre de préséance des huiles lors des cérémonies officielles, où le ou la président-e du Conseil d'Etat restera premier-e, et le ou la président-e du Grand Conseil second-e. Voilà , chacun à sa place, faut pas mélanger les torchons municipaux et les serviettes cantonales. Reste plus à la Ville qu'à pondre son propre réglement du protocole pour mettre son ou sa Maire en premier et les huiles cantonales en queue. Ou alors se consoler en se disant que si « Maire de Genève » , ça dit quelque chose à tout le monde dans le monde entier, «Président du Conseil d'Etat de la République et canton de Genève », ça dit surtout quelque chose au président du Conseil d'Etat de la République et canton de Genève, mais pas grand chose a grand monde passé Bellegarde sur Valserine. Gnerk gnerk gnerk.

Fin mai dernier, « Le Temps » révélait que le Procureur général genevois Daniel Zappelli était administrateur de deux sociétés offshore panaméennes depuis 1990 et 1993, aux côtés de son collègue d'étude d'avocats, Enrico Monfrini, et qu'à en croire le registre panaméen des sociétés, il l'était toujours en 2010, alors qu'il était devenu procureur général. Selon son porte-parole, Zappelli serait «extrêmement surpris » d'apprendre qu'il est toujours administrateur d'Atromar SA et Zigma SA. Bah, nous, on est bien «extrêmement surpris» qu'il ait pu être procureur général pendant neuf ans... putain, neuf ans...

On a un ministre de l'Economie optimiste : dans « Le Matin Dimanche » de dimanche dernier, Johann Schneider-Ammann tente de nous remonter le moral (et le sien par la même occasion, avant la réelection du gouvernement, son siège à lui étant éjectable) : seulement un tiers des licenciements annoncés en Suisse ces dernières semaines concernent des emplois en Suisse, « la situation est sous contrà´le», on continue à investir, on aura une petite croissance l'an prochain « mais c'est toujours une croissance » et « même si les dix-huit prochains mois s'avèrent difficiles, l'Etat est là , en soutien ». Surtout en soutien des banques, certes, mais c'est toujours un soutien. C'est fou ce qu'on est rassurés. Surtout chez les salariés de Novartis...

Les affiches du MCG sont toujours aussi moches (ce qui ne signifie pas qu'elle soient inefficaces, on est dans le jugement esthétique, pas dans l'évaluation pragmatique), mais là, pour les votations du 27 novembre, elles font en plus très fort dans le choix des priorités : on vote sur le salaire minimum (le MCG est contre), le revenu minimum d'aide sociale (le MCG est pour sa suppression), sur le « droit des pauvres » (le MCG est pour la suppression de cette taxe)... tous objets sur lesquels le MCG défend donc la position du patronat, mais c'est la taxe sur les chiens qui mobilise nos aboyeurs (ben ouah ! qui se ressemble s'assemble pur aboyer : suffit de les entendre au Conseil municipal pour s'en rendre compte). Et c'est avec ce slogan imparable que le MCG part en campagne : « vous taxeriez votre meilleur ami ? » ... ouaf ! nos meilleurs amis à nous, ils ne chient pas sur les trottoirs...

Une militante révolutionnaire sexagénaire, l'irréductible zurichoise Andrea Stauffacher, a été condamnée mardi par le tribunal pénal fédéral à 17 mois de prison ferme pour usage d'explosifs et dommages à la propriété. 17 mois de tôle ? le tarif augmente : pour le même délit, il y a quarante ans, on n'avait été condamné, nous, qu'à trois mois... et encore : les attentats reprochés à Andrea Stauffacher ont été manqués, et le procureur demandait carràment qu'on la condamne à quatre ans et demi de prison... mais 17 mois, ça devrait presque mener Andrea jusqu'à l'âge de l'AVS. Et ça nous ouvre des perspectives intéressantes pour les années qu'il nous reste à vivre : avec un peu de pot, et si on se donne de la peine, on devrait pouvoir passer directement de la prison à l'EMS. C'est beau, l'Etat social... En perfectionnant un peu le système, on pourrait ainsi vivre sa vie en passant de la couveuse pour prématurés à la crèche, de la crèche à l'internat, de l'internat à la caserne, de la caserne à la tôle et de la tôle à l'hospice. Avec quelques dérivations possibles vers l'hôpital et l'asile psychiatrique. Que demande le peuple, hein ? de la sé-cu-ri-té, on vous dit !

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