Fonds de tiroir

Selon une étude d'un machin nommé « Economist Intelligence Unit », sur 80 Etats examinés, la Suisse est celui où les chances de réussite matérielle (y'a beau y avoir «  intelligence » dans le nom du machin, y'a surtout « economist », et donc c'est la réussite matérielle qui importe) sont les meilleures, devant l'Australie, la Norvège, la Suède et le Danemark. L'étude prétend répondre à la question : « où vaut-il mieux naître aujourd'hui pour réussir dans la vie ? ». Et conclut donc qu'il vaut mieux naître en Suisse qu'au Bangladesh. On ne s'en doutait pas, tiens... On note que sur les dix pays les mieux placés dans ce classement, six sont européens (dont les cinq premiers) mais que d'entre eux, seuls les Pays-Bas (huitièmes) sont dans la zone euro. L'Allemagne et les USA, ex aequo, ne sont que seizièmes, l'Italie est 21ème, la France 26ème, devant la Grande-Bretagne et, plus loin, l'Espagne, le Portugal, la Pologne et la Grèce. Voilà. Alors les jeunes, maintenant, vous vous la coincez et vous bossez pour réussir, bande d'ingrats.

L'enfer fiscal socialiste français menace de s'étendre à Genève (ce qui explique sans doute que Gégé ait tourné son regard vers l'Oural plutôt que vers le Salève) : les députés socialistes au Grand Conseil ont en effet déposé quatre projets de loi visant à taxer les heureux possesseurs de piscines de plus de 40m3 de contenance (quoi qu'on y mette, mais le champagne prend plus de place, vu les bulles de gaz), les voitures de luxe et les voitures les plus polluantes, les motos de plus de 125 cm3 (la taille du foie de Gégé) et les hors-bords. Vous allez voir que Thierry Meury et Marc Bonnant vont aussi demander un passeport russe, vous allez voir... En échange, on est d'accord ici de recevoir les Pussy Riot, Gary Kasparov et un chamane bouriate.

Rappel pertinent de l'AFP sur le lieu d'asile fiscal de Gégé :  la Mordovie est «  moins connue pour ses attraits touristiques que pour la vingtaine de camps de prisonniers qu'elle abrite aujourd'hui et dont la création remonte à l'époque stalinienne, quand ils faisaient partie du goulag ». Et d'ajouter que « l'une des deux jeunes femmes membres du groupe Pussy Riot, condamnées à deux ans de camp pour une prière anti-Poutine en février 2012, purge sa peine en Mordovie ». Les zeks des camps mordaves seront sûrement très contents d'apprendre que Depardieu a choisi leur région pour y recevoir, au choix, un appartement ou une maison, et s'y faire proposer le ministère de la Culture. Ou un poste de gardien honoraire du camp de travail ?

Dans les statuts du parti radical, avant sa fusion avec le parti libéral, existait une règle (la même existe dans les statuts du PS, notamment) limitant à trois le nombre de mandats consécutifs pouvant être exercés par un député. Pas de quatrième mandat possible, donc. Cette règle n'a pas été reprise dans les statuts du PLR fusionné, mais l'ancien secrétaire général du parti radical, et Père Joseph des conseillers d'Etat Longchamp et Maudet, n'en démord pas, et aurait bien voulu l'appliquer quand même. Et trois députés PLR, tous trois ex-libéraux, tous trois « en pointe » dans le refus du budget cantonal, et tous trois candidats à un quatrième mandat (faut croire qu'ils se pensent indispensables) sont particulièrement visés : Pierre Weiss, Renaud Gautier et Ivan Slatkine (mais les radicaux Michel Ducret et Jacques Jeannerat sont aussi concernés). Renaud trouve la démarche de Favre « mesquine ». Ben quoi ? c'est pas parce qu'on a fusionné qu'on a renoncé aux règlements de compte... et les bons règlements de compte font les bons amis, non ? On a bien remplacé un procureur général radical par un procureur général libéral, un conseiller d'Etat libéral par un conseiller d'Etat radical, et un conseiller administratif radical par un conseiller administratif démo-chrétien, on peut bien caser trois nouveaux députés radicaux à la place de trois anciens députés libéraux sans en faire tout une histoire...

Joli portrait du tireur fou de Daillon, dans «Le Matin Dimanche» du 6 janvier : c'est un jeune homme presque comme il faut (mais qui a eu bien des malheurs) qui, le 2 janvier, a abattu trois personnes et blessé deux autres en tirant sur ses voisins et son oncle depuis chez lui. La preuve que c'était un brave type : il avait commencé une carrière militaire (engagé comme mitrailleur à Savatan, gradé capitaine avec le commandement d'une compagnie, puis militaire professionnel pendant deux ans), belle carrière interrompue (à temps, avant qu'il soit colonel...)  lorsqu'il s'est mis à avoir des hallucinations et à délirer, à croire qu'il avait été abusé sexuellement, à voir des pavés de Sion s'envoler, à s'excuser d'avoir fait des choses qu'il n'avait pas faites. Ce qui lui a valu une rente invalidité, puis d'être interné, et donc d'être viré de l'armée où il voulait faire carrière. «Pour lui, c'était l'armée ou rien du tout », dit l'un de ses copains. Mais ça n'a pas été rien du tout, ça a été tirer dans le tas. Parce qu'en plus de l'armée. il aimait les armes, le brave type : lorsqu'il a été interné en hôpital psychiatrique, la police a saisi chez lui un fusil à lunettes, un fusil à pompe, un pistolet, une arbalète. Après la fusillade du 2 janvier, la police a encore saisi chez lui deux mousquetons, un fusil de chasse, une carabine à plomb, un pistolet à air, un pistolet d'alarme, des dizaines de cartouches, des bandes de chargement pour mitrailleuse, des poignards, des baïonnettes... « Florian était un militariste patriote », dit de lui un copain. Apparemment, ça se soigne mal.

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