Fonds de tiroir

Mikhaïl Kalachnikov est mort le 23 décembre, à l'âge honorable de 94 ans, après après inventé en 1947 le fusil d'assaut AK-47 et en avoir fait (grâce à une production incontrôlée, dont la moitié est fabriquée en contrebande) l'arme la plus répandue sur la planète : « un fusil extrêmement simple fait pour un soldat qui n'a pas de diplômes » (ou un intellectuel qui ne sait pas se servir d'une arme), vendu à 100 millions d'exemplaires, toujours en service dans les armées de 80 pays, figurant sur les armoiries de six Etats, utilisée abondamment par guerrilleros, terroristes, enfants-soldats, criminels et cinglés de toutes espèces. « Si c'était à refaire, je  ne vivrais pas autrement » avait déclaré le bienfaiteur de l'humanité (promu général et couvert de décorations) lors de son 90e anniversaire. Ben oualà, il est mort le poète. Un seul être ne vous manque pas et tout est dépeuplé parce qu'il y a un peu contribué...

Alors qu'elles en ont désormais la possibilité depuis janvier dernier, moins de 10 % des femmes suisses décident de garder leur nom après le mariage. Genève, avec 37 % des femmes qui font ce choix, et Bâle, avec 30 %, sont des exceptions. Mais bon, faudrait quand même pas faire de la possibilité (mais utilisée  minoritairement) de garder son nom et de ne pas prendre celui de son mari une grande victoire du féminisme. Parce que le nom qu'on garde, c'est un patronyme. Autrement dit, le nom du père. Et que donc, père ou mari, c'est le nom d'un homme. Et que ce n'est donc pas encore vraiment une « avancée vers l'égalité », du moins pas tant que les femmes n'auront pas aussi la possibilité de prendre le nom de leur lignée maternelle... Ceci dit, nous, hein, le mariage, la lignée, tout ça...

Sous l'occupation allemande, la BBC adressait aux Résistants (en France et ailleurs) des messages codés pour les informer des actions à venir. D'entre ces messages, il y eut celui-ci : « La bibliothèque est en feu », qui annonçait un parachutage. Le temps passe, la culture régresse, on passe du livre à la vapeur : le dernier message reçu à Genève sur notre poste à galène annonçait : « le sauna de Gominator est en feu ». Eh ouais, le sauna du conducator du MCG,  installé sur son balcon à Onex, avait cramé. Et même que c'est un frontalier qui a appelé les pompiers. Et que ça un moment empêché Stauffer de faire son boulot de rapporteur de majorité du budget du canton, au Grand Conseil. De «la bibliothèque est en feu», René Char fit le titre d'un poème. De « le sauna est en feu », on voit pas très bien ce qu'on pourrait faire. Du propriétaire du sauna non plus, mais comme on n'est pas arrivé à s'en débarrasser, on peut toujours se foutre de la gueule du type, député-maire, qui installe un sauna sur son balcon et passe son temps à gueuler contre les frontaliers jusqu'à ce qu'on frontalier appelle les pompiers parce que ledit sauna est en train de cramer. On se marre avec ce qu'on peut, à Genève...

Un garde suisse du Vatican dit avoir été harcelé sexuellement et avoir reçu de « multiples avances de la part d'hommes d'église parfois haut placés », nous apprend « 20 Minutes » du 6 janvier. Ben tiens : ça se promène en barboteuses bouffantes à rayures au milieu de curés, et ça s'étonne de se faire tripoter la hallebarde ?

Donc, au début de l'année, on apprenait que l'état de santé d'Ariel Sharon, en état de mort cérébrale depuis huit ans, s'était « subitement dégradé » . Il s'avère donc qu'être mort depuis huit ans, c'est pas bon pour la santé.

La faîtière patronale EconomieSuisse a des soucis : alors qu'elle doit s'engager dans la campagne de la droite contre l'initiative xénophobe de l'UDC  contre « l'immigration de masse », et surtout la financer, et qu'elle est déjà sans directeur depuis sept mois (elle en avait nommé un en novembre pour succéder à Pascal Gentinetta, démissionné après l'échec de la campagne patronale contre l'initiative Minder), que son président ne fonctionne qu'à mi-temps, sa responsable de la communication, Ursula Fraefel, vient de claquer la porte, « en complet désaccord avec la direction actuelle d'EconomieSuisse, ou ce qu'il en reste ». Et  au PLR (et au PDC), on s'inquiète : après avoir mis la main sur l'USAM (le syndicat patronat des PME), l'UDC ne serait-elle pas en bonne position pour faire main basse sur EconomieSuisse fragilisée ? Bon, nous, pour l'instant, on compte les coups (bas) et on se dit que plus l'UDC sera patronale, moins elle pourra se dire le parti de « la Suisse d'en bas », mais faut quand même rester un peu attentif à ce qui se passe dans le camp d'en face. Parce que l'extrême-droite et le patronat, on les préfère quand même un peu divisés que solidement arrimés l'un(e) à l'autre. Déjà que le rapport des forces dans ce pays ne nous est pas franchement favorable...

Pour « sécuriser » les jeux olympiques de Sotchi, la Russie de Poutine a mobilisé 37'000 policiers et soldats, fermé les routes vers le Caucase et la frontière avec l'Abkhazie, quasiment interdit la navigation sur la mer Noire, et fera usage de 500 caméras de vidéosurveillance, de drones, de systèmes de détection sous-marine, de satellites, de missiles sol-air et du vieux système d'interception de toutes les communications, y compris les courriels. C'est à Sotchi que Schumacher aurait du faire du ski hors-piste. S'il avait réussi à y trouver encore un caillou pour se casser la gueule, on aurait pu en faire une victime du terrorisme islamiste et des cailloux kamikazes.

Sondage dispensable dans « Le Matin Dimanche » du 5 janvier : les Romands seraient plus menteurs que les Alémaniques (ou alors, moins gênés aux entournures à admettre qu'ils mentent ? ) : plus de 15 % des Welches interrogés ne voient pas de problème à mentir dans leur propre intérêt, alors que seuls 9 % des Staubirnes l'admettent. Sur une échelle de 0 à 10 pour répondre à la question «Trouvez-vous justifié de mentir dans (votre) propre intérêt ? », le zéro signifiant « non jamais », le 10 signifiant «oui, ça m'arrive», les Genevois, avec 3,45, seraient les plus menteurs (suivis des Neuchâtelois, des Vaudois et des Fribourgeois) et les Glaronnais, avec 1,93, les plus francs (suivis des Nidwaldiens). Les effets du cardon et du Schabziger sont donc totalement contradictoires. Mais ça explique en tout cas le succès électoral du MCG : à Piogre, on peut dire n'importe quoi en mentant comme des arracheurs de dents, on sera pardonné. Et élu...

Dès juin prochain, les frontaliers français travaillant à Genève devront cotiser à la sécurité sociale française, à la place ou en sus d'une assurance-maladie suisse. S'ils ne sont que cotisants à la Sécu, leur hospitalisation à Genève, aux HUG, ne leur sera plus remboursée comme elle l'est dans le régime privé français actuel. Et le Conseiller d'Etat MCG Mauro Poggia s'en inquiète : l'impact pour les HUG d'un départ de leur clientèle frontalière est évalué à 20 ou 25 millions de perte, à compenser par une augmentation de la subvention publique, ou des économies supplémentaires (dont des suppression de postes), voire une réduction de l'offre de soins de pointe. Alors comme ça, l'élu du parti anti-frontalier s'inquiète du sort des patients frontaliers ? Parce qu'en plus de tourner concrètement grâce au personnel frontalier, les HUG tournent financièrement grâce à sa clientèle frontalière ? Il en découvre des choses, le Conseiller d'Etat MCG... Il va s'excuser de quoi auprès de qui, cette fois ? De ses électeurs ?
Selon l'Institut suisse de sociologie pastorale, 40'000 personnes abandonnent chaque année leur église chrétienne. ça n'en fait pas pour autant des athées, mais, selon la statistique fédérale, des « sans-religion» (on devrait d'ailleurs plutôt dire des « sans église » ou des « sans confession » ...). Qui forment désormais 42 % de la population bâloise, 35 % de celle de Genève et de Neuchâtel, un cinquième de la population suisse.  En revanche, plus des trois quarts de la population d'Uri ou du Valais se dit encore catholique, et plus de la moitié de la population bernoise protestante. L'église catholique, enfin, compense ses pertes « indigènes » par l'apport de l'immigration (40 % des immigrés en Suisse sont catholiques). Et la population musulmane s'accroît, elle aussi essentiellement grâce à l'immigration, tout en restant largement minoritaire. Voilà, c'étaient, avec un peu de retard, nos bonnes nouvelles de noël et de l'épiphanie, les anges dans nos campagnes entonnent tout seuls l'hymne des cieux désertés et il est né le divin enfant mais y'a plus de place dans les crèches.

Le chef de meute de l'UDC, Christoph Blocher, a honoré la mémoire d'un Conseiller d'Etat lucernois du XIXe siècle, Philipp Anton von Sagesser, qui s'était illustré par son antijudaïsme et avait farouchement lutté contre l'égalité des droits entre citoyens juifs et chrétiens, contre la liberté d'établissement en Suisse des juifs suisses et contre la reconnaissance de leurs libertés religieuse. Pour Blocher, ce personnage est un « courageux Nein-Sager, un démocrate, un fédéraliste, un vrai catholique ». Amen, et chantons en choeur avec Dieudonné et Blocher : « C'est la vaaalse bruuune...»

Un magazine « people » a fait le buzz en publiant des photos de François Hollande amenant des croissant au petit matin chez sa maîtresse. Bon, ben nous aussi, on a un scoop : On a vu Dieudonné amener une carpe farcie pour le petit dej' chez Marine Le Pen...

Instructif article post-électoral dans «Immoscope» de décembre (le mensuel de la Chambre Genevoise immobilière) : ça commence par un satisfecit, « la CGI est bien représentée » au Grand Conseil puisque sur 8 candidats qu'elle soutenait, six ont été élus (Cyril Aellen, Antoine Barde, Edouard Cuendet, Benoît Genecand, Frédéric Hohl et Pierre Weiss). Tous de droite, évidemment. Et du PLR, évidemment. Ensuite, la CGI détaille ce qu'elle attend, ou n'attend pas, des groupes politiques. Et c'est là que c'est instructif. Les partis de l'Entente (PDC et PLR) ? la CGI les trouve bien mous dans «la démonstration de leur attachement » à la propriété foncière et dans la lutte contre la fiscalité immobilière. L'UDC ? s'il apparaît qu'on peut compter sur elle « pour éviter des hausses fiscales, la lecture de ses actions en matière d'aménagement du territoire est confuse ». Le MCG ? la CGI fonde «de sérieux espoirs» sur lui, mais reste prudente sur sa capacité « à soutenir la propriété foncière ». Voilà pour la droite. Quant à la gauche : on apprécie le «pragmatisme (des Verts) en matière d'accession à la propriété », mais on a des doutes sur leur solidité « en matière de fiscalité immobilière »... Les socialistes ? On ne pourra fonder «un consensus ténu» avec eux que quand ils seront sortis « de l'ancien modèle prôné jusqu'à ce jour et visant une collectivisation du sol et une intervention systématique des collectivités publiques pour détenir des logements ». « Ensemble à gauche» ? on n'y « semble pas aimer les propriétaires », et « l'enjeu est donc d'amener ce parti au respect de nos convictions » (celles de la CGI, au cas où vous n'auriez pas compris)... Ben que voilà une fine analyse du paysage politique genevois, non ?




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