Premiers feux de camp de la bataille des Municipales genevoises : Question d'alliances...


Les deux principaux partis politiques de la Ville de Genève, le PS et le PLR, ont désigné, lundi et hier, leurs candidates et candidats au Conseil Administratif. Le PLR, qui ne détient aucun siège à la Municipalité genevoise, présente trois candidat-e-s, officiellement pour accompagner le magistrat PDC sortant Guillaume Barazzone, officieusement pour lui piquer son siège après le lui avoir offert lors d'une élection complémentaire en 2013, la gauche n'ayant pas réussi à soutenir uniment la candidate présentée par le Parti du Travail (et la Jeunesse socialiste), Salika Wenger. Quant au PS, qui détient deux des cinq sièges de l'exécutif, il en représente les deux titulaires, le maire Sami Kanaan et la Conseillère administrative Sandrine Salerno. Ce ne sont que les premiers feux de camp de la bataille qui s'annonce pour les Municipales en Ville de Genève, et ils n'éclairent encore que très faiblement, mais ils signalent déjà que la question centrale de ces élections sera celle des alliances.

Un choix qui devrait s'imposer de lui-même : celui de l'unité. Qui devrait...

L'enjeu d'une élection municipale, même dans la deuxième ville de Suisse, n'est certes pas un enjeu historique planétaire, mais le contexte particulier de Genève, en ce moment, lui donne tout de même une importance inhabituelle : les principales villes du canton, à commencer par celle de Genève, sont « gouvernées » par des municipalités de gauche qui sont le seul et unique contrepoids institutionnel à un parlement et un gouvernement dominés par la droite et l'extrême-droite. Dans son insipidité même, le «programme de législature» présenté par ce gouvernement de droite à ce parlement de droite ne laisse guère augurer d'une autre politique que celle qui s'est déjà manifestée par une succession de génuflexions (y compris à l'extrême-droite) devant le patronat (et pas celui des PME : celui des multinationales) et les milieux immobiliers : réduction des moyens de la politique sociale et de la politique de formation pour sauvegarder ceux consacrés à la construction de nouvelles prisons, coupes sombres dans les recettes fiscales de la Ville de Genève pour les affecter à des communes résidentielles qui n'en feront rien, sinon s'autoriser à baisser leurs impôts pour le plus grand plaisir de leur population la plus friquée, etc.

Que la Ville de Genève soit ou non une municipalité de gauche est donc d'une importance qui dépasse, aujourd'hui, et de loin, le seul espace municipal et le seul cadre (fort étroit, à Genève) des compétences communales. C'est bien du rapport des forces entre la gauche et la droite dans le canton dont il est question. Or aucun parti n'est ni ne peut espérer être majoritaire à lui seul au Conseil Municipal de Genève. Une majorité ne peut donc se constituer que par une alliance -et de fait, il y en a actuellement trois qui se répartissent, inégalement, et non sans contradictions internes, les sièges du délibératif de la Ville : d'abord la gauche (PS, Ensemble à Gauche, Verts), ensuite la droite traditonnelle (le PLR et le PDC), enfin la droite de la droite (y compris l'extrême-droite), c'est-à-dire l'UDC et le MCG.
La question des alliances est donc centrale dans l'évaluation des chances des uns et des autres de remporter (ou de ne pas perdre) les élections municipales en Ville de Genève -elle se pose aussi dans les autres villes du canton, même si c'est en des termes différents, vu l'absence à peu près générale de la « gauche de la gauche » dans ces communes, et la faiblesse de la droite traditionnelle dans la plupart d'entre elles. Lors de l'Assemblée générale socialiste, la candidate et le candidat que (re)présentera le parti l'ont d'ailleurs tous deux évoquée, en plaçant  leur candidature dans une démarche unitaire, avec un objectif de reconquête d'une majorité de gauche (au sens large) dans le parlement de la commune et de maintien d'une solide majorité de gauche au sein de l'exécutif municipal.  On a fait l'expérience lors des dernières élections cantonales d'une absence de liste unitaire au premier tour, avec le bricolage d'une telle liste (amputée d'ailleurs de sa composante « Ensemble à Gauche ») au second tour. Résultat : la perte d'un siège par les Verts, aucune récupération du siège socialiste perdu et le cadeau d'un siège au MCG... On le dit avec d'autant plus de contrition qu'on avait ici plaidé pour une telle démarche, au nom de la « logique de la nouvelle constitution »...

Bref, la stratégie électorale de la gauche devrait s'imposer d'elle-même : un apparentement pour le Conseil municipal et une liste commune pour le Conseil administratif dès le premier tour, avec qui veut, et sans qui ne veut pas -et qui, partant « seul à la lutte » renoncerait donc, compte tenu du rapport des forces politiques, à ce que l'un-e des sien-ne-s siège au sein de l'exécutif municipal. Un choix qui devrait être fait en toute connaissance de cause, et non par gloriole, pour la beauté de la posture ou, plus stupidement encore, parce qu'on a été incapable de se décider.

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