Une traversée routière du Petit-Lac de Genève « à l'horizon 2030 » ? Comme dirait Magellan...


Le Conseil d'Etat genevois n'en démord pas : il veut une autoroute sur ou sous le (petit) lac. Et deux semaines après le refus sec et sonnant (mais pas trébuchant) de la proposition de l'UDC d'une traversée de la rade, il nous sort son projet. Fumeux, le projet : la seule chose qu'on en comprend, c'est qu'il s'agit de faire passer des bagnoles d'une rive à l'autre du lac. Mais on ne sait pas si ce serait sur un pont ou dans un tunnel, sur deux ou trois voies, si les utilisateurs du machin devraient ou non s'acquitter d'un péage, si le coût du projet serait de 2,8 ou de 3,3 milliards ou plus, si des partenaires privés le financeraient, en tout ou partie, si la Confédération y mettrait son obole, si... si...  L'« horizon » de la réalisation du projet est, selon le Conseil d'Etat, l'an 2030 du calendrier grégorien. Quelqu'un pourrait-il expliquer au Conseil d'Etat genevois que, comme dirait Magellan, le propre d'un horizon est de s'éloigner au fur et à mesure que l'on croit s'en approcher ?

On dirait que le Conseil d'Etat genevois il aurait un projet de traversée routière du Petit Lac.

Alors voilà, on va jouer à « on dirait que », comme quand on était minots et qu'on disait qu'on serait Ivanhoé ou Jacquou le Croquant. Y'a des jours, comme ça, où les propositions de nos gouvernants nous rajeunissent d'un coup. Et puis, dans le jeu du « on dirait que ». le temps n'a pas plus d'importance que la vraisemblance. Donc, on dirait que le Conseil d'Etat genevois a un projet de traversée routière du Petit Lac.
On dirait que ça traverserait le Petit Lac du Vengeron à la Belotte (et vice-versa, ou alors y'a un bug dans le projet, mais c'est pas le genre de ses auteurs), avec un prolongement de la Belotte à la douane de Thônex-Vallard parce qu'on veut pas larguer les utilisateurs en plein champ.
On dirait que ça serait un pont. A moins que ça soit un tunnel. Lulu préfère un pont. Mais ça pourrait quand même être un tunnel. Même si ça coûte plus cher. De toute façon on n'a les ronds ni pour l'un, ni pour l'autre.
On dirait que ça accompagnerait une forte densification de la rive-gauche du lac. Genre 40'000 logements supplémentaires et 20'000 emplois supplémentaires, d'ici 2030. De toute façon, on s'attend à une pluie d'oppositions, de référendums et de recours plutôt que de logements.
On dirait qu'il pourrait y avoir un péage pour utiliser le pont. Ou le tunnel si c'est un tunnel. Ou le bac si... non, en fait, y'a pas de projet de bac.
On dirait que s'il y a un péage, le pont (ou le tunnel, allez savoir) sera à deux voies, parce que le péage sera dissuasif pour une partie des utilisateurs potentiels. Et donc que l'ouvrage sera moins utile, mais ça, c'est pas le sujet, ne nous embrouillez pas.
On dirait que s'il n'y a pas de péage, il faudra prévoir trois voies. Mais que ça coûtera plus cher.
On dirait alors que si le tarif du péage est doublé, on n'aura plus besoin que d'une seule voie, à sens unique, de la rive-gauche à la rive gauche avec un joli giratoire au milieu du lac pour revenir au point de départ ? Non, ça on dira pas. Le projet est fumeux, mais pas à ce point. Quoique...
On dirait que ça coûterait 2,8 milliards de francs. Ou 3,3 milliards. Ou un peu plus. De toute façon, ça sera certainement des francs suisses. Pas des CFA ? Dommage...
On dirait que le canton n'a pas ce fric. ça on le sait déjà. Mais on dirait quand même que le projet serait entièrement financé par le canton. Mais on dirait qu'après, on le refilerait à la Confédération en échange d'un financement fédéral. Et on dirait que la Confédération serait d'accord de payer. Parce que ça coûte rien de le dire. Et puis, on dirait qu'on pourrait faire un partenariat public-privé pour attirer des investisseurs privés. Ou alors, on dirait qu'on pourrait faire avancer le pognon par les caisses de pension publiques.

On dirait que tout ça,  le pont ou le tunnel, avec un péage, ou sans péage, à deux voies ou à trois voies, à 2,8 ou à 3,3 milliards, payé par le canton ou la Confédération ou des privés ou les usagers ou des caisses de pension, ou la Fondation Gandur, serait mis en service en l'an 2030. En tous cas mis une fois la réalisation du CEVA achevée et les prolongations des lignes de trams réalisées et la frontière supprimée et le MCG majoritaire au Conseil municipal d'Annemasse et Pierre Maudet Conseiller fédéral.

Ouais, qu'est-ce qu'on pourrait dire comme conneries si on n'avait pas un gouvernement sérieux, s'appuyant sur une majorité cohérente et responsable...

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