Fonds de tiroir


L'évêque de Genève, Lausanne et Fribourg, Charles Morerod, interrogé par « Le Matin Dimanche » du 15 février sur le déplacement, par son collègue de Coire, d'un curé de Suisse centrale coupable d'avoir béni l'union de deux femmes  proclame que « ce n'est pas à un curé de remettre le mariage catholique en question » (ce que le curé en question n'avait pas fait, puisqu'il n'avait pas célébré un mariage). Bon, ben c'est à qui ? Un pape (célibataire), à un concile (de célibataires), un cardinal (célibataire), un évêque (célibataire) ? A n'importe qui pourvu que personnellement, il (et surtout pas elle) ne connaisse ni n'ait vécu rien du mariage ? Bon, ben on va s'y mettre nous aussi, alors, à gloser sur le mariage sans le pratiquer...

Alors comme ça, une « relation amoureuse embarrasse le maire de Versoix »  ? C'est pas « Gala », «Closer» ou « Voici » qui nous le dit, c'est « Le Courrier ». C'est dire si c'est du sérieux. « Nous avons appris que la relation intime a finalement été découverte dans le service »  ou bosse la créature, et que ça y a créé « un grand sentiment de désarroi ». Donc, le maire PDC de Versoix a une relation amoureuse avec une employée de la Municipalité. C'est meugnon. Et ça infirme à la fois l'accusation mensongère portée contre le PDC, qu'il serait le parti de la famille traditionnelle, tout dans le mariage et rien en dehors, et l'accusation tout aussi mensongère portée contre « Le Courrier », qu'il serait un journal chiant (forcément, un journal de gauche) qui ne s'intéresse pas à ce qui intéresse les vrais gens : les histoires de cul...  euh, pardon : d'amour. Merci pour ce moment...

30 milliards d'euros évadés de Grèce seraient planqués en Suisse, selon le fisc grec (mais des estimations du volume de cette planque la font atteindre carrément les 200 milliards). Or le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a fait de la lutte contre la fraude et l'évasion fiscales le « vrai grand combat »  de son gouvernement, et le président du groupe parlementaire de Syriza (le parti du premier ministre) a annoncé que le gouvernement examinait les transferts d'argent vers la Suisse. C'est quand même flatteur d'être toujours au centre de l'attention générale quand une crise économique, financière, monétaire, politique, éclate quelque part dans le monde, non ? Voui, bon, on s'en passerait, de cette notoriété de recéleurs. Plus facilement en tout cas que la Grèce des dizaines de milliards d'euros dont elle a besoin pour échapper au harcèlement des comptables européens.

Quelle « communauté étrangère » (expression à la con, soit-dit en passant) vote le plus à Genève, lors des Municipales (puisque les métèques ont le droit de vote à Piogre pour les Municipales -mais les Municipales seulement, faut pas pousser) ? Les Belges, qui participent à plus de 50 % aux scrutins municipaux (plus que les Suisses avec leur 43,3 %). Et ça tombe bien, ils votent plutôt à gauche. Mais ça tombe mal, parce qu'ils ne sont pas très nombreux (3343 en tout). Et laquelle vote le moins ? Les Portugais. Qui sont les plus nombreux (36'500) mais les plus abstentionnistes (84,7 % d'abstention), et sont donc dragués comme des escorts par les candidats d'origine portos. A commencer par le salazariste de service. En moyenne, à peine plus d'un-e électeur-trice étranger-ère (fait chier, cet épicènerie) sur quatre (27 %) use de son droit de vote. Bande d'ingrats, après tout ce qu'il a fallu ramer pour que vous l'ayez ce droit, vous pourriez faire l'effort de l'utiliser. En votant pour nous, bien sûr, faut tout vous dire ?

Endettés de 30 milliards d'euros, les hôpitaux français doivent rembourser, sur ces 30 milliards, 1,2 milliard d'emprunts contractés... en francs suisses. Et donc dans une monnaie dont la valeur par rapport à l'euro s'est accrue de 15 % (après avoir explosé de 20 % les premiers jours qui ont suivi son décrochage de l'euro). Les hôpitaux français avaient contractés des emprunts en francs suisses parce que leurs taux d'intérêt étaient fixes et inférieurs à ceux du « marché ». Fixes et inférieurs, ils le sont toujours, mais le franc suisse, lui a pris tellement d'altitude que la facture du remboursement s'est alourdie de 500 millions d'euros, soit une année d'investissements hospitaliers, dans un secteur ratissé par les coupes budgétaires depuis des années. Les hôpitaux ont donc menacé d'attaquer les banques qui leur avaient vendu des emprunts en francs suisses (les collectivités locales niquées par les mêmes emprunts avaient d'ailleurs déjà agi ainsi). Le gouvernement français a de son côté décidé de ponctionner les banques de 300 millions d'euros en trois ans au profit des hôpitaux. Et les banques hurlent à l'injustice. Et les hôpitaux à l'insuffisance du ponctionnement des banques (il manque 200 millions pour couvrir l'explosion des dettes). Bref, la Suisse a trouvé une nouvelle manière d'emmerder ses voisins : elle servait déjà de réceptacle à leur évasion fiscale, elle sert maintenant de recéleuse d'usure. On est doués, quand même...

Commentaires

Articles les plus consultés