Naturalisation facilitée de la troisième génération d'étrangers : L'évidence contre les miasmes ?

"La Suisse doit reconnaître ses enfants"
Un appel a été lancé fin novembre "pour que la Suisse reconnaisse ses enfants", signé par des élu-e-s, des citoyennes et des citoyens, des personnalités culturelles et sportives... et plusieurs anciens conseillers fédéraux : Ruth Dreifuss, Pascal Couchepin, Eveline Widmer-Schlumpf. Qui s'interrogent, comme les autres signataires : "Peut-on encore appeler "étrangers" les petits-enfants d'immigrés", qui ne retournent plus dans le pays de leurs grands-parents que pour les vacances" ? Le projet soumis au vote de février, de naturalisation (un petit peu) facilitée des étrangères et des étrangers de la 3e génération, est issu d'une initiative parlementaire de la socialiste vaudoise Ada Marra, initiative réécrite par les Chambres de manière restrictive : pour pouvoir bénéficier d'une procédure de naturalisation simplifiée, il faudra être âgé de moins de 25 ans, être né en Suisse, y avoir suivi au moins 5 ans de scolarité (autrement dit, avoir plus de 9 ans) et être titulaire d'une autorisation de séjour ou d'établissement. Il faudra en outre que les parents et grands parents du candidat ou de la candidate aient entretenu des liens étroits avec la Suisse. La simplification du processus de naturalisation ne sera pas automatique : il faudra la solliciter. La nationalité suisse ne sera donc pas accordée à la naissance comme c'est le cas là où s'applique le droit du sol (est indigène celles ou celui qui est né ici), mais sur demande, et sous conditions. Combien de personnes pourraient prétendre remplir ces conditions ? Quelques centaines par année, sur un potentiel de 25'000 personnes (dont plus de la moitié d'Italiens de passeport) correspondant à toutes les conditions posées. Une paille sur les 50'000 naturalisations accordées en 2016 -mais une paille que d'aucuns vont s'acharner à décrire comme une poutre.
L'UDC fait campagne sur son mode habituel : ici, une affiche montrant une femme en burka ou en niqab avec un slogan évoquant des "naturalisations incontrôlées". Rien à voir avec le projet soumis aux urnes ? Peu importe. Peu importe non plus que la projet ne prévoit pas une naturalisation automatique et que si une candidate à la naturalisation facilitée se trimballe en niqab sa requête en nationalité sera refusée pour défaut d'intégration : le parti de la tribu ameute la tribu avec ce qui terrifie la tribu, pas avec le projet qui lui est soumis. "Avec cette loi, un islamiste pourrait être naturalisé" clame l'udéciste valaisan Addor. Faudrait que quelqu'un (Frère Tariq ? Frère Yeslam ?) lui explique qu'avec la loi actuelle, il peut déjà l'être, naturalisé, l'islamiste, s'il a les sous. Il parait même que des islamistes n'ont pas besoin d'être naturalisés, parce qu'ils sont nés suisses de parents suisses. De souche. Allah est grand.
Ada Marra a annoncé être prête à donner 2000 francs à qui lui présentera une jeune femme de moins de 25 ans, de la troisième génération d'étrangers vivant en Suisse, portant niqab ou burka. Une islamiste italienne radicale et emburkée, née en Suisse, de parents nés en Suisse, eux-mêmes nés de parents arrivés en Suisse dans les années soixante. Un tel spécimen, s'il se trouvait, vaudrait sans doute au moins 2000 francs, en effet.
A condition que Barnum accepte de le vendre et que l'UDC n'enchérisse pas sur le prix pour s'adjuger le phénomène, histoire de nous le ressortir à chaque votation.
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