Naturalisation des étrangers de la "troisième génération" : Surmonter le refus Heimatstil

Les "Indigènes de la Confédération"
"J'espérais une campagne joyeuse, positive, avec des jeunes. (...) Mais au final, je crains qu'on reste sur l'impression sombre de la burqa", regrette l'initiatrice de la proposition soumise au vote dans deux semaines, la socialiste vaudoise Ada Marra. Pour tenter de justifier l'exhibition d'une femme en burqa (ou en niqab) sur les affiches crypto-udécistes appelant à voter "non" à la prudentissime proposition des Chambres fédérales, le Conseiller national UDC genevois Yves Nydegger construit une hypothèse dont la crédibilité se mesure à l'enfilade de suppositions hasardeuses qu'elle contient, découlant les unes des autres comme des conditions nécessaires pour produire d'autres conditions tout aussi nécessaires pour pouvoir in fine prédire la naturalisation automatique d'un ou d'une djihadiste dans un quart de siècle (au moins : actuellement encore, la majorité des nouveaux immigrants sont italiens, espagnols, portugais, français ou allemands). Reconstruisons donc l'emboîtement des hypothèses udécistes : Un requérant d'asile arabe mineur arrive en Suisse dans les années 2000. Il y suit cinq ans d'école obligatoire. Il obtient un permis C. Il repart au bled (forcément, c'est un arabe) pour se marier avec une compatriote dont l'un des parents a séjourné légalement en Suisse. Il ramène sa femme en Suisse pour qu'elle y accouche d'un enfant qui sera donc considéré comme étant de la "troisième génération" si toutes les conditions précédemment énumérées sont remplies, et qui neuf ans plus tard pourra bénéficier, si ses parents la sollicitent pour lui (ou 18 ans plus tard s'il la sollicite lui-même) d'une procédure de naturalisation simplifiée au terme de laquelle il deviendra suisse. Et forcément djihadiste. Et empaquetée dans un niqab si c'est une fille. On se demande seulement pourquoi s'emmerder à devoir concevoir cette succession mécanique de causalités hypothétiques pour n'en arriver qu'à évoquer la possibilité de la naturalisation d'un-e futur-e djihadiste dans un demi-siècle ans, quand il serait infiniment plus simple de le (ou la) recruter au moment où on en a besoin, au sein de la population suisse de souche, celle qui n'a jamais eu à prouver quelque intégration que ce soit puisqu'elle a gagné sa suissité à la naissance...
De toute façon, que la proposition de faciliter la naturalisation des étrangers de la troisième génération soit ou non acceptée ne changera pas grand chose (voire rien du tout dans les cantons qui la facilitent déjà) : les deux tiers des naturalisations obtenues le sont déjà par des personnes nées en Suisse. Et qui ne sont donc pas immigrantes, puisqu'elles n'ont jamais vécu ailleurs qu'ici. Quelle que soit la couleur de leur passeport (ou de leur peau), de quelque pays dont elles soient ressortissantes, ces personnes sont des "indigènes de la Confédération".
Le président de l'UDC invite à voir l'affiche de la femme en niqab comme un "symbole" -mais un symbole de quoi ? du fétichisme vestimentaire de ses auteurs ou de leur propension à prendre leur public cible pour une bande de crétins ? Plus probablement, comme l'expression de cette vision udéciste de la femme musulmane comme doublement, exemplairement et définitivement étrangère : ontologiquement étrangère, en tant que musulmane, et en tant que femme. Ce qui en dit évidemment plus sur les obsessions du mâle urschweizer que sur le projet soumis au vote du peuple.
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