Débat budgétaire tardif en Ville de Genève : Accouchement d'indigence


Le débat budgétaire devrait être le grand moment de l'année parlementaire. En Ville de Genève, cette année, il ne sera qu'un long moment de vacuité et d'ennui, clos par un vote sans plus aucune importance : ça ressemble à quoi, de voter (ou non) un budget annuel quatre mois après le début de l'année, huit mois après en avoir reçu le projet, et quatre mois avant de recevoir le projet de budget de l'année suivante ? ça ressemble au Conseil municipal de la Ville de Genève. Et à la politique d’équarrisseurs monomaniaques d'une majorité de droite dilatée jusqu'à l'extrême-droite, dont on va pouvoir mesurer (mais il va y falloir un microscope) la pertinence, la cohérence et l'intelligence jusqu'à la nuit prochaine  : le Conseil municipal de la Ville de Genève est réuni en séance extraordinaire pour approuver (ou non) le budget annuel de la commune. Plus de quatre mois après le début de l'exercice budgétaire : il fallait bien ce temps pour que la majorité de la commission des finances du parlement communal accouche de quelque chose. Quant à évaluer de quoi elle a accouché, un seul mot est requis : l'indigence.


Quidquid delirant reges, plectuntur Achivi

Fin août dernier, dans le délai normal, quatre mois avant le début de l'exercice budgétaire, le Conseil administratif de la Ville avait présenté un projet de budget bénéficiaire (2,1 millions d'excédent de recettes) garantissant à la fois les prestations à la population, les droits du personnel et les investissements. C'en était trop pour une droite municipale qui clame depuis des lustres que la Ville dépense trop, que la catastrophe est à ses portes, qu'il faut économiser, qu'on en fait trop pour la culture et le social -bref, vous connaissez la chanson, on peut se permettre de n'en pas entonner tous les couplets, ce sont les mêmes depuis plus de vingt ans. Or l'année dernière, comme les années précédentes, les résultats financiers de la commune confirment à la fois la prudence de la gestion de l'exécutif (d'une manière générale, relève une étude du centre de recherches conjoncturelles KOF, les ministres des finances de gauche sont plus prudents dans leurs estimations budgétaires que leurs collègues de droite), et l'inutilité des coupes qu'obstinément la droite municipale veut commettre dans le budget. Pour le principe. Pour montrer qu'elle est capable de couper.
Il ne s'agit même pas d'équilibrer un budget qui serait déficitaire, puisqu'il ne l'est pas (le projet du Conseil administratif aboutit à un excédent de recettes), il s'agit seulement de manifester sa mauvaise humeur, sa rogne de n'être majoritaire (et encore : aléatoirement, en accoquinant le PDC au MCG...) qu'au Conseil municipal, face à un Conseil administratif obstinément de gauche depuis une génération, et qui, lui, a les clefs du coffre.
Et cette droite qui reprochait à la gauche majoritaire son "clientélisme" dans l'attribution des subventions, se met à y barboter avec la jouissance d'une grenouille fillonienne dans un bénitier de "Sens Commun", entre deux calculs d'épicerie et une floraison de coupures mesquines -dont on notera une fois de plus qu'aucune ne touche le petit confort des conseillers municipaux, les petits cadeaux qu'ils se font (que nous nous faisons) offrir par la Ville, de l'abonnement général TPG aux repas entre les séances.

Résultat de quatre mois de thérapie de groupe au sein de la commission des finances du Conseil municipal de Genève : une liste d'amendements au projet de budget -des amendements où le dérisoire ne le dispute qu'à l'absurdité. Quel projet politique, quelle concept (par exemple) de politique culturelle, peuvent bien être exprimés par des coupures budgétaires dans les "achats et fournitures" du Fonds municipal d'art contemporain ou des cachets des musiciens de "Musiques en été" ? A quoi rime la suppression d'une subvention symbolique de 6000 francs (sur un budget 1,2 milliard) aux syndicats ? Et on n'insistera même pas sur le sens (celui d'une xénophobie qui n'ose s'avouer telle) d'une subvention à la Croix-Rouge pour l'aide au retour des immigrants illégaux dans leur pays d'origine, payée par une coupe dans la ligne finançant l'aide à l'intégration de ceux qui restent... Il est vrai que le Conseil administratif avait intégré dans son projet des augmentations d'allocations dont le seul énoncé avait de quoi pousser l'extrême-droite (sans laquelle la droite traditionnelle n'est pas majoritaire) à l'apoplexie : un demi-million nouveau pour l'accueil et l'insertion des immigrants, un demi-million supplémentaire pour la solidarité internationale. De pures provocations, en effet.










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