Flicage des assurés : Drôle de priorités

Fliquer les assurés, c'est plus simple que contrôler les assureurs
Les assureurs publics (la SUVA, l'AI) ou privés pourront donc recourir à
des détectives privés, à des surveillances visuelles et sonores, à des
localisations par GPS. Ou plutôt, pourront à nouveau y recourir. Ils le
faisaient déjà, mais en avaient été empêchés par un arrêt de la Cour
européenne des droits l'homme (salauds de juges étrangers !) relevant
l'absence de base légale les y autorisant. Les Suisses ont donc accepté
de la leur donner. Selon la nouvelle loi, l'assuré soupçonné de fraude
pourra être observé lorsqu'il se trouve dans un lieu accessible au
public, mais aussi depuis un tel lieu même lorsqu'il se trouve chez lui
(ou dans un autre domicile privé).
La SUVA (l'assurance-accident) déclare récupérer par la confirmation de
fraudes entre 12 et 18 millions de francs par année menant en moyenne
2400 enquêtes par an (ce qui concerne un seul assuré sur 13'000), dont
seules 150 obtiennent des résultats. Mais combien lui coûteront, pour en
récupérer autant (ou même plus) les détectives privés qu'elle engagera
pour fliquer des assurés sans aucune certitude que cela prouvera qu'ils
ont fraudé ? Et combien lui coûtent déjà ses treize collaborateurs
spécialisés dans la lutte contre la fraude ? Elle assure aujourd'hui
qu'elle exigera des détectives privés "qu'ils travaillent selon les
prescriptions légales en vigueur". C'est supposé nous rassurer ? C'est
pourtant bien la moindre des exigences.
Tirez les rideaux, fermez les volets, baissez les stores, ne sortez pas
de chez vous, écoutez la radio ou la télé avec des écouteurs,
déconnectez votre ordinateur, n'allez plus au bistrot : si vous êtes à
l'assurance (maladie, accident, invalidité), vous pouvez être
surveillés. En revanche, les assurances, elles, ne seront pas plus et
pas mieux surveillées qu'avant. C'est un choix : fliquer les assurés,
c'est sans doute plus simple que contrôler les assureurs. C'était
d'ailleurs le choix des assureurs eux-mêmes. c'est devenu le choix de la
majorité des assurés. Se sont-ils rendus compte qu'ils étaient tous
suspects d'être d'abominables fraudeurs ? sans doute pas : le fraudeur,
c'est forcément l'autre.
On n'en dira pas autant du cocu. Cette bête à corne-là pourra garder les siennes, puisqu'elle y tient.
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