Fonds de tiroir


La « Tribune de Genève » du 14 novembre a interrogé un psychiatre et un psychologue (Panteleimon Giannakopoulos et Sebastien Dieguez) en leur posant (on se demande pourquoi) cette question angoissante : « Le pouvoir monte-t-il à la tête ? » (notons au passage qu'il ne fait pas seulement perdre la tête à celles et ceux qui sont au pouvoir, mais aussi à celles et ceux qui n'y sont pas mais veulent y être, et à celles et ceux qui l'ont perdu et veulent le retrouver). Bonnes feuilles de réponses :
Panteleimon Giannakopoulos : les «personnalités portées vers le pouvoir (sont fréquemment (des) personnes dotées d'une haute estime de soi. (...) Parmi elles, on peut trouver des individus animés par une soif de reconnaissance et un sentiment d'infériorité. (...) Les personnes en quête effrénée de pouvoir ont souvent un problème avec leur propre vulnérabilité. Elles cherchent une armure ».
Sebastien Dieguez : « Le pouvoir agirait comme un poison, déclenchant une série de symptômes, comme la quête narcissique de la gloire, le souhait d'embellir son image, une confiance excessive en son propre jugement, un mépris pour les critiques et les conseils d'autrui, une perte de contact avec la réalité, un isolement progressif, un refus des nuances, une vision messianique de son rôle ».
Ouala. Mais bon, c'est des psys qui causent, hein, c'est des généralités, ça correspond pas à des vrais gens au pouvoir tout ça. Surtout pas à G'n'êêêve.

Elle sert à tout et à tous, la Cour européenne des droits de l'homme, tant décriée par l'UDC. Elle sert même à de bons conservateurs gentiment militaristes comme ce brave zurichois qui y a porté le cas de son fils diabétique, déclaré inapte au service militaire mais qui tenait mordicus à le faire, son service. Une sorte d'objecteur de conscience à la réforme, quoi. Et la CEDH lui a donné raison en reconnaissant la Suisse coupable de violation de l'interdiction de discrimination. Et la Suisse a dû adapter son droit. Et depuis le 1er janvier 2013, les per-sonnes inaptes au services militaire et civil peuvent tout de même l'effectuer avec restrictions médi-cales. Salauds de juges étrangers !

Guillaume Barazzone a utilisé sa carte de crédit de Conseiller administratif en la confondant avec sa carte de crédit personnelle. Luc Barthassat a utilisé sa carte de crédit de Conseiller d'Etat parce que sa carte de crédit perso ne « passait pas ». Faut urgemment former les magistrats démo-chrétiens à l'usage des nouvelles technologies plus si nouvelles que ça.

Nouvelles de la nouvelle pauvreté : Si Pierre Maudet démissionne avant le 29 juin 2019, il aura droit à une indemnité de 437802 francs. S’il démissionne après, il bénéficiera d’une pension à vie de 89161 francs par an. Mais comme avant d'être Conseiller d'Etat il a été pendant cinq ans Conseiller administratif de la Ville de Genève, celle-ci, à son départ de l'exécutif, lui a versé une indemnité de 195327 francs. Bref, pour la collecte, s'il finit par démissionner du Conseil d'Etat, on va réfléchir un peu... Pour le pot de départ, on verra avec avec l'Escobar, s'il est toujours ouvert.

La « Grande Genève », c'était un grand terrain de jeu pour Pierre le Grand. Maudet, donc. Il présidait la plupart des instances trans-frontalières, pas très démocratiques, et en tout cas pas élues par le peuple : le Groupement de coopération transfrontalière, le Comité régional franco-genevois, le Conseil du Léman... Ben il les a perdues, ces présidences. Et c'est Antonio Hodgers qui l'y remplace. La Varappe est proche de la Tour Baudet, quoi (proverbe genevois traduit du latin). On ne sait pas si la Grande Genève s'en portera mieux. Mais on se dit que la région mériterait autre chose que cette mosaïque d'instances plus ou moins notabiliaires, consanguines et cooptées : une véritable assemblée élue par ses habitants et habitants. De Bellegarde à Thonon et de Nyon à Annemasse. Utopistes, on est.

L'enquête sur les casseroles de Pierre Maudet s'étend sur un projet de stade de foot et de 90'000 m2 de bureaux au Grand Saconnex, le long de la route de Colovrex -un projet porté notam-ment par le promoteur Magid Khoury, convoqué par le parquet le 5 décembre dans le cadre de l'enquête sur le fameux voyage de Maudet à Abu Dhabi. Le montage de l'opé-ration du Grand-Sac' implique l'Etat, la commune, les propriétaires de la parcelle et la société Capvest, de Magid Khoury, qui a obtenu des propriétaires une promesse de vente et devrait réaliser les bureaux et parti-ciper pour 18 millions au finan-cement du stade. ça manquait, un nouveau projet foireux de stade, à Genève. Et qu'il soit lié à l'« affaire Maudet » ... comment dire... ajoute à notre propension au ricanement...

Un Conseiller municipal MCG, trouve « complétement ahurissant » que la Ville de Genève paie un forfait téléphonique de 1200 balles par année, avec le téléphone portable qui va avec, à « plus de 4000 col-laborateurs de la Ville de Genève ». Quels collaborateurs ? Ceux qui ont besoin d'être atteint en permanence pour leur boulot, ce qui rend nettement moins « ahurissant » qu'on leur fournisse un téléphone professionnel et un abonnement le faisant fonctionner : les concierges, les policiers municipaux, les pompiers, les travailleurs sociaux hors murs, le personnel du service des espaces verts, les cadres supérieurs... En revanche, le Conseiller municipal MCG ne trouve pas « ahurissant » que la Ville paie une connexion internet, les cartouches de toner des imprimantes, les repas et les abonnements TPG des conseillers municipaux. Ben ouais quoi, on voit toujours mieux la paille dans l'oeil du personnel que la poutre dans le pif des élus...

Le Grand Conseil a voté une proposition du député d'« Ensemble à  gauche » Pierre Vanek consistant à ajouter au serment que doivent prêter les Conseiller d'Etat leur promesse « de ne solliciter, ni d’accepter, pour [eux-mêmes] ou pour autrui, ni directement, ni indirectement, aucun don, avantage ou promesse en raison de [leur] fonction et de [leur] situation officielle. ». On voit vraiment pas ce à quoi ça fait allusion, mais bon, comme dirait Chirac, les serment c'est comme les promesses, ça n'engage que ceux qui les prêtent ou les font. On prête serment pas de tenir son serment...

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