Fonds de tiroir



Le conflit de travail entre les nettoyeurs des toilettes publiques de la Ville et leur employeur (parce que ce n'est pas la Ville qui les emploie, elle a sous-traité à des privés le nettoyage de ses locaux et équipements...) a rendu visible la remarquable ré-partition des tâches au sein du Conseil administratif. On a donc eu trois conseillers administratifs amenés à prendre position : le premier, Guillaume Barazzone, magistrat de tutelle de l'environnement urbain, a refusé d'intervenir, estimant que la Ville n'a pas a intervenir dans un conflit entre une entreprise privée et son personnel. Le second, Rémy Pagani, a apporté son soutien aux grévistes. Le troisième, Sami Kanaan (par ailleurs Maire) est intervenu en médiateur et a organisé une négociation entre les grévistes et le patron. Presque toutes les postures possibles ayant été prises (sauf le soutien explicite au patron, mais c'est parce qu'il n'y a plus de PLR au Conseil administratif depuis le départ de Maudet pour de nouvelles aventures), on peut donc vérifier le champ politique considérable occupé par l'exécutif de la Ville, du j'men foutisme à la solidarité militante en passant par le partenariat social... C'est beau, non ?

Donc, à G'nêêêêve, apu Salon de l'Auto. Mais à la place, y'a « Geneva International Motor Show ». Ouala Et dans vingt ans, quand la Chine sera devenue la première puissance mondiale et la première productrice de bagnoles (en n'en produisant que des électriques) y'aura quoi ? un Che-zhan ? Ben va falloir s'adapter, dis donc...

Faudrait pas croire Pierre Maudet abattu par la réduction de ses responsabilités gouvernementales à une sorte de supervision du dévelop-pement économique, sans pouvoir réel: « Je vais me battre pour l'économie », proclame-t-il dans GHI. Et il se réjouit « de soutenir tous les entrepreneurs qui attendent qu'on leur simplifie la vie », et pas seulement ceux qui veulent ouvrir un bar aux Grottes.D'ailleurs, il garde un droit de regard sur les Ports francs... euh... les ports quoi ? Bon, ceci dit, on aime bien l'hypothèse évoquée par Marie-Pierre Genecand dans « Le Temps » du 30 janvier : « Pierre Maudet a été envoûté, ensorcelé. A l'image des séries B de science-fiction, une force occulte aurait pris possession de son cerveau et dicterait le moindre de ses faits et gestes ». C'est pas Jornot ou Hodgers ou Poggia qui peuvent résoudre le cas Maudet, c'est un exorciste.

A propos de la manif des « Gilets jaunes » français à Genève, le matin du 20 février, la « Tribune de Genève » annonce que « la gauche dure lémanique apportera son soutien ». Y'a donc encore une «gauche dure lémanique» en état d'apporter quoi que ce soit ? Ben ouais : la « Julie » cite le POP vaudois et l'« Ensemble à gauche » genevois. Mais les deux s'excusent déjà : pour le POP, c'est « un peu compliqué de mobiliser à cette heure-ci en semaine » et pour EàG, s'il n'y aura pas beaucoup de monde sur place, c'est à cause des vacances scolaires. Ben ouais, c'est ça, la «gauche dure» : pour la mobiliser, faut que ça soit ni trop tôt le matin, ni pendant les vacances scolaires. Ni le dimanche, ni les jours fériés. Et si possible pas quand il pleut, ni quand il fait froid. Pour organiser la révo-lution, c'est pas Bakounine, Lénine, Mao ou le Che qu'il faut lire, c'est l'almanach du Messager Boîteux...

Donc, le 23 janvier, le Grand Conseil a, à une majorité écrasante (66 voix contre 8 et 15 abstentions) demandé à Pierre Maudet de démissionner : "son pouvoir a été construit sur de l'argent de source non transparente, a résumé Pierre Vanek (Ensemble à Gauche), son "acharnement"a pris les institutions "en otage", a ajouté Thomas Wenger (PS). Aucun élu du PLR ne prend la parole, mais le groupe parlementaire lâche son Conseiller d'Etat unbe semaine après qu'une assemblée générale du parti l'ait soutenu. Le groupe UDC demande la démission de tout le Conseil d'Etat, mais n'est suivi par personne d'autre que ses membres. Résultat ? Un mois plus tard, le canard est toujours vivant. Déplumé, d'accord, mais toujours vivant. En revanche, il n'est plus chroniqueur du "Blick", où il tenait chronique genevoise, "Voix de Genève". L'éditeur du journal explique que l'"Affaire" avait affaibli la position du chroniqueur. Mauvaises analyse : au contraire, elle la renforce. La dernière chronique de Maudet s'intitulait "Vive la Genferei" : quand on tient un chroniqueur qui sait vraiment de quoi il parle, on le garde, non ?

Proverbe genevois : mieux vaut un Procureur qatari à Cologny qu'un Conseiller d'Etat genevois à Abu Dhabi. Donc, le Procureur général du Qata, déjà proprio d'un hôtel partticulier à Paris, se construit un petit palais à Cologny, au bord du lac et aux portes de Genève. Le jour où Jornot se fera construire un chalet à Abu Dhabi, on vous le dira, promis. Quant au palais (une résidence secondaire, mais avec piscine intérieure, arcades mau-resques, salons à la française, porche à cololonnades, garages pour bagno-les de luxe), il a été payé par des fonds dont l'origine est « opaque », nous dit « Le Matin ». Peut-être le Cercle Faouzy-Farid ?

La Ville de Genève a décidé de s'associer à un Appel mondial des municipalités en faveur du Traité d'interdiction des armes nucléaires, appel lancé par la Campagne inter-nationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), Prix Nobel de la Paix, établie à Genève. En s'asso-ciant à son appel, la Ville de Genève prend (elle adore ça...) le contre-pied de la Confédération qui a décidé de ne pas signer cet accord (qu'aucun Etat détenant l'arme nucléaire n'a signé). On entend dans nos quartiers mugir les conseillers municipaux de droite (le brâme du cerf au moment des amours, c'est de la gnognotte, à côté), comme à chaque fois que la Ville se préoccupe d'autre chose que son petit ménage municipal. Et rien que pour en-tendre mugir la droite, on aime bien que la Ville se mêle de ce qui pour la droite municipale ne la concerne pas. D'ailleurs, tout la concerne, non ?

On vous l'a racontée, cette genevoiserie : une juge assesseur s'était endormie pendant un procès en appel pour viol et meurtre, et pendant la plaidoirie d'un avocat de la défense, ce qui avait entraîné la suspension du procès, puis une demande de récusation de la juge. Et ben y'aura pas besoin de la récuser et le procès pourra reprendre en mars : la juge a démissionné. Elle va pouvoir aller se coucher dans un lit. Parce que si la Justice est bien supposée être aveugle, elle n'est pas supposée roupiller. Même à Genève ? Ouais, même...

Le Conseil d'Etat aime invalider. Pas seulement invalider Maudet, mais aussi les initiatives populaires qui lui déplaisent. Alors pour Maudet, on s'en fout un peu, mais pour les initiatives, on se demande si le gouvernment ne se prend pas pour le souverain à la place du Souverain (le peuple, donc). L'initiative pour sauver le « Plaza » lui déplaît ? il l'invalide, pour ne pas risquer de la voir acceptée par le peuple. L'initiative pour récupérer 3,2 milliards sur les cinq accordés par le canton pour sauver la Banque cantonale du naufrage déplaît au mirifique gouvernement de la Parvulissime ? il l'invalide. ça devient une manie. Il se prend pour le sultan d'Abu Dhabi, le gou-vernement genevois ? En tout cas, il déclare, pour justifier l'invalidation de l'initiative, que « l'électeur ou l'électrice ne peut se rendre compte de la portée de l'initiative au moment d'exprimer son vote ». Parce que c'est bien connu, contrairement aux gouvernants, les citoyens sont cons. Sous une forme plus polie, le député Pierre Vanek observe de même que « le Conseil d'Etat prend les citoyens pour des imbéciles ». Ben ouais, la preuve, ils l'ont élu, le Conseil d'Etat...

L’article 124 du règlement du Conseil Municipal de la Ville de Genève impose « en principe » le huis-clos pour les délibérations du Conseil municipal, la confidentialité des travaux des commissions à l’égard de la presse et du public, voire le secret absolu, et la confidentialité des procès-verbaux. Vaste rigolade au temps des smartphones, des ordinateurs portab-les et des réseaux sociaux : de toute évidence, à l’exception de son premier alinéa (qui pose un «principe» dont il ait aisé de se contrefoutre) et de la disposition assignant aux procès-verbaux la fonction de faire état « de l’essentiel des travaux et débats » des commissions, ce qui relève de l'évidence puisque c'est la fonction d'un procès-verbal, cette disposition n’est plus guère qu’une aimable plaisanterie, à ceci près que si le Bureau du Conseil Municipal s’y tenait, il devrait multiplier les dénonciation pénales pour violation du secret des délibérations, ce qui n’aurait sans doute, expériences faites, qu’une efficacité à peu près nulle. Il ne se passe pas de semaine sans que des délibérations, voire des votes, de commissions du Conseil municipal de la Ville  ne soient rendues publiques par les media avant même que les procès-verbaux aient été transmis aux membres de la commission et approuvés par elles et eux. L’évidence du caractère totalement illusoire de l’obligation de confidentialité, et l’impossibilité de la faire respecter, nous a suggéré de proposer de la supprimer du règlement et d’encadrer, tant que faire se peut, la transmission des informations sur les délibérations et les votes des commissions : puisque ces fuites nous dépassent, tentons au moins de les organiser nous-mêmes...

« Le Temps » annonçait début février qu'un congrès international de chirurgie colorectale qui aurait pu se tenir à Genève ne s'y tiendra peut-être pas parce que la Fondation Genève Tourisme & Congrès est toujours placée sous la tutelle de Pierre Maudet. On se gaussait de la rareté des responsabilités que ses collègues avaient laissées à Maudet, on avait tort. Il a beau ne plus surveiller que Genève Tourisme et les Ports Francs, il a toujours une influence internationale déterminante. En tout cas sur la chirurgie du fondement.

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