Conseil municipal de la Ville de Genève : D'une majorité à l'autre...


La majorité du Conseil municipal de la Ville de Genève a refusé hier soir, avec obstination, les propositions de la gauche pour concrétiser la transition écologique (rénover les bâtiments, renforcer la mobilité douce, protéger les sols, replanter des arbres, favoriser des projets innovants par le fonds G’innove, etc.), et tout aussi systématiquement les propositions socialistes destinées à rendre plus transparents le financement des groupes politiques et la rétribution des élus au Conseil municipal, renforcer l'efficacité du fonctionnement même de cet illustre parlement et rationaliser l'octroi d'une aide sociale et le règlement des piscines... Et pourquoi diable cette majorité a-t-elle refusé des propositions qui relèvent pour les unes de l'urgence, pour d'autres de la logique, pour d'autres encore de l'urgence et de la logique ? La réponse est simple : parce que cette majorité est de droite (elle va du PDC au MCG en passant par l'UDC et le PLR). La nécessité d'une majorité de gauche ? Cette droite hétéroclite, distendue, incohérente, devrait à elle seule vous en convaincre...

A qui et à quoi sert la majorité de droite du Conseil municipal ? A elle-même et à rien.

A quoi sert la majorité de droite au Conseil municipal de la Ville ? Quelques exemples devraient permettre de répondre à cette (innocente) question. Parce qu'elle ne sert pas à rien, quoiqu'elle en donnât assez souvent l'impression. Elle sert essentiellement à rendre le Conseil municipal inefficace, improductif, impuissant. Et incohérent.
Les socialistes proposent une augmentation substantielle des investissements, alors que les taux d’intérêt sont négatifs ? La droite le refuse. Elle préfère qu'on investisse quand pour cela on doit payer des intérêts qui enrichissent les prêteurs...

Les socialistes et les Verts proposent de concrétiser la déclaration d’urgence climatique votée  par le Conseil municipal en mai 2019 ? la droite s'y refuse : les grands discours lui suffisent -il ne faut surtout pas leur donner un contenu concret...
Une proposition socialiste demande que les "troisièmes débats" imposés par le règlement du Conseil municipal ou demandés par des élues et élus se fassent en "débat libre", où chacune et chacun puisse s'exprimer ? Le droite la refuse. Parce qu'on sait jamais : il pourrait se dire dans un débat des choses qu'elle n'a pas envie d'entendre. Ou qu'elle est incapable de comprendre.

Une proposition socialiste demande que le Conseil municipal se dote d'une expertise juridique pour éviter que les décisions qu'il prend soient annulées, tronçonnées ou dévaluées par le bailli cantonal parce qu'elles sont contraires à la loi ? La droite refuse : que depuis le début de la législature, des dizaines de décisions du Conseil aient été poubellisées, ou réduites à de simples déclarations sans effet, et que des dizaines d'heures de débats (rémunérés...) n'aboutissent à rien lui convient parfaitement.

Deux propositions socialistes visent, l'une à verser des allocations sociales sous forme monétaire et pas sous forme de bons caritatifs, l'autre à autoriser dans les piscines les tenues de bains déjà autorisées sur les plages ? La droite les refuse : plus un règlement est absurde, plus il lui plaît.

Quant à la question : à qui (et non plus à quoi) sert cette majorité, la réponse est plus simple encore : à elle-même.

Une proposition socialiste demande la publication des décomptes de jetons de présence et des prises en charge gratuites (les abonnements TPG, les billets de spectacles, les connexions internet) accordées aux conseillers municipaux et conseillères municipales ? La droite s'y refuse : l'exigence de transparence s'applique aux autres... Une autre proposition socialiste demande que la Ville ne subventionne les groupes politiques qu'à la condition qu'ils respectent la loi sur l'exercice des droits politiques et aient transmis leurs comptes à qui de droit ? La droite refuse : elle veut bien être subventionnée par la Ville, mais pas que l'on sache qui en outre la subventionne. L'argent n'a pas d'odeur. Même pas celle de Manotel. Une dernière proposition socialiste demande que le Conseil municipal ne puisse augmenter les jetons de présence de ses membres que si une majorité des deux tiers l'accepte ? La droite refuse : c'est aux autres qu'elle veut imposer un blocage ou rémunérations des rémunérations.

Tous ces votes, tous ces refus, ont été prononcés dans une seule et même séance, hier. Ce qu'ils disent, ce qu'ils démontrent, ne fait qu'ajouter à la nécessité d'un changement de majorité au Conseil municipal de la Ville de Genève. Pour redonner à ce Conseil l'utilité et la légitimité d'un parlement au service des habitantes et des habitants de la Ville plutôt qu'au service de ses membres.

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