Fonds de tiroir

 

Rien qu'en août dernier, le Tribunal fédéral a rendu deux arrêts défa-vorables à l'Etat de Genève, après des licenciements injustifiés à l'Office des poursuites. Ces deux arrêts s'ajoutent à deux autres rendus également contre l'Etat, pour des raisons similaires. Et à chaque fois, c'est à la suite de recours déposés par le Département des Finances contre des décisions cantonales le désavouant que le Tribunal fédéral l'a débouté. On est butés ou masochistes, à la rue du Stand ? Le TF n'y va pas avec le dos de la cuillère quand il commente l'un des recours : le Département ne devrait pas se contenter d'affirmations péremptoires et mélanger des éléments de fait et des éléments de droit... Pourquoi on vous raconte ça (que «Le Courrier» de mardi vous raconte plus en détails) ? Parce que nous, en tant que poursuivi régulier, on a intérêt à ce que l'Office des Poursuites fonctionne correctement et pas comme le décrivait un rapport interne : déficit de formation du personnel, manque de mobilité et de polyvalence, défaut de confiden-tialité, fonctionnement «clanique», copinage. Et on aimerait bien que son personnel, voire ses responsables (une des décisions concerne une cheffe de service), ne soient pas traités comme du bétail ovin. Le même rapport interne déjà cité évoque la détérioration de l'état de santé de collaborateurs, des dépressions, des tentatives de suicide... mais relève que les responsables de ces situations, eux, sont maintenus à leur poste ou seulement déplacés à d'autres postes où ils peuvent continuer à sévir sur d'autres collaborateurs... Et forcé-ment, un service public où «la hiérarchie a toujours raison» tant qu'elle n'est pas désavouée par la plus haute instance judiciaire du pays (ou une autre hiérarchie qui a aussi toujours raison...), y'a pas de raison qu'il traite mieux les débiteurs et les créanciers que son propre personnel. Y'a là comme une sorte de solidarité obligée, quoi.

En un mois et demi, à Genève, deux activistes climatiques condamnés ont été acquittés, le premier en appel en octobre dernier (il avait peint des mains rouges sur la façade du Crédit Suisse pour dénoncer les investis-sements de la banque dans les énergies fossiles), le second en première instance  début décembre pour avoir manifesté dans les rues basses. La condamnation d'octobre avait été annulée par une cour d'appel qui avait reconnu que le militant pouvait se trouver en «état de nécessité» du fait de l'urgence climatique, et l'acquittement de décembre a été décidé par le tribunal de police faute de preuves que le militant ne s'était pas conformé aux injonctions de la police. Bref, deux tribunaux genevois ont (sous réserve de recours) reconnu à la fois l'urgence climatique et la liberté de manifestation. Et ne sont pas rangés du côté d'une des deux plus grandes banques du pays ou de la police. C'est marrant, mais des fois, on a l'impression de vivre dans une démocratie...

Le Conseil d'Etat a modifié le règlement d'application de la loi sur l'imposition des personnes physiques (RIPP) pour tenir compte de la loi sur la laïcité de l'Etat (LLE), acceptée en votation populaire le 10 février 2019. Il élargit de cercle des béné-ficiaires de la contribution religieuse volontaire perçue par le canton et restituée aux communautés reli-gieuses et églises. Autrement dit, les trois églises chrétiennes reconnues (église protestante de Genève, église catholique romaine et église catho-lique chrétienne) perdent leur droit exclusif de faire percevoir par l'Etat cette contribution (qui reste évidem-ment volontaire, y'a plus d'impôt écclésiastique ni de dîme religieuse obligatoire à Genève depuis un siècle, et déductible des impôts) et désormais, toutes les organisations religieuses qui en font la demande pourraient, sous conditions, bénéfi-cier de se service. Bon, ben on va créer une église, nous. Dont évidem-ment, on se proclamera prophète et chef suprême, y'a pas de raison. Ou plutôt si, y'en a une : le pognon.

Le Conseil d'Etat genevois a décidé de faire procéder à un nouvel audit des services qui furent ceux de Pierre Maudet avant que le même gouverne-ment les lui retire, faisant de lui le premier (à notre connaissance) ministre sans portefeuille du gou-vernement depuis au moins 150 ans... Un premier rapport d'enquête avait été dévastateur pour Maudet et avait précisément incité ses collègues à lui retirer toutes ses responsabilités (et même à faire changer les serrures de ses bureaux pour être sûr qu'il n'y mette plus les pieds) pour «protéger les collaborateurs» de son ultime service, et éviter des drames (le rapport évoque des passages à l'acte de collaborateurs sur eux-mêmes... ou sur Maudet). Le rapport dénonçait en outre un «usage des personnes et des moyens techniques cantonaux à des fins privées» par Maudet, son «omniprésence menaçante» distillant «la peur» au sein d'un personnel «pris en otage». Pas moins. Kobané sous le joug de Daech, quoi. Mais ce rapport a été  si fortement contesté par Maudet, ses défenseurs et ses partisans que le Conseil d'Etat a mandaté l'ancien juge fédéral Jean Fonjallaz pour «effectuer une analyse structurelle et fonctionnelle du département du développement économique (DDE)», le département qui restait à Maudet, lui a été retiré suite au premier rapport, et ne lui sera pas restitué dans l'attente du deuxième rapport (et de l'élection complémentaire au Conseil d'Etat, à laquelle il est lui-même candidat), contrairement à ce qu'il exigeait par la voix de son avocate. On en pense quoi, nous ? On n'en pense rien. Mais on savoure l'aide que Maudet apporte à la gauche pour la prise de son siège au Conseil d'Etat...

Un match de Champion League de foot entre Paris et Istambul interrompu parce qu'un arbitre roumain a traité de «nègre» un entraîneur adjoint camerounais : le foot nous fera toujours bien marrer...

Alertés, mobilisés, qu'on a été à la lecture de deux papiers du GHI d'avant hier, l'un nous informant que la demande de la Ville d'inscrire l'Escalade au patrimoine immatériel de l'Unescco est «en rade» parce qu'elle est du ressort de la Confédération, et l'autre que les armoiries de la République avaient été placées à l'envers sur la porte de l'Office des Poursuites. En voilà, des enjeux prioritaires, des scandales à dénoncer, aux armes citoyens, tout ça. Et vous savez quoi ? Seuls deux homme sont capables de relever le défi de ces enjeux et de remédier à ces scandales. Comment ça, qui ? Eric Stauffer et Pierre Maudet, bien sûr, qui d'autre ?...



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