Fonds de tiroir

 

La présidente de la Confédération, Simonetta Sommaruga, entre dans le clas-sement des 100 femmes les plus puissantes du monde. Son successeur, Guy Parmelin, espère entrer dans celui des 100 agricul-teurs vaudois les plus puissants de Suisse.

Mise en cause pour ses liens avec le gouvernement burkinabé, la Conseillère nationale verte libérale vaudoise Isabelle Chevalley, qui avait fait intervenir le ministre du Commerce du Burkina Faso pour qu'il dise tout le mal qu'il pensait (comme elle) de l'initiative pour des entreprises responsables de leurs actes, s'est assez maladroitement défendue : «je n'ai jamais touché un franc pour ce que je fais en Afrique». Or elle n'était pas mise en cause pour avoir été payée, mais pour avoir été honorée d'un passeport diplomatique du Burkina et d'une fonction officielle de conseillère du président de l'Assemblée Nationale burkinabé. Et la loi fédérale sur le parlement interdit aux parlementaires fédéraux d'accepter et exercer une fonction officielle pour un pays étranger ou d'accepter de lui un titre ou une décoration. Le Bureau du Conseil national a été saisi de la question et le président de la Chambre doit lui remettre un rapport, mais aucun délai n'ayant été fixé pour cette remise, Isabelle Chevalley (qui ne risque qu'une sanction disciplinaire) n'a pas trop de souci à se faire. Elle peut donc défendre maintenant l'accord de libre-échange avec l'Indonésie. C'est une vocation, quoi.

Mandaté par la radiotélé romande, la RTS pour recueillir les témoignages de collaboratrices et de collaborateurs, toujours en poste ou ayant quitté l'entreprise, sur des faits de harcèlement après les révélations du «Temps», le Collectif de Défense, à Genève, a été contacté par pas moins de 170 personnes en un mois. Ce qui devrait coûter dans les 120'000 balles à la RTS. Des dizaines d'accusations de harcèlement, recueillies par le syndicat des mass media,  sont aussi portées à la radiotélé italophone (la RTSI), et il se pourrait bien que la radiotélé alémanique (SRF) n'échappe pas à la remise en cause du comportement de certains de ses employés, cadres et chefs. Dans la presse écrite, un groupe Swissmediatoo créé par le Collectif RTS 14 juin rapporte sur Instagram les pires phrases et blagues sexistes, misogynes, et gestes et comportements harceleurs dans la presse (mais il reçoit aussi des témoignages venant de la banque, de l'horlogerie, de PME) : c'est un collègue qui demande à une journaliste si elle aime qu'on la fouette, un chef de rubrique contesté par une journaliste qui lui demande si elle a ses règles, un producteur qui lance  à une assistante «salut, bombe sexuelle !», un journaliste de Léman bleu qui s'exclame à l'adresse d'une collègue «viens là que je te sodomise» ou un technicien qui invite en ces termes une journaliste de s'approcher plus près du micro : «imagine que c'est mon sexe, vas-y, vient, tu peux le faire, ma bite ne va pas te mordre»... Bref, y'a encore du boulot pour civiliser les comportements dans les media -et ailleurs : d'autres institutions et entreprises que médiatiques s'avèrent également avoir été le théâtre de harcèlements sexuels, comme l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), où une commission estudiantine spécialisée dans les questions d'égalité des sexes et des genres avait déjà recueilli 120 témoignages il y a une semaine. ). Et les témoignages de sportives harcelées (gymnastes, nageuses, patineuses) s'accumulent.  Faut dire que les «cultures d'entreprise» (au sens large, qui concerne aussi les écoles, y compris celle de sport de Macolin) cultivent surtout, depuis longtemps, la loi du silence et des connivences de chefferies. Le directeur de la RTS assure que «les situations inacceptables décrites notamment dans la presse ne sont pas la norme à la RTS». La norme, peut-être pas. Mais une habitude, sans doute. Et il est peut-être plus difficile de rompre avec une habitude que de révoquer une norme. D'ailleurs, début décembre, le Conseil des Etats refusait encore, à une voix de majorité, que la Confédération lance une campagne d'envergure contre le sexisme. Y'a encore du boulot, on vous dit.

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