Petite enfance : victoire du personnel et pour l'accueil des enfants

 

Printemps référendaire

C'est à 57 % que l'électorat actif du canton a refusé à Genève, dimanche, de dégrader les conditions de travail et de salaire du personnel des structures de la petite enfance, et les conditions d'accueil des enfants et de leurs parents, comme proposait la majorité de droite du Grand Conseil et une poignée de crèches privées, qui ne voulaient s'en tenir qu'au salaire minimum légal (faute de pouvoir l'ignorer) et s'abstraire du respect de la convention collective. En Ville de Genève, où la loi est refusée à presque 60 %,  seuls trois locaux (de droite, évidemment) l'acceptent. Et au plan cantonal, ce sont les parcs à bourges de la rive gauche qui la soutiennent le plus fermement (68 % de "oui" à Vandoeuvres), et les quartiers populaires de la Ville qui la refusent le plus nettement. Un bon gros clivage gauche-droite. Et un avertissement à la droite parlementaire, après ceux des victoires des référendums sur le PAV et le droit au suicide assisté dans les EMS, et avant celle sur les tarifs des transports publics : elle ne peut pas faire n'importe quoi. Ni dans les crèches, ni ailleurs.

On ne défend pas un droit en attaquant celles et ceux qui l'assurent

Il manque des places de crèches à Genève. Il faut donc en créer. "Nous espérons que les collectivités publiques se donneront les moyens pour créer assez de structures d'accueil publiques et subventionnées", précise  Valérie Buchs, du Syndicat SIT : "personne ne croit que ce sont les crèches privées qui permettront de répondre de répondre aux besoins". En effet, elles n'en assurent à Genève que 5 %. Et si des crèches doivent fermer parce qu'elles ne veulent pas respecter les minima salariaux et sociaux conventionnels, "les communes seraient là pour pérenniser les places", comme la Ville de Genève l'a déjà fait, ajoute notre camarade Amanda Ojalvo, présidente du comité référendaire.

Les travailleuses (surtout) et les travailleurs du secteur de la petite enfance ont remporté une victoire, dimanche. Pas seulement pour elles et eux, mais aussi pour les enfants à accueillir et à encadrer, et pour leurs parents. Mais d'autres combats du même genre, et par les mêmes armes, vont peut-être devoir être menés : un projet de loi déposé par l'UDC vise à réduire le taux d'encadrement des enfants par des éducateurs. Le retour au gardiennage, toujours. Et il n'y a pas que des combats défensifs : il y a la poursuite de la municipalisation du secteur en Ville de Genève, et il y aura (mais quand ?) le vote sur l'initiative populaire fédérale lancée par le Parti socialiste pour la création de places de crèche dans tout le pays, afin de permettre aux parents de mieux concilier leurs vies professionnelle et familiale. Car à deux jours du 14 juin, il conviendrait de ne pas oublier que les femmes assument toujours la majeure partie du travail de prise en charge et de soins domestiques, et que cela contraint leurs possibilités d'emploi, à moins de bénéficier d'un accueil de leur enfant en crèche. La garantie de trouver une place de crèche pour les enfants est donc un élément essentiel de l'avancée vers plus d'égalité. Or les places de crèches sont en nombre insuffisant pour répondre à la demande, les possibilités de trouver une telle place, comme d'ailleurs la qualité de la prise en charge des enfants  qui y est offerte, et même son coût pour les parents, dépendent beaucoup du lieu de résidence. L'initiative pose comme principe que les parents ne dépensent pas plus de 10 % de leur revenu pour les places de crèches de leurs enfants, que tout enfant ait droit à une place d'accueil extra-familial et que de bonnes conditions de travail pour le personnel de la petite enfance soient garanties, parce qu'en dépend la qualité de l'accueil des enfants. C'est précisément ce que les Genevoises et Genevois ont reconnu dimanche, en défendant ces conditions de travail et de salaire en même temps que ces conditions d'accueil, et en faisant savoir à la droite qu'il était au mieux absurde, au pire mensonger, de prétendre qu'on allait créer des places en crèche en baissant les salaires de celle (surtout) et ceux qui y travaillent.

L'accueil préscolaire doit être posé comme un droit, au même titre que le droit à l'école. Et on ne défend pas un droit en attaquant les droits de celles et ceux qui l'assurent.


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