Référendum contre la hausse des tarifs TPG

 

Accepter la carotte, refuser le bâton, maintenir le droit de vote

Quand le parlement genevois empoigne le dossier des transports publics et de leur tarification, c'est avec dans une main une carotte et dans l'autre un bâton. Et dans la tête, l'intention de faire payer un possible pas en avant par un pas en arrière. Fondamentalement, ce parlement est opposé à la gratuité des transports publics. Mais il est sensible à l'air du temps, et aux désirs populaires. Alors, après avoir beaucoup tourné en rond autour de la gratuité des transports publics, la majorité du Grand Conseil genevois l'a votée pour les moins de 25 ans domiciliés ou en formation à Genève ou ne disposant que d'un revenu inférieur à un montant que le Conseil d'Etat fixera. En outre, les retraités et les rentiers AI résidant à Genève paieraient leur abonnement moitié prix. C'est la carotte, et elle devrait coûter 31 millions à l'Etat en 2025, 35 millions en 2029. Ce n'est pas la gratuité totale pour laquelle nous militons (et que nous pratiquons), mais c'est déjà ça. Sauf que, dans un deuxième vote modifiant la loi actuelle, le Grand Conseil a décidé de confier au TPG et au Conseil d'Etat, et non plus au Grand Conseil, le pouvoir de fixer les tarifs, avec dans l'idée de les augmenter, pas à pas, sans référendum populaire possible, jusqu'à ce que la réduction accordée aux rentiers soit intégralement bouffée par ces augmentations. C'est le bâton, contre lequel la gauche et le MCG ont lancé un référendum. On accepte la carotte (comme un hors d'oeuvre), on refuse le bâton, on défend le droit de pouvoir voter les tarifs. Et on signe le référendum (à télécharger sur https://ps-ge.ch/wp-content/uploads/2024/06/referendum-tpg-ps-web.pdf).

Pour une fois que quelque chose est moins cher à Genève qu'ailleurs...

Actuellement, la grille tarifaire des transports publics genevois  est inscrite dans la loi, et toute augmentation des tarifs peut donc être combattue par référendum. Cette conquête à la fois démocratique et sociale a été obtenue grâce à une initiative populaire lancée par l'AVIVO, et acceptée par le peuple en 2014. Et trois ans plus tard, une augmentation des tarifs était refusée par le peuple, convoqué aux urnes par un référendum. C'est grâce à ce pouvoir donné à Genève aux usagers des transports publics que leurs tarifs sont plus bas à Genève que, par exemple, à Lausanne (30 % plus chère) ou Zurich (50 % plus chère). Mais pour une fois que quelque chose est moins cher à Genève qu'ailleurs, la droite parlementaire veut dessaisir le parlement du pouvoir de fixer les tarifs des transports publics, pour pouvoir les augmenter sans risquer d'être désavoué après un référendum populaire. Mais ce recul démocratique fait l'objet d'un autre projet de loi que l'avancée de la gratuité, accordée aux moins de 25 ans. On peut donc combattre le recul sans menacer l'avancée -et c'est précisément le but du référendum lancé contre ce qui est, objectivement, une intention de hausse des tarifs TPG, pour compenser la gratuité partielle. Comme si on ne pouvait pas la compenser autrement -par l'impôt, par exemple. Genève a d'ailleurs largement les moyens d'assurer ces tarifs plus bas qu'ailleurs, voire de les baisser plus encore, puisque le canton a les moyens de baisser les impôts...

"La gratuité n'existe pas, ce sera le contribuable qui paiera" ont seriné l'UDC et le PLR. Comme si ce n'était pas déjà le contribuable qui payait l'absence de gratuité accordée à l'ensemble de la population, tout en la payant à quelques privilégiés. Qui paie la gratuité accordée aux députés et aux Conseillers municipaux ?  Certes, dans le cadre légal fédéral actuel, la gratuité totale n'est juridiquement pas possible (les usagers des transports publics doivent contribuer à leur financement), mais une quasi-gratuité l'est : massivement réduit jusqu'à être symbolique, un tarif reste un tarif, une contribution reste une contribution. Le billet à quatre sous, la crousille à l'entrée des bus ou des trams pour une participation financière au montant choisi,  l'abonnement général à dix balles par mois ou cinquante balles par an sont parfaitement concevables. Et à défaut de pouvoir imposer la gratuité générale des transports publics, du moins peut-on accroître au maximum le nombre des groupes spécifiques en bénéficiant.

La gratuité pour les moins de 25 ans, ce n'est qu'un début. Reste à assurer le droit des citoyens et des citoyens à se prononcer sur les tarifs restants. Et à les rendre résiduels. Symboliques. A bien plaire. A not'bon coeur.


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