Qui doit fixer les tarifs des transports publics genevois ?

Au peuple, le dernier mot

Le référendum lancé par la gauche (et le MCG...) contre la loi transférant la compétence de fixer les tarifs des TPG du parlement au gouvernement et aux TPG eux-mêmes, et privant donc le peuple de s'y opposer après un référendum, a abouti et a été déposé le 15 août avec près de 8000 signatures récoltées en pleines vacances. Depuis 2014, grâce à l'adoption par le peuple d'une initiative populaire de l'AVIVO, les tarifs des TPG sont inscrits dans la loi, et donc votés par le Grand Conseil, et donc susceptibles d'être contestés par un référendum populaire. C'est ainsi qu'en 2017, une hausse des tarifs avait été refusée par 53,45 % des votant.e.s. Car la population est, à Genève comme ailleurs, opposée à une hausse des tarifs, qu'il s'agisse de ceux des billets ou de ceux des abonnements. La nouvelle loi, qui veut soustraire la fixation des tarifs à la compétence du Grand Conseil et donc à la possibilité d'un référendum, vise clairement à imposer une hausse des tarifs sans que le peuple puisse s'y opposer. Du moins, sans qu'il puisse s'y opposer autrement que par une resquille massive -et pas seulement par une pratique individuelle, si obstinée soit-elle.

Les petits ruisseaux tarifaire peuvent-ils faire la grande rivière de la gratuité ?

A Genève, les moins de 25 auront droit à la gratuité des transports publics genevois (TPG), et les aînés à une réduction de moitié des tarifs.  C'est un bon début, mais ce ne devrait être qu'un début. D'autant que ce pas en avant, la majorité (de droite) du Grand Conseil veut le faire payer par un pas en arrière : priver le peuple de la possibilité de se prononcer sur les tarifs des TPG, en confiant la compétence de les fixer au Conseil d'Etat et aux TPG eux-mêmes, sans passer par la loi, et donc sans risquer un référendum. Sauf que ce contournement du droit de référendum était lui-même soumis à référendum, que le référendum a été lancé, qu'il a abouti et que du droit du peuple d'avoir le dernier mot, le peuple en décidera lui-même le 24 novembre.

Le plan climat cantonal genevois a pour objectif une diminution de 40 % du trafic motorisé d'ici 2030. Cela suppose un transfert modal vers les modes de déplacement alternatifs. Et du trafic motorisé individuel vers le trafic motorisé collectif, dont l'attractivité ne dépend certes pas seulement des tarifs, mais à laquelle ils ne sont tout de même pas totalement étrangers -surtout pour les catégories les plus pauvres de la population, celles pour qui un ou deux francs de plus par jour, dix ou vingt francs de plus le samedi des courses, cinquante francs de plus à la fin du mois (celle qui tombe le 15 du mois), ça compte... Améliorer, qualitativement et quantitativement,  l'offre de transports publics sans hausse de tarifs (et même sans tarifs du tout pour la plus grande partie possible de la population, puisqu'il paraît que la gratuité générale serait anticonstitutionnelle), tel est bien l'enjeu.

On n'en est pas encore à Genève, ni ailleurs en Suisse, à envisager la gratuité générale, on n'en est encore qu'à envisager la gratuité pour les plus jeunes, au demi-tarif pour les plus âgés, mais aussi à des tarifs maintenus plus bas qu'ailleurs grâce au droit de référendum. Les petits ruisseaux tarifaires faisant les grandes rivières, l'addition des gratuités partielles (pour les jeunes, les vieux, les pauvres, les invalides -liste à compléter...) pourrait bien aboutir à ce que seuls les multimillionnaires colognotes n'utilisant jamais les transports publics soient encore tenus de payer le billet qu'ils ne prennent jamais.

Rêvons-y donc. En pratiquant déjà, chacun pour soi, la gratuité que nous revendiquons pour toutes et tous... après tout, celles et ceux à qui la droite veut confier le pouvoir de fixer les tarifs des TPG sans réplique possible du peuple, ne se sont-ils (et elles) pas accordé à eux (et elles) mêmes, cette gratuité dont ils ne veulent pas pour tout le monde ?

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