Fonds de tiroir

 Selon une étude d'UBS, de moins en moins de ménages suisses ont les moyens d'être propriétaires de leur logement : ils étaient 60 % à pouvoir le faire il y a vingt ans, ils ne sont plus que 15% aujourd'hui. Et il leur faut désormais disposer d'un revenu an-nuel brut d'au moins 150'000 balles alors que le revenu brut moyen suisse est de 115'000 balles. Et à Genève, à Zurich ou en Engadine, il faut même avoir un chti matelas de 300'000 balles. Les banques demandent géné-ralement à un acheteur de pouvoir disposer de 20% du montant de l'achat pour obtenir un prêt immobi-lier, on ne peut utiliser que 10% de son 2e pilier pour acheter un logement et les taux d' intérêt bancaire pour un prêt tour-nent autour de 5 à 7% On peut toujours prospecter dans les coins les moins chers (le nord vaudois, le Jura...) mais la question fondamentale reste la même: «Acheter un logement est de plus en plus difficile», s'alarmait la «Tribune de Genève». Ouais, et alors ? Devenir propriétaire plutôt que locataire, c'est quoi, comme rêve ? ça vaut quoi, comme projet de vie ?

Qui allait devoir se coller l'orga-nisation de l'Eurovision 2025 puisque la Suisse avait gagné celle de 2024 et que c'est toujours le gagnant qui s'y colle ? Genève ou Bâle ? Genève s'y croyait déjà -et paf ! vendredi, la SSR (ce sont les télés publiques qui organisent le machin) a annoncé que ce serait Bâle. Le Rhin plutôt que le Rhône. Consternation chez les pro-moteurs de la candidature genevoise: le Conseil d'Etat, la Chambre de commerce, les hôteliers... plus de retenue à  la Ville, qui en aurait quand même été de quelques millions. Alors, pourquoi Genève n'a pas été choisie ? on accuse les jeunes UDC (ouais, y'en a) qui avaient annoncé qu'elles lanceraient un référendum contre tout crédit de soutien au machin ? C'est idiot: à Bâle aussi, des menaces de référendum (par les protestants intégristes de l'UDF) ont été proférées  L'Euromachin de Turin en 2022 aurait coûté 11,2 millions (de francs ou d'euros) à la ville, dont deux millions de contribution de la région du Piemont, 500'000 euros de la Chambre de commerce et 350'000 de l'agence nationale du tourisme. S'y ajoutent les coûts pour la chaîne télé. Au total, le budget de la chose se situe généralement entre vingt ou trente millions d'euros, sauf celle de Stockholm qui en aurait coûté 36. En 2023, l'édition tenue à Liverpool aurait coûté entre 9 et 19 millions à la BBC, 12 millions au gouvernement central, 2,5 millions à la Ville et 2,5 millions à la région . Et cette année, le budget de l'édition de Malmö tournait autour de 25 millions. Malmö a annoncé qu'elle allait «faire une pause» de candidature à l'Eurovision, au cas où la Suède en regagnerait une édition. Bonne idée : les villes suisses devraient faire pareil, en cas de malheur (de victoire ) à l'édition 2025 de ce concours de daubes.

Jeudi, deux jours après l'annonce par Tamedia de son plan d'éradication de la presse écrite romande et des imprimeries de Lausanne et Berne), «Le Courrier» consacrait une pleine page à la «grève sauvage et victorieuse» des typos à Genève, en 1977. On salue ce sens de la mise en perspective de l'actualité. Et on a une petite pensée pour Christian Tirefort.

Le 22 mars, la majorité de droite du Grand Conseil genevois a adopté une motion demandant au Conseil d'Etat d'interdire l'accès aux établissements scolaires du canton aux associations qui prônent des actions de désobéissance civile, comme Extinction Rebellion. Justifi-cation: l'école doit se limiter à aborder les sujets qui figurent aux programmes d'enseignement, et ce sont les familles qui ont à éduquer les enfants sur tout le reste. Les enfants de familles intégristes (religieusement ou politiquement), racistes, homopho-bes, n'ont donc pas à entendre à l'école d'autres discours que celui qui sourd de la tribu. Développer l'esprit critique des élèves, les confronter à d'autres points de vue que ceux de leurs parents, et puis quoi encore? Bon, appliquer la motion dans l'enseignement secondaire va poser suffisamment de problème pour être impossible, puisque des collégiens sont membres des associations visées, et qu'on voit mal leurs collèges les interdire d'accès... Reste, évidem-ment, les écoles primaires. Mais le bourrage de crâne des enfants par leurs parents, c'est sacré, non ?

C'est en pleine protestation contre le plan de restructuration de Tamedia (Fermeture de deux imprimeries, suppression de 300 postes de travail, réduction du soutien à la presse imprimée au profit des media électroniques) que «Le Courrier» (qui risque fort d'être bientôt le dernier quotidien genevois...) nous rappelle opportunément qu'à Genève, en 1977, les imprimeries s'étaient mises en grève à l'appel du syndicat FST (Fédération suisse des typographes), pris en main par son aile la plus combative. La grève était (déjà.,..) une réponse aux restructurations du secteur, et fut, organisée et massive, la première grève de toute la branche genevoise depuis 1948  (il y avait eu dès 1975 plusieurs grèves d'entreprise, mais aucune grève de branche). La grève de 1977 dura trois jours, fut soutenue par un débrayage de quelques heures des ouvriers imprimeurs lausannois, et s'acheva par la victoire des travailleurs et de leur syndicat. Un enseignement pour répondre à Tamedia ? Peut-être. Sauf que le problème, c'est que les patrons des imprimeries, en 1977, avaient besoin des ouvriers imprimeurs. Alors que Tamedia n'en a plus rien à foutre des journalistes écrivant en français et des ouvriers imprimeurs de Lausanne et de Berne. Alors, qu'ils se mettent en grève, ça lui en touchera une sans faire bouger l'autre, à Tamedia...

Les Chambres fédérales comptent interdire l'utilisation en public de symboles racistes faisant l'apologie de la violence et de l'extrémisme. La proposition a été adoptée contre la seule opposition de l'UDC. Elle sera appliquée d'abord aux symboles nazis, les autres symboles réputés racistes et extrémistes seront concernés quand on les aura identifiés comme tels. On devrait se réjouir du débat que ce choix suscitera mais on craint plutôt une polémique de merde...

Nouvelles des nouveaux pauvres : le PDG d'UBS, Sergio Ermotti, a perçu, en salaire fixe et bonus, 1,4 millions de francs en 2023. Même le PLR Pascal Broulis s'en inquiète: est-ce qu'on ne serait pas «en train de confisquer de l'argent aux action-naires»? Un autre PLR, le président du parti Thierry Burkhart trouve cette rémunération «disproportionnée et choquante», et de nature à «détruire la confiance de la population dans l'économie dans son ensemble». Bon, les actionnaires, on s'en fout, ils n'ont que ce qu'ils méritent. Et de confiance en «l'économie dans son ensemble», on n'en a pas plus que dans la capacité du PLR à s'indigner du pognon que touchent les dirigeants des grosses entreprises. Et puis quoi, il faut bien l'aider à digérer Crédit Suisse, le PDG d'UBS, non, après tout ce qu'on a laissé faire pour qu'UBS se le goinfre...




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