"Réforme"de la "prévoyance professionnelle" : Fini les sondages, place aux votes

Après-demain, on connaîtra le sort que le peuple souverain, celui des citoyennes et des citoyens (et pas seulement des cotisants et des rentiers) aura réservé à la "réforme" de la "prévoyance professionnelle", le funeste "2e pilier" balzacien du système suisse de retraite. Vous ne pouvez plus voter par correspondance, c'est trop tard. Mais vous pouvez encore voter, en allant déposer demain votre bulletin au Service des votations, ou en vous rendant dimanche matin à votre local de vote. A l'ancienne.

Ce ne sont pas les sondages qui font la décision, ce sont nos votes.

On vote sur un projet qu'il faut refuser. Clairement, nettement, décisivement. Pour pouvoir passer à autre chose

C'est le dernier moment pour voter, c'est donc aussi le dernier moment pour rappeler sur quoi on vote.

On vote sur un projet qui ne respecte pas le mandat constitutionnel d'assurer aux retraités un niveau de vie leur permettant de ne pas avoir besoin de recourir à des prestations complémentaires, voire des aides sociales, ni le mandat donné au parlement de maintenir le niveau des rentes tout en modernisant la système.

On vote sur un projet qui va faire cotiser plus, et plus de salariés, pour financer des rentes qui vont baisser (jusqu'à 12 %) par an puisque le taux de conversion en rentes du capital accumulé pendant tout le temps de cotisation va être réduit.

On vote sur un projet qui va pénaliser les cotisants de 35 à 50 ans, ceux dont le salaire se situe autour du salaire médian (6800 francs brut), qui pourraient, selon leur âge, y perdre jusqu'à 271 francs par mois, et tous ceux dont le salaire mensuel dépasse 3300 francs, qui paieront plus en cotisations que ce qu'ils toucheront sous forme de rentes.

On vote sur un projet qui prévoit d'obliger 100'000 salariés et (surtout) des salariées qui jusqu'à présent ne cotisaient pas parce que leurs salaires étaient trop bas, à cotiser. Autrement dit, il réduit leurs (bas) salaires réels (jusqu'à 200 francs par mois) pour constituer un (petit) capital qui produira de (très petites) rentes, mais amènera des centaines de millions de francs dans un système géré par des caisses privées.

On vote sur un projet qui ne change rien à la nature même du système du "2e pilier" : un système du "chacun pour soi et tous pour les caisses".

On vote sur un projet qui ne change rien non plus à l'inégalité qu'entretient ce système entre femmes et hommes. Actuellement, les retraites des femmes sont de plus d'un tiers, en moyenne, inférieures à celles des hommes : arrêts de carrière pour s'occuper des enfants, fréquence des temps partiels, moindre rémunération des métiers traditionnellement féminins, pure discrimination salariale sexiste (19 % de salaire en moins que les hommes), les inégalités se conjuguent les unes aux autres. Et le travail gratuit, celui des tâches ménagères et des soins aux personnes proches, reste majoritairement assumé par les femmes. Le projet soumis au vote n'y change rien.

On vote sur un projet qui ne convient qu'au secteur financier (banques, assurances, courtiers), qui profite déjà largement du système en captant des milliards (plus de 8 milliards par an) provenant des caisses de pension, c'est-à-dire des cotisations des salariés, et qui est d'ailleurs l'auteur réel du projet, pour lequel ses lobbies sont intervenus pour faire bousiller aux Chambres fédérales, par le PLR et l'UDC, un projet précédent, soutenu par le Conseil fédéral, les syndicats et le patronat, qui ne leur rapportait pas assez. Et ne coûtait pas assez aux assurés (qui versent chaque année et chacun.e plus de 1400 francs de frais administratifs aux caisses).

On vote sur un projet qu'il faut refuser. Clairement, nettement, décisivement. Pour pouvoir passer à autre chose : la construction d'un véritable système de retraite solide et solidaire. Pas une épargne forcée : une sécurité sociale.









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