Chasser les locataires pour pouvoir relouer plus cher ?
Logement : Vive la crise ?
Selon un premier sondage sur les intentions de vote à propos des deux modifications du droit du bail soumise au vote populaire le 24 novembre, révisions favorables aux propriétaires et défavorables aux locataires, et combattues par un référendum de l'asloca, un bon gros clivage gauche-droite s'imposerait : les restrictions à la sous-location seraient soutenues par 47 % des sondés et combattues par 42 %, la facilitation des résiliation de baux pour les"besoins propres" des propriétaires refusées par 50 % des sondés, contre 43 % la soutenant. Les divisions entre camps politiques (gauche contre droite) et régions de résidence (villes contre campagnes) sont claires. Et s'expliquent par la plus forte proportion de propriétaires hors des villes -et les propriétaires ont à la fois intérêt à limiter les possibilités de leurs locataires de sous-louer leur logement et à accroître leurs propres possibilités de résilier les baux de leurs locataires. Et tant pis si la crise du logement frappe -elle ne frappe pas les propriétaires. Au contraire, ils s'en nourrissent...
La Suisse est un pays de locataires. Ils ont conquis des droits qu'ils doivent aujourd'hui défendre.
Les locataires suisses paient déjà en moyenne, tous les mois, 380 francs de loyer en trop. Les loyers ont augmenté de 25 % en 20 ans,et représentent désormais un quart des dépenses des ménages de locataires. Qui ont aussi à supporter la hausse des cotisations de caisse-maladie et celle du coût des denrées et fournitures essentielles. Mais les milieux immobiliers et la droite parlementaire ont imposé (contre l'avis du Conseil fédéral, qui va devoir pourtant la défendre -ou au moins faire semblant) une révision du droit du bail qui permettrait de faciliter l'expulsion des locataires de leurs logements, ce qui permettrait aux bailleurs d'augmenter plus encore les loyers, déjà plus élevés qu'ils devraient. Parce que plus il y a de changements de locataires, plus il est facile d'en trouver de nouveaux en leur faisant payer des loyers augmentés. La crise aide -surtout si on l'aide à s'aggraver.
Les deux modifications du droit du bail, soumise
au vote le 24 novembre, vont dans le même sens : celui des
intérêts des propriétaires. Le double référendum lancé par
l'Asloca, et la recommandation de vote de la gauche pour un
double "non", vont aussi dans le même sens : celui des droits
des locataires. Ces droits qu'il est d'autant plus nécessaire de
défendre le mois prochain que d'autres attaques se préparent
contre eux, et que ceux qui veulent les lancer n'attendent que
de gagner dans les urnes en novembre pour les lancer. Une
tactique connue : celle du salami.
La Suisse est un pays de locataires. Ils ont conquis des droits qu'ils doivent aujourd'hui défendre. Celles et ceux qui disposent des droits politiques disposeront donc en tant que citoyens et citoyennes de leurs droits de locataires. Qu'ils n'oublient pas, en les défendant, qu'ils ne défendent pas leurs seuls droits, mais aussi ceux des locataires étrangers, qui ne peuvent pas voter : ceux là comptent sur nous pour qu'en nous défendons, nous, nous les défendions eux aussi.
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