Enfin des budgets participatifs en Ville de Genève ?
Petit premier pas
Mercredi, le Conseil municipal de la Ville de
Genève, dans un mouvement d'une rare humilité pour qui connaît
l'écosystème politique genevois, a accepté de suivre
(prudemment) l'exemple de la Ville de Lausanne, et d'accorder un
crédit de 200'000 francs au Conseil administratif pour financer
un projet pilote de budget participatif dans le quartier des
Pâquis. Le vote respecta fidèlement le clivage gauche-droite (la
gauche a voté pour, la droite a voté contre). Et fut acquis
malgré un manque perceptible d'enthousiasme du Conseil
administratif (de gauche), à qui une heure de débat n'avait pas
permis de faire comprendre la différence entre le budget
participatif que nous proposions et la consultation de la
population sur des projets de la Ville.
Faire confiance aux habitantes et aux habitants
La séance plénière du Conseil municipal de Genève,
mercredi, avait commencé par adopter la demande de la gauche
d'accorder une aide de 500'000 francs à la Croix-Rouge
libanaise. La droite n'avait, pour une fois, pas osé s'opposer à
une telle demande, le PLR se contentant de s'abstenir, mais
avait ressassé son discours localiste : on n'est pas élus pour
s'occuper des tragédies du monde mais pour travailler dans le
concret local et le vécu des habitants. Comme si l'un et l'autre
étaient exclusifs et contradictoires. Mais lorsqu'une
proposition de la gauche consistant, précisément, au plus près
du bitume municipal, à accorder aux habitants de modestes moyens
pour améliorer la vie dans leur quartier, elle a voté contre.
Nous proposions donc un projet pilote de budget
participatif de 200'000 francs, pour les habitants des Pâquis.
Un projet pilote, pour pouvoir en évaluer les effets , à
commencer par la réponse qu'y donneront les habitants. Et une
fois cette évaluation faite, et si elle est positive, la
démarche pourra être élargie aux autres quartiers, et
pérennisée. Ce projet pilote est proposé pour les Pâquis, parce
que le tissu associatif y est dense, que les associations y sont
nombreuses et actives, que l'engagement militant y est fort, et
que les besoins et les possibilités de petits aménagements
proposables et réalisables par les habitantes et les habitants
eux et elles mêmes y sont nombreux. Ces aménagements, ou tout
autre projet concernant le quartier, seraient présentés par les
habitantes et les habitants, et réalisés avec l'appui de la
Ville. On ne laissera ni les habitantes et les habitants sans
soutien logistique, ni la Ville faire ce qu'elle veut. Les
projets peuvent être de tous les types, dans tous les domaines,
avec la seule limite de l'enveloppe budgétaire globale, fort
modeste (un millième du boni de l'année dernière) et de chaque
enveloppe spécifique, plus modeste encore. Enfin, cette démarche
de budget participatif est centrée sur un espace, un quartier,
pas sur un groupe social ou sur un type d'équipement.
200'000 francs pour un projet pilote sur un an,
20'000 francs par projet, ce n'est pas cher pour un peu plus de
démocratie locale, directe et concrète, et pour une reconquête
de l'espace public par les habitants. Parce que c'est bien de
cela dont il s'agit par les budgets participatifs : de la
reconquête d'un espace public qui a été progressivement, pour
une part privatisé (notamment par le stockage des véhicules,
mais aussi par le commerce et les trafics), mais aussi, pour une
autre part, administré par le Municipalité, c'est-à-dire le
pouvoir politique.
On ne fera pas avec 200'000 francs par an et
20'000 francs par projet de la Genève de 2025 quelque chose qui
ressemblerait à la Barcelone de 1936. Et on le regrette. On ne
fera que donner un peu de moyens aux habitants d'un quartier
pour faire dans leur quartier quelque chose dont ils ressentent
l'absence, ou l'insuffisance, ou la malconception. Et dans une Ville qui met haut dans ses discours la
démocratie locale et son propre aménagement pour sa propre
population, ce n'est pas trop demander. C'est même trop peu
demander. Mais faire moins, ce serait ne rien faire. Et surtout,
ce serait ne pas faire confiance aux habitantes et aux
habitants. Et nous leur faisons confiance.
C'est quoi ces projets à 20'000? que va-t-on faire avec cet argent? du participatif? j'aimerais simplement comprendre.
RépondreSupprimer