Genève : Recours contre la gratuité partielle des transports publics
Sortie de voie PLR
Deux députés PLR, Yvan Zweifel et Adrien Genecand,
affirmant ne pas agir au nom de leur parti mais en défendre tout
de même la ligne, ont déposé recours devant la Cour de Justice
contre l'octroi par le Grand Conseil genevois de la gratuité des
TPG aux moins de 25 ans et d'une réduction de moitié du prix de
l'abonnement pour les plus de 65 ans. Selon les recourants,
cette gratuité et cette semi-gratuité concerneraient en-semble,
43 % de la population, alors que, selon les deux comparses PLR
et un avis de droit, la gratuité ne devrait pas être accordée à
plus de 20 % de la population (ce que ni la loi, ni la
constitution ne spécifient, la constitution fédérale se
contentant de prévoir que «les prix payés par les usagers des
transports publics couvrent une part appropriée des coûts»
-c'est combien, une «part appropriée» ?). Avec la décision du Grand Conseil, la majorité des
usagers continueraient certes à contribuer "de manière
appropriée" au financement des transports publics genevois,
comme l'exige la constitution fédérale. mais peu chaut aux
députés PLR ayant fait recours contre la décision de gratuité
partielle prise par le Grand Conseil : c'est à la gratuité en
tant que telle, même réservée aux moins de 25 ans, qu'ils en
ont.
Avec la resquille, la question de la légalité ne se pose plus
Telle que décidée par le Grand Conseil, et
attaquée en justice par deux députés PLR, la gratuité des
transports publics genevois resterait partielle, sélective,
conditionnelle : pour en bénéficier (dès le 1er janvier, sous
réserve d'un effet suspensif accordé aux recourants PLR), il
faudrait non seulement, évidemment, habiter le canton ou y
suivre une formation, mais aussi avoir moins de 25 ans et ne
disposer que d'un revenu déterminant (RDU) inférieur à 50'000
francs annuels (la même limite que celle posée pour l'obtention
de subsides d'assurance-maladie). Comme seuls 3 % des moins de
25 ans ont un revenu supérieur à 50'000 francs, ça n'exclut
guère que les fils et filles de familles friquées. Quant aux
retraités et invalides, ils auront droit à une réduction de
moitié du prix de leur abonnement, mais pas à la gratuité. Sauf,
bien sûr, s'ils font partie des quelques centaines, voire,
peut-être, quelques milliers, de privilégiés à qui leur
employeur, ou le canton, la commune ou la Confédération font
cadeau d'un abonnement...
Le PS voit dans le recours des deux PLR une «démarche révoltante qui vise une nouvelle fois à affaiblir le pouvoir d'achat des Genevois», Pierre Maudet déplore la «judiciarisation d'un débat politique tranché » et une "attaque en règle contre la classe moyenne" et le PLR est bien emmerdé. Si les deux recourants obtienne l'effet suspensif qu'ils réclament, l'entrée en vigueur de la gratuité et de la réduction du prix de l'abonnement serait reportée. A six mois des élections municipales, et à deux mois d'une votation sur des baisses fiscales, c'est pas très malin de la part de députés PLR qui, eux, ont droit à la gratuité qu'ils refusent aux autres... "c'est inopportun (et ça) accrédite l'idée que le PLR est un parti de nantis", soupire un autre député PLR, le directeur de la Chambre de commerce, Vincent Subilia, et «on s'en serait bien passés», ajoute la candidate PLR au Conseil administratif de la Ville de Genève, Natacha Buffet-Desfayes... Se passer de qui ou de quoi ? Des deux députés ou de leur recours ?
A défaut de gratuité totale, peut-on envisager une
addition de gratuité spécifiques (pour les jeunes, les
retraités, les invalides, les chômeurs, les pauvres) dont
pourrait bénéficier la majorité de la population ? On le peut.
Et, faute de mieux, on le devrait. La gratuité totale telle que
nous la proposons tout de même (et la pratiquons) ne serait juridiquement
(constitutionnellement) pas possible ? soit. Mais une gratuité
partielle, ou une quasi-gratuité devrait l'être. Parce qu'un
tarif reste un tarif et qu'on n'est donc plus dans la gratuité
totale. Le billet à quatre sous, l'abonnement général à dix
balles par mois ou cinquante balles par an sont donc
concevables. Comme d'ailleurs la resquille, parce que là, la
question de la légalité de la gratuité ne se pose plus,
puisqu'on y a déjà répondu : la preuve par l'acte, y'a que ça de
vrai.
Commentaires
Enregistrer un commentaire