Une pétition pour le maintien du financement suisse de l'UNRWA


Remonter une mauvaise pente

La Suisse envisage de mettre fin à son financement de l'UNRWA, l'agence de l'ONU qui apporte à six millions de Palestiniens et de Palestiniennes l'aide nécessaire  à leur survie, et qui, pour cette raison même, est dans le collimateur d'Israël, puisque l'existence même de l'agence exprime la légitimité du droit des Palestinien.ne.s au retour en Palestine s'ils en ont été chassés, et à y rester s'ils ont réussi à y rester. Le Conseil national, préférant suivre les mot d'ordre du gouvernement israélien que les recommandations du gouvernement suisse (pourtant peu suspect de complaisance à l'égard des Palestiniens) a voté une motion exigeant de supprimer tout soutien à l'UNRWA, et le Conseil des Etats va bientôt se prononcer à son tour.  Une lettre ouverte lui demande de ne pas s'engager sur la même mauvaise pente que le Conseil national et une pétition faisant la même prière à la même Chambre a été lancée, pour qu'elle ne ratifie pas l'abandon de toute solidarité avec un peuple qui n'a que l'ONU et l'UNRWA comme garants -ce dont le gouvernement israélien est parfaitement conscient, au point de les prendre désormais l'un et l'autre pour ses ennemis,en tirant sur des casques bleus de l'ONU au Liban, en déclarant le secrétaire général de l'ONU persona non grata en Israël... et en oubliant que l'Etat d'Israël doit son existence légale à un vote de l'ONU.

On peut signer la pétition demandant le maintien du soutien suisse à l'UNRWA sur https://act.campax.org/petitions/pour-le-maintien-du-financement-de-la-suisse-a-l-unrwa

Sauver un peu de l'honneur de la Suisse

Le 18 septembre dernier, l'Assemblée générale de l'ONU adoptait une résolution exigeant qu'Israël mette fin à l'occupation des territoires palestiniens sur lesquels elle s'impose, et poursuit une colonisation déjà condamnée par l'ONU. La Suisse s'est abstenue lors du vote de la résolution, au pitoyable prétexte qu'elle allait trop loin -elle n'allait pourtant que là où les premières résolutions de l'ONU sur Israël et la Palestine demandaient qu'on aille : vers la création d'un Etat palestinien aux côtés (et non face à face) de l'Etat d'Israël. Et quelques jours avant cette courageuse abstention de la Suisse, le Conseil national votait la suspension du soutien suisse à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens. Or la Suisse a été mandatée par l'ONU pour organiser une conférence sur le conflit au Moyen-Orient. Mais qelle Suisse ? celle qui s'abstient, ou celle qui se range dans le camp de ceux qui bombardent Gaza et le Liban, y détruisent écoles et hôpitaux, tue les membres du personnel de l'UNRWA à Gaza et tire sur les casques bleu au Liban ? Ou alors, la Suisse qui assume le rôle et le devoir humanitaire dont elle se targue ? La Suisse garante des Conventions de Genève ? La Suisse des appels à maintenir le financement à l'UNRWA ? La Suisse de la Municipalité de Genève, qui a auditionné le Commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, à qui la Ville a réaffirmé son «soutien à l’activité essentielle menée par l’organisation à Gaza».  «Préoccupée par le sort des populations locales et inquiet de l’affaiblissement du soutien accordé à l’organisation par plusieurs pays donateurs» (dont la Suisse), la Ville de Genève avait au printemps accordé une aide exceptionnelle de 500'000 francs à l’UNRWA pour l’aider à pallier le manque de ressources auquel il fait face. Genève a ainsi (avec d'autres) un peu contribué à sauver un peu de l'honneur de la Suisse...

Du verbe "nier", on tirera le substantif "négationnisme"

La Suisse avait déjà décidé de réduire de moitié sa modeste contribution de 20 millions de francs au financement de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (l'UNRWA), après qu'Israël ait accusé l'agence d'être manipulée par le Hamas et une douzaine de ses employés (sur 13'000) d'être complices du pogrom du 7 octobre... Pour répondre à cette accusation, la documenter ou l'infirmer, un rapport a été demandé par l'ONU à l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna afin d'évaluer l'implication d'employés de l'UNRWA avec le Hamas. Rendu le 22 avril, Il disculpe largement l'agence des accusations de connivence avec le Hamas, et s'il reconnaît que l'agence manque de neutralité (manque inévitable, puisque elle a pour mission d'être aux côtés des Palestiniens), il conclut qu'aucun lien avec le Hamas n'a été établi, sauf ceux rendus nécessaires par l'accomplissement des tâches de l'agence (l'aide humanitaire, les écoles, les hôpitaux) dans un territoire contrôlé par le Hamas. Le rapport confirme surtout que l'UNRWA est indispensable et irremplaçable à Gaza. Israël a bien entendu récusé le rapport qui récusait ses propres accusations, mais ça n'a pas arrêté la droite parlementaire, qui considérait que réduire de moitié la contribution suisse à l'UNRWA c'était encore en laisser trop. Les 50'000 morts à Gaza, sans compter les disparus et les centaines de milliers d'expulsés d'une ville en décombre,  il fallait les effacer d'un trait de plume . Or il n'y a pas d'organisation de substitution à l'UNRWA pour l'aide aux Palestiniens de Gaza, des territoires occupés et à ceux sous autorité palestinienne, de Jordanie, du Liban et de Syrie.  Le nouveau Directeur général (du CICR), Pierre Krähenbühl a dû rappeler que le CICR n'a pas vocation à remplacer l'institution onusienne, que la première à reçu son mandat des Conventions de Genève alors que la seconde a reçu le sien de l'Assemblée générale de l'ONU.

La Suisse ne soutient donc déjà  plus l'UNRWA qu'à raison de 10 millions de francs par an. C'est moins que ce que la seule Ville de Genève consacre à son opéra, mais c'est encore trop aux yeux de la droite du Conseil national. Or l'évidence est là, que les Palestiniens n'ont jamais eu autant besoin d'une aide humanitaire (et politique aussi, mais n'en demandons pas trop à la Suisse...) et que les six millions de réfugiés palestiniens au Liban, en Syrie, en Jordanie et dans les territoires palestiniens colonisés dépendent littéralement de l'UNRWA pour survivre. Et continueront d'en dépendre tant qu'un Etat palestinien ou qu'un Etat "binational" israélo-palestinien n'aura pas été institué. C'est pour repousser aux calendes bibliques ce projet, soutenu par une écrasante majorité des Etats membres de l'ONU, qu'on assiste à des  tentatives récurrentes de démanteler l'UNRWA. 

"Il n'y a pas de peuple palestinien", aurait dit Golda Meir, il n'y a donc pas besoin d'une agence pour en aider un -et même, l'existence d'une telle agence ferait croire qu'il y en a un -il est là, le crime de l'UNRWA pour le gouvernement d'Israël... Or il y a un peuple palestinien, et si une part considérable de ce peuple est exilée, et une autre est sous les bombes, les missiles et les drones, ce n'est tout pas du fait de l'UNRWA... Il y a une diaspora palestinienne, il y a eu une Naqba, démanteler l'UNRWA ou l'assécher financièrement ne changera pas cette histoire, mais ne fera que la nier.
Et du verbe "nier", on tirera alors le substantif "négationnisme".

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