Votations fédérales, cantonales et municipales : Mieux, ce serait trop
N'étaient l'acceptation de la "réforme" EFAS du financement des soins et, à Genève, celle des cadeaux fiscaux proposés par la droite, on a finalement passé hier un bon dimanche de votations. Et encore : la réforme EFAS a été refusée à Genève comme dans toute la Romandie, et il s'en est fallu de peu que les cadeaux fiscaux de la droite cantonale l'aient également été en Ville de Genève, où la majorité des arrondissements électoraux se prononcés contre, et qui n'ont finalement été refusés que du fait du différentiel de participation entre locaux de droite et de gauche. Quant à la passerelle du Mont-Blanc, on n'en pleurera pas l'avortement, vu qu'on n'y voyait qu'une tentative d'aménagement de la priorité données aux bagnoles sur le pont... Bref, heureusement qu'on n'a pas tout gagné, hier : quelques petites défaites dans une marée de victoires, ça évite de se prendre pour ce qu'on n'est pas -des incarnations du peuple souverain...
Etre citoyen plutôt que sujet, et militant plutôt
que militaire
NON à l'élargissement des autoroutes, NON et NON
aux restrictions des droits des locataires, NON au privilège
référendaire donné aux propriétaires genevois, NON à la perte du
droit de référendum contre les augmentations de tarifs des TPG,
NON à la passerelle piétonne du Mont-Blanc, OUI à "Zéro Pub" à
Lancy, NON en Romandie au financement uniforme des prestations
médicales... N'en jetez plus, notre coupe est presque pleine (le
"presque" tenant à l'acceptation d'EFAS au plan fédéral, et à
celle des cadeaux fiscaux au plan cantonal), avec, à Genève (et
Lancy), sept victoires sur huit objets). Faire mieux, ce serait
trop bien faire.
Le refus de l'élargissement des autoroutes dit
bien (surtout si on y ajoute le refus local de la passerelle du
Mont-Blanc) l'urgence de repenser complètement les politiques de
mobilité. On se satisfera de ce qu'une possible majorité du
corps électoral actif ait compris qu'une route de plus, c'est du
trafic en plus. Le NON d'hier tient au moins en partie à cette
prise de conscience -que n’accepte pas l'UDC, qui veut punir les
cantons qui ont refusé d'élargir les autoroutes (dont tous les
Romands, y compris ceux concernés, Vaud et Genève, par l'un des
projets) en les privant d'investissement routiers fédéraux. Ce
n'est pas une menace, c'est une promesse de cadeau. Surtout si,
comme le craint Mauro Poggia, cela devrait définitivement couler
le navrant projet de traversée routière du Petit-lac de
Genève...
Le double refus des modifications du droit du bail
est une double victoire, pour les locataires qui continueront à
disposer du droit (conditionnel, certes) de sous-louer leur
logement, et ne seront pas encore plus menacés qu'actuellement
d'une résiliation de bail au bon plaisir de leur propriétaire. A
cette double victoire (qui n'efface pas le risque de la
continuation de l'offensive des milieux immobiliers contre les
droits des locataires), acquise grâce au vote des villes
s'ajoute le refus à Genève d'une modification de la loi sur les
zones de développement, qui accordait aux propriétaires fonciers
des périmètres concernés par un plan localisé de quartier le
privilège de lancer, à eux seuls et à quelques uns, un
référendum municipal qui exige pour tous les autres habitants la
récolte de centaines ou de milliers de signatures. Le suffrage
censitaire ne sera donc pas rétabli par la bande à Genève.
Troisième victoire cantonale celle-là, celle qui
coule le projet du gouvernement et de la droite de priver les
citoyens du droit de se prononcer sur les tarifs des TPG, et
maintient ouverte la voie de la gratuité, partielle ou totale
des transports publics.
Quelques défaites honorables calment cependant nos velléités de triomphalisme. La réforme du financement des soins médicaux est passée au plan fédéral -mais avec un solide Röstigraben : Genève l'a clairement refusée, comme tous les cantons romands. La complexité du sujet a peut-être poussé, dans le doute, à faire confiance à ceux qui évoquaient une rationalisation du système.
A Genève, les cadeaux fiscaux proposés par la
droite ont été acceptés, mais en Ville de Genève, la majorité
des arrondissements électoraux les ont refusés (ils n'ont été
acceptés au plan municipal que du fait de l'inégalité de
participation au vote entre arrondissements de gauche et
arrondissements de droite : 57 % de participation à
Florissant-Malagnou, 45 % aux Acacias...). Les impôts directs de
celles et ceux qui ont assez de revenu (voire de fortune) pour
devoir en payer vont donc baisser. Surtout pour les hauts
revenus, évidemment (c'est un projet de droite...). On a fait le
calcul : on y gagne le prix d'un café par semaine au bistrot du
coin.
Et puis, il y a deux votations communales dont
nous saluerons le résultat de l'une et ne nous plaindrons pas de
celui de l'autre : à Lancy, la gauche a réussi ce qu'elle
n'avait pas réussi en Ville de Genève, interdire la publicité
commerciale dans l'espace public. Et ça nous encourage à
reprendre le flambeau de "Zéro Pub" en Ville. Et puis, en Ville,
précisément, le projet de passerelle piétonne parallèle au Pont
du Mont-Blanc a été refusé, comme un refuse un emplâtre de
mobilité douce sur la priorité toujours accordée au transport
automobile privé.
On résume ? On résume : on a plutôt passé un bon dimanche référendaire. Tout gagner eût été trop gagner, il faut savoir se garder un petit coin de jardin politique où être minoritaires et où pouvoir prendre avec nos propres mots d'ordre et avec ceux de nos partis, et même avec le prononcement populaire, la distance légèrement stirnérienne qui fait de nous des citoyen.ne, non des sujet.te.s, et des militant.e.s, non des militaires.
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