Fonds de tiroir

 L'administration Biden a autorisé la fourniture à l'Ukraine de mines antipersonnel interdites par une con-vention internationale,celle d'Ottawa (1997), que les USA, il est vrai, n'ont pas signée, pas plus que la Russie. Mais que l'Ukraine, elle, a signée. Les USA ont donc autorisé l'Ukraine à violer sa propre signature. Et à poser des mines là où les USA eux-mêmes ont versé 182 millions de dollars à l'Ukraine pour le déminage. Les mines anti-personnel, cette «armes des lâches», tuent et mutilent aveuglement pendant des décennies (en Algérie, des hommes, des femmes et des enfants sautent encore sur des mines françaises vieilles de plus de soixante ans).  84 % des victimes de ces mines dans le monde sont des civils, dont 35 % d'enfants. En 1999, alors que la Convention d'Ottawa venait d'entrer en vigueur, les mines antipersonnel avaient fait 25'000 victimes (blessées ou tuées), en 2023, elles en faisaient encore 5757, dont 580 en Ukraine, pays dont le quart du territoire est pollué par ces saloperies et par des munitions non explosées. On résume ? On résume : les USA, ont versé 182 millions de dollars à l'Ukraine pour déminer son territoire mais l'aut-risent à y poser des mines anti-personnel interdites par une Conven-tion que l’Ukraine a signée, la Russie accuse les USA de prolonger une guerre que la Russie elle-même a déclenchée, et dénonce un usage possible par l'Ukraine de mines antipersonnel dont elle-même fait massivement usage. Ouàlà, c'est un petit signe de l'état du monde tel qu'il est. Et des cadeaux de Noël tels que les maîtres du monde les distribuent.

Allez, on revient, pour le plaisir (un peu pervers, certes) sur la dernière Genferei en date: la réforme de l'impôt auto. En mars dernier, le bon peuple avait accepté une loi cantonale «pour une imposition écoresponsable et équitable des véhicules motorisée», contre-projet à une initiative UDC qui demandait une réduction de moitié de la taxe auto. La loi soumet les véhicules thermiques à une imposition en fonction de leurs émissions de CO2, et les véhicules électriques ou à hydrogène à une imposition en fonction de leur poids à vide. Résultat: les propriétaires de véhicules électriques ou hybrides pas trop gros sont gagnants, ceux de véhi-cules à essence sont perdants, surtout s'il s'agit de bagnoles de la fin des années '90 et du début des années 2000, alors que le bilan énergétique et environnemental de leurs bagnoles est bien meilleur que celui des voitures neuves, fussent-elles électriques, si on tient compte de la production des unes et des autres et de tout ce qu'elle rejette dans l'air, l'eau et les sols.  Et comme la taxation est progressive avec les émissions, celle d'une VW Polo à essence de 2001 passera de 210 à 750 balles, celle d'une Citroën Evasion de 1998 de 297 à  2100 balles, celle d'une Chrysler Voyager de 1998 de 425 à 3900 balles, celle d'une Land Rover Discovery de 561 à 4322 balles... Mais y'a quand même des gagnants chez les propriétaires de bagnoles de lux : ceux d'une Bugatti Chiron (un truc qui vaut trois millions) économiseront 6000 francs...  Et au final, on ne sait plus vraiment s'il s'agit de taxer les bagnoles pour leur effet sur l'en-vironnement ou d'encourager les pos-sesseurs de bagnoles à essence un peu anciennes d'en acheter de nouvelles, électriques. S'ils en ont les moyens. Faut dire que les députés qui ont voté le contre-projet de loi et les associations et les citoyens qui l'ont accepté ne disposaient que de projections fiscales globales et de quelques exemples. Le Département de Pierre Maudet, en charge des mobilités, renvoie la faute aux députés, qui la renvoient à Pierre Maudet, qui chantait les mérites de la loi en mars pour la condamner en novembre et se défausse sur son prédécesseur Serge Dal Busco (qui lui ne peut plus se défausser sur personne) et égratigne au passage les services de sa collègue Nathalie Fontanet qui lui renvoie la baballe. C'est plus une taxe auto, c'est une patate chaude. 

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