Fonds de tiroir

Dans son numéro du 18 décembre, le «Journal de l'Immobilier», qui fait campagne pour la candidate du PLR, Natacha Buffet Desfayes, assure qu'«on ne parle que d'elle» et qu'elle a «tout pour arracher, le printemps prochain, un fauteuil à l'une des gauches les plus doctrinaires de Suisse». D'abord, on est vexés: on n'est pas «l'une» mais LA gauche la plus doctrinaire de Suisse. Non, mais... Ensuite, le «on ne parle que d'elle» doit faire référence aux bureaux de la rédaction du canard des milieux immobiliers, parce qu'ailleurs, franchement, on n'entend pas grand' chose. Enfin, si elle devait «arracher un siège», ça serait sans doute pas à la gauche, mais plutôt au Centre (le seul siège de la droite). Et même ça, c'est pas le plus vraisemblable, vu que la centriste Marie Barbey-Chappuis béné-ficiera de l'apport des voix vertes libérales et, au deuxième tour, de voix de gauche, comme il y a quatre ans, d'autant qu'elle a plutôt fait un bon travail. Mais bon, on va pas empêcher le canard des milieux immobilier, ou GHI, de faire tourner leurs moulins à prière: si ça peut leur éviter la déprime, ça fait de mal à personne.

Donc, le 7 janvier, le jour même de l' hommage à «Charlie Hebdo» pour les dix ans du massacre de sa rédaction, Jean-Marie Le Pen a cassé sa pipe. Ou sa gégène, on sait pas. Il avait 96 ans. Le Premier ministre François Bayrou a trouvé judicieux de le qualifier de «combattant», et le président du Ras-semblement National, héritier du Front National que Le Pen père avait fondé, en a fait un «visionnaire». C'était surtout une sorte de vestige de la France d'avant. La France pétainiste. Il était homophobe, xénophobe, islamophobe, raciste, antisémite. Et tortionnaire quand il était para dans la Légion Etrangère, en Algérie. Il avait reconnu en 1962, dans «Combat», avoir torturé «parce qu'il fallait le faire». Puis a passé le reste de sa vie à nier l'avoir fait, alors que les preuves qu'il l'avait fait s'accumulaient. Mais il n'en continuait pas moins à justifier l'usage de la torture (il parlait de «la question»...) pour «extorquer des renseignements de tueurs organisés qui frappent aveuglé-ment». Et de toute façon, c'est le torturé qui décide si on doit continuer à le torturer ou non: «s'il parle, son malheur s'arrête». Quant à l'anti-sémitisme et au négationnisme («une opinion» comme une autre), c'est aussi une constante chez lui. Et leur dénon-ciation, ou celle des profanations de tombes juives, ce n'est rien qu'un coup monté du «lobby juif qui a besoin de se faire un crédit moral ou financier». Et de toute façon, le bilan du nazisme est globalement positif : «le contenu social de la révolution national-socialiste a été considérable». Un combattant et un visionnaire, on vous dit.

En dix jours, depuis l'introduction  à Genève de la gratuité totale des abonnements (pour les jeunes) et de la réduction de moitié de leur prix pour les retraités et les invalides,  plus de 25'000  nouveaux abonnements TPG ont été donnés aux moins de 25 ans et près de 6000 vendus à moitié prix aux plus de 65 ans et aux invaldes. Qu'en disent ceux qui depuis des années clament, face aux propositions de gratuité générale ou partielle, que ce n'est pas le prix des transports publics qui influe sur leur utilisation ?

On aurait bien aimé être pompier à Chêne-Bougeries, plutôt que pyromane à Onex, finalement. A Chêne-Bougeries, on a découvert un carnot-zet secret dans la caserne des pompiers révèle la «Tribune de Genève» du 8 janvier. En juin, déjà, un audit avait révélé des «frais de bouche» et une consommation d'alcool particuliè-rement importants, selon la Mairie. Trois membres de l'état-major avaient été suspendus (puis réintégrés), et une dizaine de pompiers s'étaient mis en congé pour les soutenir. Du coup, depuis l'automne, c'est toute la compagnie qui a été désactivée. Mais on voit pas pourquoi on s'énerve pour tout ça. Parce que franchement, des pompiers qui pompent, même un peu trop, ça pose quel problème à qui ?



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