Responsabilité environnementale : encore six jours pour voter "oui"

Démentir les sondages

Il reste six jours, jusqu'à dimanche prochain, pour voter sur (et accepter) l'initiative populaire des Jeunes Verts pour la "responsabilité environnementale". Dans la "Tribune de Genève" de mercredi, l'édito annonce (en faisant mine de s'interroger) une "double peine pour les Jeunes Verts", et dans "Le Matin Dimanche", le redac'chef, sous le titre "du rêve écolo à la réalité", éditorialise sur la "déculottée" prédite à l'initiative par les sondages ("à moins (qu'ils) ne se trompent" -le "ne" étant un solécisme). Faisons donc en sorte que le solécisme du rédac'chef soit finalement un lapsus, et que l'initiative fasse mieux que ce que les éditorialistes tamédiatiques lui prédisent. Et qu'au moins là où nous sévissons, elle soit acceptée. Après tout, selon le même sondage (Tamedia) des 22 et 23 janvier qui ne donne que 32 % des suffrages à l'initiative, 40 % des femmes la soutiendraient...

Après nous, le déluge ?

L'initiative entend intimer à la Confédération la mission de réduire la consommation suisse aux limites planétaires dans un délai de dix ans, dans les domaines qui définissent ces limites : le changement climatique, la biodiversité, la consommation d'eau, l'utilisation du sol, les apports d'azote et de phosphore. Actuellement, la Suisse utilise deux fois et demi ce que l'écosystème est capable de fournir, et a consommé le 27 mai toutes les ressources renouvelables annuellement. Pour ne pas dépasser les limites planétaire, Il faudrait pour la Suisse réduire de 90 % l'impact de la consommation sur les émissions de gaz à effet de serre, de 75 % la perte de la biodiversité et de 50 % les atteintes à l'environnement dues à l'azote. Panique à (tri)bord : pour atteindre ces objectifs, il faudrait prendre des mesures (que l'initiative pourtant ne précise pas) se traduisant par des prescriptions, des interdictions, des incitations qui, nous avertit le Conseil fédéral dans la brochure officielle, "auront des répercussions sur le mode de la vie de la population", réduiront l'offre de produit et de services, notamment dans l'alimentation, le logement, la mobilité, et pousseront les prix à la hausse. Et "les produits destinés au marché suisse devraient être fabriqués dans des conditions plus strictes que ceux destinés au marché étranger", ce qui devrait augmenter les coûts de production et réduire la compétitivité des entreprises. Et comme les réglementations nécessaires à atteindre les objectifs de l'initiative enfreindraient les règles de l'Organisation mondiale du commerce et divers accords commerciaux, porterait "atteinte aux relations commerciales que la Suisse entretient avec des partenaires commerciaux importants". Et tout cela, ensemble, dessinerait quelque chose comme une apocalypse, la fin des haricots, de la prospérité et du confort. Plus de petits week-end en avion à Barcelone ? La cata, on vous dit.

L'économie suisse "consomme beaucoup plus de ressources que ce que la nature est capable de régénérer" rappelle le comité d'initiative, qui proclame que "toute personne a droit à une alimentation saine, à de l'eau potable pure et à un air propre" et que le temps presse pour jeter "les bases d'une économie durable" : "les prochaines années seront déterminantes pour freiner la crise climatique et l'extinction des espèces".  Mais le délai de dix ans fixé par les initiants pour que la Suisse respecte cette limite planétaire "est irréaliste", pontifie l'édito de la "Tribune de Genève. 

C'est vrai que cent ans, ce serait mieux, mille ans, même, tant qu'à faire. Assez longtemps en tout cas pour qu'il soit trop tard et qu'on ait à renoncer à rien avant de mourir de notre belle mort et de laisser les autres, les plus jeunes, se débrouiller avec la crise climatique, l'extinction des espèces, la pollution des sols, des eaux et de l'air. 

Après nous, le déluge.

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