Brèves de comptoir

 Le 9 février, la Suisse votait sur (et contre) l'initiative verte «pour la responsabilité gouvernementale». A Genève, on votait donc aussi sur (et contre, mais moins qu'en Suisse) cette même initiative. Mais comme on ne votait que sur ça, on a moins voté : la participation électorale 36,2%) a été la plus basse pour une votation fédérale depuis 2012, et a été inférieure à celle de l'ensemble de la Suisse (38,1 %), ce qui est assez rare. La faible parti-cipation a été observée tant parmi les hommes (36,7%) que parmi les fem-mes (35,7 %) et dans presque toutes les catégories d'âges : seuls les électeurs les plus âgés ont été plus d'un sur deux à se mobiliser pour ce scrutin (50,2 % pour les 65 ans ou plus), tandis que moins d'un électeur sur quatre a voté parmi les 18-39 ans. Comme depuis 2020, la mobilisation des femmes est plus forte que celle des hommes dans cette dernière catégorie d'âge (23,8% contre 22,4%). Bref, si on a perdu ce vote, c'est parce que celles et ceux qui auraient pu voter comme on le leur recommandait ne sont souvent pas allé voter (la participation dans les arrondissements et communes de droite a été bien plus forte que dans ceux et celles de gauche). Comme disait l'autre, «il y a pire que le bruit des bottes: le silence des pantoufles».

Et là, tout d'un coup, on a un gros coup de nostalgie pré-soixante-huitarde: le Département de la Défense de Viola Amherd ressemble de plus en plus au Département militaire de Paul Chaudet. Suffit de remplacer les «Mirage» par des F-35 et on y est. On résume : Le  Contrôle fédéral des finances (CDF) a publié trois rapports accablants sur l'entreprise publique d'arme-ment RUAG, y'a un trou de plusieurs milliards dans la caisse militaire, le chef de l'armée (Süssli), le chef du service de renseignement (Dussey), le chef de l'armée de terre, le chef des acquisitions d'avions de  combat démissionnent (avec effet dans plusieurs mois, histoire de donner du temps au temps de leur trouver un remplaçant). La Conseillère fédérale aussi, d'ailleurs (c'est la différence avec Chaudet : lui a démissionné après l'éclatement du scandale des «Mirage», elle démis-sionne avant que les scandales éclatent).  Côté avions de combat, il s'avère que l'acquisition des F-35 américains de préférence aux «Rafale» français pourrait coûter 468 millions de plus que prévu du fait de l'augmentation des coûts de production (on a oublié de vous dire que le commandant des forces aériennes a lui aussi démissionné et que la Suisse a acheté. à Israël des drones militaires qui ne fonction-nent pas quand il fait plus froid qu'à Gaza). Et c'est le moment choisi par Thomas Süssli (le chef démis-sionnaire de l'armée, donc) pour annoncer que l'armée suisse pour-rait envoyer 200 soldats en Ukraine dans le cadre d'une éventuelle mission de maintien de la paix à la frontière russe. S'il y a encore une armée suisse et des soldats suisses. Ne serait-ce que pour leur faire maintenir la paix au Département de la Défense. Les socialistes, le Groupe pour une Suisse sans armée (dont l'objectif est donc en train d'être atteint à l'insu de son plein gré) et des Conseillers nationaux Verts réclament une Commission d'enquête sur Ruag (et peut-être le reste du merdier), mais la droite, à quelques individualités près, n'y semble pas prête. En attendant, l'armée vient d'obtenir 530 mil-lions de crédits supplémentaires. Pour en faire quoi? Arroser qui? acheter quoi? Un lourd doute plane. Mieux qu'un drone israélien.

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