Ecole moyenne : Sélection en mai, orientation en septembre

Le 17 mai, les citoyennes et yens ont choisi entre deux textes concernant le Cycle d'Orientation : l'initiative 134 " pour un cycle qui oriente ", émanant du " Réseau école et laïcité " (Reel) et le contre-projet du Grand Conseil, " pour un cycle d'orientation exigeant et formateur pour tous ". Ce choix, éliminatoire a sélectionné le projet qui sera, en septembre, opposé à une deuxième initiative, de gauche, qui demande, s'agissant toujours du Cycle d'Orientation, de " s'organiser contre l'échec scolaire et garantir une formation pour tous les jeunes ". Le vote de Floréal devrait avoir clarifié celui de Vendémiaire : c'est ce dernier qui sera celui du choix final, entre l' " homogénéité " prônée par Reel (les élèves d'un même niveau sont placés dans une même section) et l' " hétérogénéité " proposée par la gauche (une section ou un regroupement rassemble des élèves de niveaux différent). Le contre-projet parlementaire opposé à l'initiative de Reel était soutenu par tous les partis représentés au sein du Grand Conseil, sauf le MCG et, par les syndicats d'enseignants, ainsi que la plupart des associations de parents d'élèves, mais il àtait combattu par l'AVIVO, la Jeunesse socialiste, le Parti du Travail, les Evangéliques et SolidaritéS. Et ce contre-projet a vaincu l'initiative par K.O. Quant aux élèves eux-mêmes, leur avis importe peu. Ou pas du tout. Demande-t-on aux agneaux de choisir leur paturage ?

Homogénéité douce ou dure ?
Le vote du 17 mai sur le Cycle d'Orientation n'a été pour nous qu'un choix tactique entre deux formes d' " homogénéité ", " douce " avec le contre-projet ou " dure " avec l'initiative de Reel, avant que d'opposer en septembre l' " homogénéité " choisie en mai à l' " hétérogénéité " proposée par une deuxième initiative. L'initiative de Réel (que le Conseil d'Etat et le Grand Conseil jugaient " obsolète, compliquée et préjudiciable (à) l'avenir de nos enfants ") disait vouloir en finir avec une " vision pseudo-égalitaire qui a influencé les méthodes, les contenus et la structure du cycle d'orientation ". Elle proposait quatre niveaux d'enseignement en 7ème année, une année de transition pour les élèves " les plus faibles " (ou les plus turbulents ?), une classe relais gardant pendant quatre ans des élèves hors du cursus ordinaire, et une classe atelier soustraite aux exigences scolaires. A la fin de la 7ème, on aurait choisi une filière, dont on ne pouvait changer en cours d'année, entre six filières distinctes et assez cloisonnées. On réintroduisait les notes de comportement, on pratiquait une sélection précoce (" prématurée et rigide ", selon les partisans du contre-projet, qui accusaient les initiants de confondre sélection et orientation), on classifiait les élèves et on instaurait un système difficilement compatible (voire carrément incompatible) avec les processus romand et suisse d'harmonisation scolaire. Le contre-projet parlementaire proposait quant à lui trois regroupements en 7ème année (on y serait affecté en fonction de résultats obtenus en 6ème), puis trois sections en 8ème et 9ème, avec des disciplines communes mais des exigences différentes entre les sections. Des " passerelles " permetteraient de passer d'un regroupement ou d'une section à un ou une autre, et on invente le " redoublement promotionnel ", qui permet à un élève promu dans une section de répéter son année dans une section offrant plus de débouchés. On a dit, le 17 mai, " non " à l'initiative, sans la diaboliser, et " oui " au contre-projet, sans l'encenser. On nettoie la vigne en Floréal, on fera, fort logiquement, les vendanges en vendémiaire, lorsque l'initiative de gauche sera soumise au vote si, capitulant en rase campagne électorale, les initiants ne retirent pas leur texte.

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