Fadeurs

Le désir emplit le silence, et c'est celui de mourir. Faire place nette, ne plus aimer ce qui tenaille et dont on ne peut témoigner.
La colère dissout le désespoir et abolit la douleur, quand on erre d'aimer, animaux en cage ou prisonniers, regards sans rêves d'hommes trop sages, tout faits d'ombre et de nuit et de ciels bornés.
Je puis tenir dans une main tout ce que j'ai fait de mes rêves, et d'un geste abattre ce que j'attends, ce qui me lie, ce que je puis encore fuir et que je ne fuirai pas. Ce jeu est lourd, qui se paie d'un sourire, prix trop haut encore pour tout l'orgueil de toutes nos blessures.
Je suis ce silence obstiné qui fait de la douleur une armure, je suis cette aube étrange qui adoucit l'ivresse d'un songe, je suis ce reflet mauve sur la rive d'un monde mort, je suis ce dernier départ pour l'ombre amère, je suis ce geste rare de tendresse et de colère.
J'aime, me tais, erre et meurt.

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