Le référendum a abouti : Contre la tranchée à 57 millions

Contre la loi ouvrant un crédit complémentaire de 21,8 millions de francs pour la construction d'une tranchée couverte en traversée du village de Vésenaz, sous la route de Thonon, un référendum a été lancé par les Verts, rejoints par les diverses composantes d' " A Gauche Toute ! ", mais lâchés par le PS (qui au Grand Conseil avait pourtant voté contre le crédit). Le référendum a abouti. Vésenaz connaît une surcharge de trafic avec plus de 31'000 véhicule par jour, mais ça n'est pas en enterrant une partie de ce trafic, sur une toute petite partie (500 mètres) de son parcours, qu'on en préservera réellement les riverains. Entre la route d'Hermance et la route de Thonon, entre dic et vingt mille véhicules continueront à circuler en surface. Il y a même fort à parier qu'un aménagement du genre de celui qui est proposé, non seulement ne résoudra pas les problèmes des habitants de Vesenaz, mais renforcera même l'attractivité de la route de Thonon pour amener du trafic automobile dans un centre-ville déjà aussi saturé de bagnoles que Champ-Dollon de détenus.

Petit chantage entre faux amis
Pour 500 mètres de tranchée couverte à Vesenaz et un délestage très partiel du trafic (la route d'Hermance resterait en surface), on se propose de claquer près de 57 millions de francs (dont 22 à la charge du canton). La Confédération a d'ailleurs jugé le rapport coût-efficacité du projet trop mauvais pour qu'elle puisse le subventionner. En pleine période de crise, alors que les ressources des collectivités publiques vont se raréfier sous le double effet de la crise elle-même et des cadeaux fiscaux préélectoraux accordés par la droite (et les Verts), ces collectivités ont autre chose à faire de leur argent qu'offrir un bout du tunnel pour automobiles : renforcer la ligne de bus d'Hermance et prolonger les lignes 2 et 6 afin de permettre aux automobilistes de poser leur bagnole dans des parkings d'échange (à la Pallanterie ou à Anières) avant d'entrer et de se déplacer dans la zone sub-urbaine à pied ou en transports publics. Ou assurer une mise en service la plus rapide possible du CEVA pour permettre aux " pendulaires " français de lâcher leur volant. Ou encore casser physiquement le trafic par un giratoire, afin d'améliorer la sécurité... De cela, les majorités de droite du Grand Conseil et des Conseils municipaux concernés ne veulent pas entendre parler (à Collonge-Bellerive une opposition au projet de " tranchée " existe tout de même, incarnée au Conseil municipal par le groupe " Autrement). Et nos bagnolards d'agiter le bâton, à l'instar des libéraux David Amsler et Pierre Weiss : si vous remettez en cause des aménagements favorables au transport automobile, nous remettrons en cause le soutien aux transports publics, notamment aux trams et au CEVA. C'est ce petit chantage entre faux amis qui a d'ailleurs poussé le PS à abandonner les référendaires. Et donc à abandonner, sinon la conviction, du moins la force de l'exprimer, que tout ce qui peut favoriser l'entrée des bagnoles dans la ville est à combattre, que l'urgence n'est pas de " fluidifier " le trafic automobile mais de le réduire et que dans la " guerre des transports ", tout armistice profite à l'occupant. Or l'occupant, à Genève, c'est la bagnole.

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