Ombres

Ils lèvent haut leurs longues mains suicidées, leurs regards chevauchent nos ivresses. Nos musiques mêmes sont oublieuses et ne chantent plus que le calme. Chevaliers aux armures matelassées de satin, aux séants confortables, réduits à des tournois financiers vous croyez régner et ne faites que suivre ceux qui marchent dans l'ombre que vous fuyez.
Nous avons exilé nos ambitions dans des taillis sertir de potences et pavés d'incendies, nous avons repris nos béquilles de rêves pour cheminer au long d'autoroutes. Nostalgie, nous t'avons tendu les mains dans de sombres et joyeuses déroutes. Nous avons fait don de nos faims et nous sommes parés de nos manques. Nous avons perdu le pouvoir de vouloir, tendre la joue ou tendre la main, recueillir le baiser sec de la pitié en attendant le jour de déchirure, le jour de colère sans meurtrissure.
Faibles sommes-nous qui nous songions purs, enfants casqués d'éternité qui se voulaient libres à jamais, et à jamais refusés.
Il est nôtre, l'homme heureux, seul, tendre, doux et furieux.

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