Ce soir, 18 heures, place de Neuve :

La frontière, on s'en fout !

Trois jours après la publication de la fameuse annonce de l'UDC genevoise invoquant la menace d'une invasion par voie ferroviaire de la " racaille " annemassienne pour inciter à la fois au refus du CEVA et au vote pour l'UDC, la débandade de l'extrême-droite locale est pathétique : c'est à qui feindra le plus hypocritement de découvrir à quel parti il a adhéré. Le Conseiller national et candidat au Conseil d'Etat Yves Nidegger (dont les maigres chances d'être élu sont désormais réduites au néant de l'argumentaire de son parti) se lamente sur la ruine des " huit ans d'efforts " pour que l'UDC devienne un parti respectable, le Conducator du MCG, Eric Stauffer, condamne une publicité encore plus ordurière que la sienne… Mais leurs contorsions rhétoriques et politiques ne peuvent guère tromper : sur le fond, les Nidegger et autres Stauffer, sont d'accord avec le concepteur de cette publicité. Ils ne le désavouent que sur la méthode et le langage. Leur critique n'est qu'une critique d'opportunité, leur reproche celui d'une maladresse : ça n'était pas le moment... Parce qu'il y a des moments pour se vautrer dans la boue, et des moments où il convient de se montrer tout convenable et tout blanc dans son petit costard de candidat bien propre sur lui.


Murailles
Genève est entrée dans l'histoire pour un pont coupé par un Romain. Elle y trouvé sa place comme une République constituée par des pasteurs français. Elle ne restera autre chose qu'une petite ville de province aux marches de l'Helvétie qu'en abolissant la frontière qui la coupe en deux, et en construisant un espace politique démocratique correspondant à son espace social, culturel, urbanistique, environnemental, économique. Cet espace ne sera construit que si se construit, quotidiennement autant que politiquement, la solidarité et l'égalité entre toutes celles et tous ceux qui y habitent, où qu'ils soient nés. Ils sont des nôtres, puisqu'ils sont ici. Et qu'ici, c'est Genève, même quand c'est, aussi, Annemasse, Saint-Julien, Ferney-Voltaire ou Nyon. Mais un siècle et demi après que Genève ait abattu les murailles qui l'étouffaient, des politiciens genevois les reconstruisent. Dans leurs têtes, d'abord. Eh bien, laissons-les à leur maçonnerie intellectuelle ! Qu'ils se les gardent, leurs murailles ! Et qu'ils s'y enferment, eux et leur troupe de décébrés xénophobes, d'aborigènes de Champel terrifiés par le CEVA et de flics verniolans aux cauchemars peuplée de Libellules ! Et qu'ils ne comptent pas nous enfermer avec eux. Parce que nous, " la frontière, on s'en fout ! "… et qu'on ne s'en fout pas seulement pour les frontaliers, mais aussi pour les immigrants, les réfugiés, les Rroms... pas seulement pour celles et ceux dont nous avons besoin pour torcher nos petits vieux, balayer nos rues, conduire nos trams ou réparer nos bagnoles, mais aussi pour celles et ceux qui ont besoin de nous... Nous sommes bien, décidément, de la racaille de gauche. Et nous n'avons pas besoin de CEVA pour nous amener à Genève. Nous y sommes déjà. Et nous y resterons. Pour en ouvrir les portes.

Commentaires

Articles les plus consultés