Faire payer la crise aux chômeurs ?

Ça sent le référendum...

Le Conseil national s'apprête à faire payer la crise de l'emploi aux chômeurs et le plan que va approuver la majorité de droite du parlement est essentiellement un plan de réduction des droits des chômeurs, et en particulier des plus jeunes : réduction de la durée de leurs indemnités chômage s'ils sont sans charge de famille, abaissement du niveau définissant un travail " convenable "… Les jeunes de moins de 25 ans sans charge de famille n'auraient ainsi plus droit qu'à 130 jours d'indemnisation. et ceux de 25 à 29 ans qu'à 260 jours. Les chômeurs de plus de 30 ans n'ayant cotisé au chômage qu'un an n'auraient plus droit qu'à 260 indemnités journalières, les chômeurs de plus de 55 ans ou ayant cotisé entre 12 et 22 mois ou bénéficiant d'une rente AI, n'auraient plus droit qu'à 520 indemnités journalières, et les cantons particulièrement frappés par le chômage ne bénéficieraient bientôt plus d'un régime adapté. La droite libérale-radicale, démochrétienne et UDC, à l'instigation des " milieux économiques " (en clair : les organisations patronales) s'est mise d'accord pour faire un maximum d'économies dans l'assurance-chômage. Sur le dos de qui ? Des chômeurs, évidemment. Tout cela est parfaitement cohérent : la responsabilité de la crise de l'emploi doit être assumée par les victimes de la crise de l'emploi, non par ses responsables.

Responsables, mais pas payeurs
Que l'assurance-chômage soit lourdement déficitaire en période de montée du chômage n'a rien que de très logique : elle est là pour assurer aux chômeuses et chômeurs un revenu compensatoire de celui qu'ils ont perdu en perdant leur travail, et quand le nombre des chômeuses et chômeurs augmente, le volume des prestations de l'assurance-chômage augmente aussi. C'est en période de plein emploi que cette assurance doit être " assainie " économiquement, pas en période de crise de l'emploi. Fin septembre 2009, le taux de chômage est passé en Suisse à 3,9 % de la population active, soit un pour mille de plus en un mois, 50 % de plus en un an. Fin juin 2009, le taux de chômage avait déjà atteint une moyenne suisse de 3,6 % (0,2 % de plus en un mois), avec un maximum à Genève (6,7 %). Le chômage a augmenté dans toutes les branches et on s'attend à un taux moyen national de 5,5 % en 2010, le taux le plus élevé depuis 1936, correspondant à 217'000 chômeurs. De juin à juin, le taux de chômage a atteint 4,9 % en Romandie et au Tessin, contre 3 % en Suisse alémanique. Le chômage des jeunes (moins de 25 ans) a augmenté de 5,3 % en un mois, et de 70,6 % en un an. 56,8 % des chômeurs étaient des Suisses Cette crise de l'emploi est la conséquence directe de la crise financières qui a frappé toute l'économie mondiale, et chaque économie nationale, depuis deux ans. Et la réponse donnée par la majorité politique à la crise de l'emploi est la traduction littérale, et presque immédiate, d'un refus politique de poser la question des responsabilités de la crise, et plus encore d'y donner une réponse qui ait un minimum de sens. Ce sont donc les victimes des crises qui vont les payer, et non les individus, les entreprises et les forces sociales qui en sont responsables, les premiers par incompétence, les secondes par obsession de profit, les dernières pour maintenir leur pouvoir sur la société et ses institutions. Pouvait-on donner plus clair résumé du fonctionnement so
cial d'une économnie capitaliste développée ?


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