Brèves

Avec ses jeux d'hiver à Vancouver, le CIO affirmait vouloir « établir un lien entre le sport et la vie saine ». Et il l'a établi ce lien. Un lien fort : les jeux étaient sponsorisés par MacDonalds et Coca Cola.

La Suisse continue d'exporter le meilleur d'elle-même dans les contrées circonvoisines : après que des listes « antiminarets » aient été déposées dans l'est de la France pour les élections régionales, voilà que le Front National fait campagne dans les Alpes Maritimes avec un pur plagiat de l'affiche concoctée par l'agence « Goal » pour le comité d'initiative autiminarets. Mais curieusement, l'agence en question, et même l'UDC, font mine de s'offusquer de cet emprunt, alors que du côté du Front National, on assure que « Blocher est très apprécié chez nous pour ses idées ». On ne voit d'ailleurs pas pour quelle autre raison il serait apprécié (son look ? son français ? ses goûts picturaux ?). L'agence « Goal » annonce qu'elle va porter plainte et assure qu'elle ne travaillera jamais pour le Front National. Trop tard, c'est fait, à l'insu de votre plein gré... Faut toujours se méfier des étrangers.

La Confédération a dû claquer 40 millions pour gérer le conflit fiscal avec les Etats-Unis, à propos des comptes UBS détenus par des contribuables américains. Mais elle ne réclamera qu'un petit million à l'UBS, pour couvrir les frais de négociations dans la perocédure civile. Les 39 autres millions seront à la charge des caisses fédérales. Les Verts, le PS, le PDC et même l'UDC trouvent « risible » cette demande faite à l'UBS de contribuer pour un million à une assistance dont elle a bénéficié pour 40 millions. Et c'est vrai que c'est « risible ». Mais si on compte bien -et même si on compte mal-, le PS, les Verts, le PDC et l'UDC, ça fait une large majorité aux Chambres fédérales... et elle fait quoi de pas « risible », cette large majorité, pour s'imposer aux banques ?

Not'bon Maire revient d'une visite au Proche-Orient. Appelant au soutien des gens qui se battent pour l'application des Conventions de Genève, Rémy Pagani a signalé que les autorités militaires israàliennes lui avaient interdit d'entrer dans la bande de Gaza. Bof... y'a sûrement à Genève des gens qui rêvent de lui interdire d'entrer dans la bande de Champel.

Voilà que Frère Mouammar se prend pour un imam et lance des fatwas, maintenant : il a appelé jeudi au « djihad » contre la Suisse « mécréante » et «apostate» (« apostate » de quoi au juste ?) et proclamé que « tout musulman partout dans le monde qui traite avec la Suisse est un infidèle et est contre l'islam, contre Mahomet, contre le Coran »... Et contre la police genevoise, aussi... Bah, tant qu'il n'est pas contre le secret bancaire, les hôtels de luxe, les villas à Cologny et les fêtes de Genève... N'empêche, il pourrait de temps en temps changer de cible, Kadhafi, et s'en prendre par exemple à Andorre, ou Saint-Marin, ou Monaco, ou au Liechtenstein, plutôt qu'à la Suisse... tiens, et s'il s'en prenait au Vatican ? C'est quand même avec la Suisse le seul Etat d'Europe à interdire la construction de minarets... Un match Kadhafi-Ratzinger, ça nous changerait des batailles de boules de neige des JO...

Après l'appel du Djihad anti-suisse lancé de Benghazi par le Frère en chef de la défunte révolution libyenne, on s'interroge : comment se porte, et que va devenir, la filiale genevoise du fonds souverain libyen, la « Libya Investment Authority », chargée d'acquérir des biens à l'étranger, et qui, disposant en août dernier de 75 milliards de dollars, avait ouvert en 2007 une filiale à Genève, le Libyan African Portfolio, doté de 8 milliards de dollars pour investir en Afrique. C'est où qu'on cotise, frère Mouammar ?

Forte de 114'000 signatures, l'initiative lancée par l'entrepreneur schaffhousois Thomas Minder, inquiète le patronat et la droite politique : elle demande l'établissement d'un contrôle des rémunérations des dirigeants d'entreprises par les actionnaires de ces entreprises, pour éviter que des gestionnaires totalement irresponsables, dans tous les sens du qualificatif, se mettent des bonus plein les poches en coulant l'entreprise (et en faisant les poches des actionnaires, de préférence les plus petits d'entre eux). La proposition de Minder est suffisamment populaire pour que, en ordre apparemment dispersé, mais peut-être plus savamment organisé qu'il y paraît, le Conseil fédéral, le Conseil des Etats, le PDC et EconomieSuisse se soient mis, les uns après les autres, à allumer des contre-feux, en proposant des contre-projets directs ou indirects moins contraignants que l'initiative, et EconomieSuisse a ravalé la façade de son « code de bonnes pratiques » pour le rendre plus présentable et tenter de faire croire au bon peuple qu'il sert à quelque chose (le code, par le syndicat patronal...) Comme ces barrages politiques paraissaient insuffisants, et que début 2010 l'initiative Minder jouissait d'une cote de sympathie de 75 % dans les sondages, c'est Blocher qui s'y est mis, pour concocter avec le naïf Minder un contre-projet indirect, et obtenir de Minder qu'il retire son initiative si ce contre-projet était accepté par une majorité parlementaire. Las ! Majorité parlementaire il n'y a point, les radelibes et le PDC trouvant que le contre-projet va trop loin dans la même direction que l'initiative, alors que le PS et les Verts dénoncent une manoeuvre politicienne pour empêcher le peuple de se prononcer. Comme si on pouvait en ce moment douter de l'immense popularité et de la vertigineuse cote de confiance dont jouissent les grands dirigeants des grandes entreprises de ce pays...

« Ce qui choque, ce n'est pas de renforcer les droits des bêtes, mais bien d'affaiblir ceux des humains», écrit en éditorial « Le Courrier », à propos de l'initiative pour l'instauration d'un « avocat des animaux »... Disons que cette bonne vieille opposition humaniste entre l'animal humain et les autres animaux n'a guère de sens, scientifiquement parlant, mais qu'elle en a un, et un fort, politiquement et culturellement : nous sommes certes des animaux, mais pas des animaux comme les autres. Lorsque des humains proposent de renforcer la «protection des animaux», c'est en établissant entre les « animaux » une distinction entre ceux qui méritent d'être protégés et ceux dont le sort nous est, au mieux, indifférent. L'initiative pour un avocat des animaux ne le prévoit que pour les animaux vertebrés, et, implicitement, pour certains d'entre eux plus que pour d'autres: pas vraiment pour les rats d'égoût et les pigeons. Et pas du tout pour les animaux non vertebrés. Qui se souciera enfin du calvaire de la mouche agonisant lentement collée au papier tue-mouche, de la mite alimentaire mâle expirant, désespérée, après avoir été sournoisement attirée dans un piège par une pastille distillant des phéromones, des blattes sauvagement gazées dans les canalisations ?

Commentaires

Articles les plus consultés