Les partis de droite furieux contre EconomieSuisse

Domestiques politiques attendent gages patronaux

Les partis bourgeois en ont gros sur la patate, après la déculottée prise lors du vote sur le 2e pilier. Et ils en veulent méchamment à « EconomieSuisse » : l'organisation faîtière du patronat helvétique a en effet totalement pris en main la campagne (ratée) en faveur du projet brutalement refusé par le peuple. Radicaux, démo-chrétiens et udécistes reprochent amèrement au syndicat patronal d'avoir claqué une dizaine de millions de francs pour cette campagne, au lieu que de financer directement les partis de droite, comme ils le faisaient auparavant. C'est vrai que ça doit être dur de devoir mener campagne comme de vulgaires partis de gauche, sans subventions directes du patronat, et de devoir attendre que celui-ci consente à accorder quelque aumône à ses commis politiques, quand ça l'arrange, qu'une campagne doit être menée sur un sujet qui touche des « intérêts économiques » qui ne veulent pas trop se montrer. Pour couronner le tout, EconomieSuisse a eu recours à une agence pour embaucher des jeunes qui ont fait campagne pour elle, sans rien connaître au dossier... « EconomieSuisse ferait mieux de nous donner des moyens plutôt que payer des jeunes qui n'y comprennent rien », pleurniche le président du PDC, Christophe Darbellay. Il ne lui vient pas à l'idée, à Darbellay, que son parti, le parti radical-libéral et l'UDC, pourraient se démerder pour se financer eux-mêmes au lieu que de mendier auprès du patronat ? Ce sont les domestiques que l'on gage...

Denier du culte
L'UBS avait assuré qu'elle cesserait de soutenir financièrement les partis politiques qui lui complaisent, dès lors qu'elle n'a dû sa survie qu'à un soutien public (la Suisse étant le seul Etat à avoir « sauvé » des banques privées sans exiger d'elles la moindre contrepartie), et que verser quelques millions à des politiciens après avoir reçu quelques milliards de l'Etat, ça risquait de ressembler furieusement à un petit arrangement entre amis. Mais apparemment, les annonces de l'UBS valent ce que vaut sa gestion : on sait que la banque avait encore l'intention de subventionner au moins le PDC, mais comme elle refuse de dire qui elle a réellement subventionné, on ne sait pas si l'annonce faite par les radicaux qu'ils refusaient la subvention de l'UBS a réellement été suivie d'effet, ni même si l'UBS a réellement renoncé à subventionner l'UDC. Reste que, mis sous pression par les media et la gauche, le président du PDC, qui avait annoncé qu'il acceptait la manne bancaire, a finalerment annoncé qu'il la refusait, non par principe, mais parce que ce denier du culte du Marché laissait planer comme l'ombre d'un doute sur l'indépendance de son église. Nonobstant quoi, un an plus tard, le même président du PDC se plaint de ce que l'organisation patronale EconomieSuisse ne finance pas les campagnes référendaires des partis bourgeois lorsqu'ils défendent (et ils le font plus souvent qu'à leur tour) les intérêts patronaux. Le reproche de Darbellay ne s'adresses pas seulement aux banques, puisqu'elles ne son pas les seules puissances financières à arroser les partis politiques qui leurs conviennent (pour ne pas écrire : qui les servent) : Il paraît que l'Association suisse d'assurances dispose d'un véritable « droit de veto » sur la désignation des représentants du parti radical à la Commission de la santé et de la sécurité sociale : si le parti désigne quelqu'un dont la tête, et surtout ce qu'elle contient, ne revient pas aux assureurs, ledits assureurs coupent les vivre au parti... étonnez-vous après cela des choix politiques du parti en question s'agissant des assurances sociales en général, et de l'assurance-maladie en particulier. Et demandez-vous au passage à quoi servent vos primes ? A payer des frais médicaux, ou à financer des partis politiques ?

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