« Accord UBS » avec les USA : Le laquais udéciste retrouve sa livrée

Après avoir dit pis que pendre de l' « accord UBS » passé avec les Etats-Unis, en répétant ce que les banques elles-mêmes en disaient, l'UDC a donc finalement décidé de lui apporter son appui, après que les banques aient, finalement, compris qu'il valait mieux en passer par là que se retrouver pendant des années devant les tribunaux américains et risquer un véritable boycott aux USA. Les banques décident, l'UBS retourne sa veste, et son groupe parlementaire dira « oui » à l'accord qui implique la transmission de liste des comptes en banque au fisc étasunien. A peu près seul contre tous (la droite libérale-radicale et le PDC s'étant aligné sur le Conseil fédéral), le PS aura ainsi tenu jusqu'au bout une ligne qui n'avait pourtant rien de gauchiste, et qui, de l'autre côté de l'Atlantique, a été celle du gouvernement américain : on pourra sans grande peine trouver quelque symbole à la coïncidence de la remise au pas de l'UDC en Suisse, et à la victoire de l'administration Obama sur Wall Street aux USA. Il faudrait pourtant une imagination plus débordante que la nôtre pour considérer les Démocrates américains comme des socialistes, et leur président pour un boutefeu gauchiste, En Suisse, c'est bien pour éviter que le Conseil fédéral s'en aille chercher une majorité en acceptant les conditions posées par les socialistes (l'encadrement des banques et la taxation des bonus) que l'UDC a regagné sa niche et repris sa livrée.

Ainsi font, font, font...

« Soyez sûrs que notre position ne changera pas», claironnait encore à la mi-mai le président de l'UDC, Toni Brunner, à propos de son refus de l' « accord UBS ». « Entre la peste et le choléra, il faut bien choisir », lui a répondu l'épidémiologue en chef du parti, Christoph Blocher. Qui a tout fait, et y est parvenu, pour que le groupe parlementaire udéciste choisisse de s'aligner derrière les banques. Le Pithécanthrope na pas précisé laquelle des deux maladies il avait finalement choisi, et si le rognage du secret bancaire relevait de la peste ou du choléra, mais ce choix et la volte-face qu'il implique sur l' « accord UBS » sont clairement dictés par le souci de complaire aux banques et de leur éviter de devoir supporter un minimum (très minimum) de contrôle public, et leurs dirigeants un plafonnement (très haut) de leurs prébendes. La girouette udéciste indique bien d'où souffle le vent : des directions d'UBS et du Crédit Suisse, et de l'association des banquiers privés. Une « lex UBS » sans mesures politiques d'accompagnement est « irresponsable et inacceptable », ont commenté les socialistes, pour qui les droites suisses (radelibes et udécistes) ont clairement fait, si on les compare aux droites étasunienne, française et britannique, la démonstration de leur faiblesse face à leurs sponsors et leurs marionnettistes. « Trop de parlementaires (fédéraux) sont les laquais d'UBS et du Crédit Suisse », résume le président du PSS, Christian Levrat, qui dénonce les « relations incestueuses » des trois partis gouvernementaux de droite avec les deux grandes banques (l'UDC a d'ailleurs « son homme au Conseil d'administration d'UBS », que préside un ancien Conseiller fédéral radical). Certes, mais les palinodies de l'UDC nous rappellent utilement que la fonction politique du populisme n'est pas la défense du peuple, mais la perfection de sa soumission volontaire aux puissants. Et s'il faut lui donner, au peuple, un os à ronger pour qu'il passe sa colère sur autre chose que ce qui la provoque et justifierait amplement qu'elle éclate, on lui trouvera bien une burqa ou un minaret : pendant qu'il déchirera l'une et qu'il aboiera contre l'autre, il ne gènera pas ses maîtres, et il sera toujours temps ensuite de le renvoyer à sa niche.

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