Brèves

On a quelque peu tartiné, ici et ailleurs, sur le raoût organisé à Lausanne et Genève par un gourou créationniste (et d'extrême-droite) turc, l'illustre Harun Yahia. Des camarades ont même manifesté contre cette dangereuse pitrerie, d'autres se sont offerts une bonne rasade de franche rigolade en y assistant... et voilà qu'on trouve dans notre boîte aux lettres une enveloppe à nous envoyée par l'Eglise protestante, pour nous réclamer des sous en tentant de surfer sur la vague écolo, mais avec quel slogan ? « Sauvegarder la Création. Avec vous ». Ah ben la voilà qui revient par la fenêtre après qu'on l'ait vu passer la porte de la conférence de Harun el fada, la Création... avec un « C » majuscule... alors, celle d'Harun Aïeaïeaïe et celle de l'EPG c'est la même, de Création ? Ah non, rien à voir, la nôtre, la calviniste, c'est la vraie, la bonne : « Au même titre que le respect de la dignité humaine ou la solidarité envers les plus faibles, la sauvegarde de la Création est une préoccupation profonde qui unit les chrétiens », poursuit la rédactrice responsable du prospectus, qui continue en affirmant que la science « ne sera sans doute pas en mesure de résoudre les problèmes écologiques (...) si l'Homme ne prend pas conscience de ses responsabilités à l'égard de la Création que Dieu lui a confiée »... Et l'église protestante genevoise d'inviter ses paroisses à célébrer chaque année du 1er septembre au 4 octobre un « temps pour la Création ». Et d'appeller Philippe Roch à la rescousse, pour nous dire que « c'est en revitalisant notre relation spirituelle avec la Création que l'Eglise peut le mieux contribuer à la protection de la nature et de l'environnement ». Et tout ça accompagné d'une circulaire (et d'un bulletin de versement) commençant par ces mots : « Notre création (avec un « c » minuscule, tout à coup...) est un bien précieux. Vous êtes appelés à y jouer un rôle ». Ouais. Inch Allah. Bon, on voudrait pas être paranos, et on veut bien admettre que le créationnisme de l'EPG est plus suave que celui de Harun el fada, mais on se demande si, sans pour autant cesser de dénoncer le créationnisme exotique, on ne devrait pas s'occuper un peu du créationnisme indigène...

La Fondation du Grand Théâtre a besoin de sous. Elle a d'ailleurs constamment besoin de sous, puisqu'elle souffre d'un manque structurel de financement : il lui manque chaque année autour de deux millions de francs pour être sûre de pouvoir équilibrer son budget, même sans faire des conneries dans ses prévisions. Comme pour la saison en cours, elle en a fait, des conneries dans ses prévisions budgétaires, c'est de deux millions et demi dont elle a besoin, la Fondation du Grand Théâtre. Elle pensait pouvoir bénéficier de 870'000 francs que la Ville de Genève avait inscrits sur son budget pour les lui attribuer mais qu'elle n'avait pas dépensés (il s'agissait du coût salarial de postes fixes, restés finalement vacants). Le Conseil administratif (sauf Sandrine Salerno) était d'accord, et a donc demandé au bailli cantonal l'autorisation d'utiliser ce « non-dépensé » pour boucher une partie du trou budgétaire de l'Opéra. Las ! Le Conseil d'Etat a refusé. Motif : ça va à l'encontre des règles comptables. Et donc, le Grand Théâtre va devoir, ou bien se passer de ces 870'000 francs, ou bien puiser dans son fonds de réserve après avoir bouclé la saison sur un déficit, ou bien reporter ce déficit sur la saison suivante (et la plomber), ou bien, enfin, demander au Conseil administratif de proposer au Conseil municipal un crédit extraordinaire pour accorder une rallonge à l'institution. Le problème, c'est que le Conseil administratif, pas sûr du tout de disposer d'une majorité au Conseil municipal pour faire passer cette rallonge (c'est d'ailleurs une nouveauté, puisqu'habituellement, quand le Grand Théâtre demande, la majorité du Conseil raque, tout en promettant que « c'est la dernière fois »...), voulait précisément éviter d'en passer par son parlement. Damned ! c'est raté ! Quoique... la majorité qui se dessinait pour refuser d'accorder une fois de plus au Grand Théâtre une subvention extraordinaire (ou une garantie de déficit, ce qui revient au même quand le déficit est certain), ne se dessinait que dans les déclarations des uns et des autres. Au pied du mur de l'opéra, c'est marrant, les héroïques résistances politiques ont jusqu'à présent eu une curieuse tendance à l'effritement. Surtout à droite, mais pas seulement.

Philippe Grumbach, le président de la commission interparti qui choisit les magistrats du pouvoir judiciaire en triant les candidates et candidats et en s'arrangeant pour éviter une élection populaire, conteste la proposition de la Constituante de dissoudre cette commission parfaitement corporatiste, et de faire élire les juges par le Grand Conseil. « La majorité des magistrats partage notre avis », ajoute Philippe Grumbach. C'est bien la moindre des choses : se répartir les postes en famille, c'est quand même plus confortable que s'en remettre au choix de pouilleux de « laïcs » même pas tous avocats.

La Ligue nationale française de foot professionnel et la Fédération française de foot ayant donné leur accord pour que le club de deuxième ligue Evian-Thonon-Gaillard (ETG) joue dès cet été ses matches au stade de Genève, on attendait avec une impatience non feinte, quoique légèrement rigolarde, les réactions à Piogre. On a pas encore eu la dénonciation par la moitié pardiste de l'UDC de la menace d'une prochaine invasion de la Praille par la racaille de Gaillard, ni celle par le MCG de l'utilisation d'un joyau de l'architecture sportive locale par des profiteurs frontaliers, mais on a eu celle de la fondation du stade, toute contente de pouvoir garnir un peu de son trou béant de quelques supporters, fussent-ils français, celle du Servette FC, qui trouve que c'est pas le moment parce que ça l'empêche de reprendre l'exploitation du stade, voire de le racheter purement et simplement, celles des supporters, qui couinent héroïquement « c'est notre stade, boutons les frouzes hors de notre gazon maudit », et enfin celle des policiers genevois, qui trouvent saumâtre de devoir assurer la sécurité des matches d'un club français et plus de tout ce qu'ils ont déjà à faire, et estiment impossible d'assumer cette charge supplémentaire de travail. Quant à nous, on vous l'a dit et on vous le redit, on est légèrement rigolards.

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