Israël tombe dans un piège à con qu'il s'était lui même tendu...

Piraterie d'Etat (voyou)

Au moins neuf personnes ont été tuées par des commandos israéliens dans l'abordage, dans les eaux internationales, des bateaux d'une flotille battant pavillon turc et transportant, avec 700 militantes et militants de la solidarité avec les Palestiniens (dont plusieurs députés européens), de l'aide humanitaire vers le ghetto de Gaza. Arraisonnés, les bateaux ont été conduits au port israélien d'Ashod. Cet acte de piraterie meurtrière a soulevé une vague d'indignation, parfaitement justifiée, d'autant que le gouvernement israélien n'a rien trouvé de mieux pour se justifier que dénoncer une « provocation » à laquelle il lui aurait été parfaitement loisible, à supposer que « provocation », il y eut, de ne pas céder. Les dirigeants israéliens clament qu'ils sont « tombés dans un piège » ? Ce sont eux-mêmes qui se le sont tendu, ce piège, en imposant à Gaza, depuis trois ans, avec la complicité de l'Egypte, un blocus qui clochardise la population gazaouie, en renforçant l'emprise du Hamas sur cette population.

Quand les clameurs se seront tues

Les pirates d'antan étaient, si l'on en croit leur légende, des libertaires. Les temps changent : les pirates qui ont attaqué la flottille de solidarité avec les Palestiniens de Gaza sont les servants d'un Etat. Et si le concept même d'Etat pirate a quelque chose de paradoxal, du moins en apparence, celui d'« Etat voyou » s'impose, qui qualifie un Etat qui s'affranchit du droit, ou ne reconnaît que celui du plus fort tant que lui-même est le plus fort. « Etat voyou » : l'expression est d'origine américaine -les USA étant assez bien placés pour l'avoir inventée, pusiqu'eux mêmes se sont plus souvent qu'à leur tour comporté de la manière qu'elle décrit. Israël n'est pas le seul Etat voyou au monde mais c'est le seul, sauf erreur ou omission, qui puisse se permettre d'agir comme tel sans que jamais les condamnations que suscitent ses actes soient suivies du moindre effet concret. D'ailleurs, Israël vient d'être admis dans l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), qui a du même coup accepté implicitement l'inclusion de la Cisjordanie et du Golan dans le « périmètre » israélien. Après l'opération de piraterie commise ces jours par les commandos israéliens, plusieurs pays, dont la Suède, l'Espagne, la Turquie et la France ont convoqué l'ambassadeur israélien pour lui demander des «explications» parfaitement superfétatoires. La Grèce a suspendu des manoeuvres aériennes avec Israël et annulé une visite du chef de l'armée de l'air israélienne... L'ONU, l'Union Européenne, les USA, la Suisse exigent une commission d'enquête internationale et indépendante... et ensuite ? « La seule question qui se pose maintenant est de savoir quel prix le gouvernement israélien devra payer pour ce crime », commente le « Monde Diplomatique ». Qui devrait déjà ne se faire aucune illusion sur la réponse à cette question : le gouvernement israélien ne paiera aucun prix pour son acte. Ou peut-être le prix d'une nouvelle résolution des Nations Unies, ou de l'Union Européenne. Les convois maritimes d'aide humanitaire à la Somalie sont escortés par les marines occidentales pour les protéger des pirates. Les convois maritimes d'aide humanitaire à Gaza devront se contenter de déclarations, de résolutions, de vertueuse indignation et de condamnations morales. Quand les clameurs se seront tues, le silence se refera sur la routine du blocus, de la répression, de l'étouffement du ghetto de Gaza. Et de la bonne conscience des gouvernants d'Israël.

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