Fonds de tiroir

« Le Temps » le rapporte : aux Chambres fédérales, lors de la séance consacrée à l'accord UBS, les parlementaires UDC ont reçu un ordre de marche du président du parti, Toni Brunner, et du chef du groupe parlementaire, Caspar Baader : « dans l'intérêt du parti et du groupe UDC, nous vous prions instamment de vous abstenir de manière unie ». « Dans l'intérêt du parti et du groupe », pas dans l'intérêt du pays et du peuple. Et l'ordre était de s'abstenir pour laisser passer l'accord, et le soustraire au référendum, pas de prendre une position politique claire. Que l'UDC résume elle-même son rôle, l'état de son courage et son attitude nous évite au moins d'avoir à le faire à sa place.

Le général Marcel Bigeard est mort. Autant vous dire qu'on prendra pas le deuil. Cette vieille baderne a eu beau calancher, à 94 ans, le 18 juin, septante ans jour pour jour après l'appel à la résistance lancé par De Gaulle, et avoir été saluée par Sarkozy comme une « grande figure de notre communauté nationale », un « ardent patriote » et une incarnation de la « figure héroïque du combattant », on n'oubliera pas qu'il fut en Algérie un exécutant des basses oeuvres du colonialisme et un complice des tortionnaires, et qu'il n'en exprima jamais, à la différence de son chef, le général Massu, le moindre regret. Bon débarras.

Le président du Grand Conseil genevois, le soporifique PDC Guy Mettan, a lu, après qu'une motion du MCG demandant que Hannibal Kadhafi soit déclaré persona non grata à Genève ait été prestement évacuée à huis-clos, une déclaration exprimant à la fois de la sympathie pour les deux otages suisses en Libye, tout récemment libérés, et l'espoir que Genève, qui avait fait arrêter Hannibal Kadhafi pour violences sur ses domestiques, redevienne une destination de visite pour les ressortissants libyens. Et pour leurs domestiques ?

« Le Matin Dimanche » de ce dimanche nous l'apprend : il y avait, outre Max Göldi et Rachid Hamdani, un troisième otage suisse en Libye. Ouais, les otages suisses en Libye, c'est comme les candidats socialistes au Conseil administratif de la Ville : quand on croit qu'on en a dressé la liste complète, on en retrouve toujours au moins un de plus. Mais la comparaison s'arrête là : tous les otages suisses en Libye finiront par être libérés, alors que des candidats socialistes au CA, y'en a un qui va rester coincé pendant quatre ans.

A l''occasion de la Journée mondiale des refugiés, le 20 juin, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a rappelé la situation tragique de 15 millions de personnes qui sont dans l'impossibilité de rentrer dans leur pays, « de retrouver un chez-soi ».Sur ces 15 millions de réfugiés plus des trois quarts se trouvent dans les pays en développement et Ban Ki-moon a observé « une tendance inquiétante : la baisse du nombre de réfugiés qui parviennent à rentrer chez eux ». En 2009, 43,3 millions de personnes étaient déplacées de force, par des conflits et des persécutions, le chiffre le plus élevé depuis le milieu des années 1990. « Pour nombre de réfugiés aujourd'hui, du fait de l'urbanisation galopante, le foyer n'est même plus un camp surpeuplé dirigé par un organisme humanitaire international, mais un abri de fortune dans un bidonville en périphérie d'une grande ville d'un pays en développement », a souligné le Secrétaire général. Le 20 juin, le Jet d'eau de Genève a été illuminé de la couleur bleue des Nations Unies, comme les 30 étages supérieurs l'Empire State Building de New-York et le Colisée de Rome. Le geste est joli, mais il en faudra un peu plus pour que les réfugiés cessent d'être des parias. Même en Suisse.

Commentaires

Articles les plus consultés