Fonds de tiroir

Le Parti socialiste de la Ville de Genève a fixé sa liste paritaire pour l’élection du Conseil municipal, prévue le 13 mars prochain. Trente-trois personnes y figurent, dont les deux têtes de listes, Sandrine Salerno et Sami Kanaan. Jean-Charles Rielle, qui était candidat à la candidature pour le Conseil administratif, et n'a pas été choisi par le parti, est l'un des 33 candidats au Conseil municipal, alors qu’il siège depuis 2007 au Conseil national. Or les statuts de la section Ville du parti interdisent clairement le double mandat, sauf dans un cas très précis : «Il y a incompatibilité entre le mandat au Conseil administratif ou au Conseil municipal et les mandats au Grand Conseil ou aux Chambres fédérales, sauf lorsque le mandat municipal concerné est le dernier autorisé par les présents statuts et que les deux mandats s’exercent à Genève ». Le même article 25 précise qu’il s’agit d’une règle « sans dérogation », s’appliquant «dans un délai maximum de trois mois à dater de la prestation de serment dans le dernier mandat obtenu». On n'est donc pas dans le cas de Manuel Tornare, qui en était à son dernier mandat municipal et qui souhaitait le cumuler avec un mandat cantonal à Genève, et Jean-Charles Rielle ne pourra pas demander « une dérogation de quelques mois, jusqu’à l’élection du Conseil national en octobre », mais devra choisir s'il veut siéger au Conseil municipal ou continuer à siéger, fût-ce pour quelques mois au Conseil national. Bon, d'accord, c'est toujours difficile de choisir, mais c'est un peu ce qu'on attend des politiques, non ?

Bon, ben voilà : au terme d'un suspense assez soutenable, la Bernoise et le Bernois ont été élus. La socialiste remplace un socialiste, le radical remplace un radical, la verte et l'UDC ont fait leurs trois et quatre tours de piste, des socialistes ont voté pour un radical contre la verte, des verts ont voté UDC pour se venger des socialistes, tout le monde est content, sauf les Verts et les femmes sont majoritaires au Conseil fédéral. On nous prie de considérer cela comme un événement historique. Ouais, si on veut. Mais après tout, que les femmes soient majoritaires dans un gouvernement qui mène une politique dont la majorité des victimes sont des femmes, ça a sa logique, non ?

Dans une allocution devant la « Conférence stratégique 2010 » de l'Union postale universelle (UPU) à Nairobi, le patron du Fonds monétaire international (FMI), le socialiste (si, si, puisqu'on vous le dit, il est même candidat putatif à la candidature socialiste à l'élection présidentielle française), Dominique Strauss-Kahn, a déclaré que les services postaux étaient « un bien public » dont l'économie mondiale a besoin. Il a aussi rappelé que le G20 avait reconnu la capacité des postes à fournir des services financiers, notamment à ceux qui ne sont pas desservis par les institutions financières traditionnelles. « Les services financiers postaux encouragent l'épargne, ce qui est une importante source d'investissement dans les pays en développement. Il y a un besoin pour des services, comme les transferts d'argent, qui favorisent l'inclusion financière ». Bon, ben si DSK a un moment, avant les présidentielles françaises, il pourrait peut-être venir en Suisse tenir le même discours aux parlementaires fédéraux et autres décideurs politiques, qui, sous la pression des banques, refusent à la Poste la possibilité de créer une véritable Banque Postale...

La « Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation » (CICAD) trouve que l'affiche de la « jeune gauche » (jeunes socialistes, jeunes Verts et United Blacksheep) contre la révision de la loi sur le chômage rappelle l'imagerie antisémite des années trente, parce que le riche et gras capitaliste en train de se farcir un jeune chômeur est « l'image type du juif qui s'engraisse sur le dos de la société ». Ouais, bon, faut quand même avoir l'esprit un chouïa mal placé. Et surtout, un chouïa hémiplégique, car comme le rappelle Karl Grünberg, on n'a pas entendu la CICAD protester contre l'affiche UDC qui, aux côtés de tous les partis de la droite, appelle à voter « oui » à la révision de la loi sur le chômage en nous montrant l'inévitable étranger abuseur de l'aide sociale se prélassant sur un hamac grâce aux allocations chômage. Il n'avait pas l'air suffisamment « juif » modèle années trente, l'étranger, pour que la CICAD proteste contre l'imagerie udéciste ?

Les socialistes vont présenter aux prochaines municipales plus d'une centaine de militantes et de militants à l'élection des Conseils municipaux, et une bonne dizaine à l'élection des Conseils administratifs. Avant quoi, d'autres socialistes ont proposé à la Constituante de supprimer les Conseils municipaux et de faire coopter les Conseils administratifs, sans élection populaire, par des Conseils de district, les communes étant réduites à l'état d'ersatz. En fait, le Parti socialiste pourrait être parti unique de la République sans attenter en quoi que ce soit au pluralisme politique : on est capables d'être de tous les côtés à la fois. Les socialistes, qui d'autre ? Ben... personne...

Expliquant pourquoi, lors de l'élection du successeur de Merzeli au Conseil fédéral, les socialistes ont choisi le patron bernoir Schneider Ammann plutôt que la magistrate saint-galloise Keller-Sutter, le président du PSS reconnaît qu'« entre cette dernière, obsédée des questions de sécurité, et Schneider-Amman, un passionné du démantèlement social, c'était choisir entre la peste et le choléra », et que c'est donc « sans enthousiasme » que les socialiste ont choisi le choléra patronal plutôt que la peste sécuritaire. Mais pourquoi fallait-il forcément que les socialistes choisissent ? laisser la droite se démerder toute seule entre ses deux obsessions, c'était hors de propos ?

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