Congrès du Parti socialiste suisse : Aussi loin qu'il était possible

Le congrès du PSS est donc allé aussi loin qu'il était possible à ce
parti d'aller, tel qu'il est, aujourd'hui. Pas aussi loin, évidemment,
qu'on aurait pu le souhaiter ici -mais ce serait vraisemblablement aller
trop loin que vouloir transformer sur le champ le PSS en un équivalent
suisse de la FAI espagnole de 1936... En un temps où ni la position, ni
la posture de parti gouvernemental ne sied ni ne sert à un parti
socialiste, le congrès du PSS n'est peut-être pas non plus allé aussi
loin qu'il aurait fallu (il n'a pas claqué la porte du Conseil fédéral),
mais finalement, il est tout de même allé assez loin pour qu'il puisse
encore être fait, politiquement, quelque chose avec le premier parti de
la gauche de ce pays. Quelque chose qui ne se résume pas à « gagner les
élections » fédérales de 2011 (et quelques élections locales avant).
Quelque chose qui ressemble à un projet politique de gauche. Quelque
chose qui ressemble à une alternative au glissement progressif de ce
pays dans la marne udéciste.

Ensemble, à gauche, d'accord -mais pas avec n'importe qui...

On peut bien s'offrir, de temps à autre, si ce n'est pas pour en prendre
l'habitude, l'occasion de se féliciter aussi hautement qu'il est
possible sans abdiquer de son mauvais esprit critique, des décisions
prises par le parti dont, par une obstination coupable, on reste membre
: Ce week-end, le congrès du PS s'est donc souvenu que le PS était un
parti de gauche. Pas assez de gauche, d'accord, mais de gauche quand
même. Merci aux camarades congressistes d'avoir réussi à rappeler au PS
quelques « fondamentaux » socialistes (l'antiracisme,
l'internationalisme, l'antimilitarisme, la justice sociale, le service
public) et de les avoir traduits en quelques décisions emblématiques :
abolition de l'armée, re-nationalisation des CFF, soutien au respect des
normes de l'OIT, double NON à l'initiative et au « contre-projet » sur
le renvoi des « criminels étrangers » (on aurait toutefois pu s'abstenir
de répondre à la question subsidiaire), droit de vote et d'éligibilité à
16 ans, adhésion à l'UE, soutien à l'initiative «1:12» de la Jeunesse
Socialiste (qui a abouti en un an). Tout cela fait du bien par où ça
passe. Et il fallait que cela y passe : soutenir, par exemple, le «
contre-projet » xénophobe du gouvernement et du parlement à l'initiative
xénophobe de l'UDC aurait tenu à la fois de la forfaiture et de
l'imposture. Cela étant, et si réjouissant que cela soit, qu'il puisse «
encore se faire quelque chose avec le PS » n'implique nullement qu'il ne
puisse rien se faire à côté de lui, et sur sa gauche. Au contraire. Au
moment de la reprise du pouvoir par de Gaulle, son chantre exalté (et,
avouons-le, exaltant), André Malraux, avait proclamé : « entre les
communistes et nous, il n'y a rien ». Aujourd'hui, en Suisse, entre
l'UDC et nous (les socialistes), il n'y a plus rien qui vaille -en ce
sens qu'il n'y a rien au « centre », au « centre-droit » ou au «
centre-gauche » qui puisse faire le poids, tant les batraciens de ce
marais semblent tétanisés par les gardiens du troupeau udéciste. Mais
qu'il n'y ait rien qui vaille entre l'UDC et le PSS ne signifie pas
qu'il n'y ait rien que le PSS à gauche : il y a sur notre gauche des
forces dont la présence contribue à nous maintenir à gauche. C'est aussi
parce que le PSS n'est pas toute la gauche de ce pays qu'il s'est tenu,
ce week-end, sur des positions de gauche et n'a pas basculé dans le mol
aplaventrissement centriste qui le menaçait -et qui continuera de le
menacer, si sa propre gauche, et la gauche qui lui est extérieure, n'y
prennent garde.

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